par sagnimorte albert le Lun 5 Déc 2016 - 11:51
Bonjour à tous,
J'espère que je serai dans la bonne rubrique.
Encore une page de souvenirs.
A bord de la "Lave" septembre 1948, région de Canthö.
Nous stationnons régulièrement une semaine durant au croisement du canal Xa No.
Mission : poste flottant en appui de l'armée.
Nous ne dormons pratiquement pas pendant toute cette semaine, harcelés la nuit par des myriades de moustiques, le jour par les Viets qui nous canardent matin, midi et soir, annonçant parfois leur attaque au clairon.
Le soir tombé, eux aussi doivent se défendre contre les moustiques.
Il faut pour se protéger s'habiller comme en pays froid, une serviette enroulée autour de la tête, laissant dépasser le seul bout du nez.
La chaleur ne nous autorise pas à rester plus de dix à quinze minutes ainsi emmitouflés, passé ce délai, nous envoyons tout promener, serviette, vêtements, couverture et offrons notre corps nu en pâture... jusqu'à ce que les piqûres deviennent vraiment trop douloureuses, ce qui nous incite à nous recouvrir promptement jusqu'au prochain étouffement, ainsi de suite jusqu'au petit jour, quand les moustiques rassasiés regagnent leur planque.
Le petit déjeuner n'est pas terminé que s'annonce la première attaque viet.
Dans ces conditions, nous ne restons pas plus d'une semaine sans être relevés.
Nous n'avons pour nous défendre contre ce fléau aucune drogue, aucun onguent, aucun médicament.
L'usage de la moustiquaire est inefficace car, outre la chaleur insupportable, l'action de se faufiler sous la moustiquaire suffit pour y introduire une quantité de moustiques que de toute façon, nous ne pourrions pas déloger :
- 1° parce que le bateau n'a pas l'électricité
- 2° si nous l'avions, nous nous ferions aussitôt "allumer".
J'ai parcouru toute la Cochinchine, dont la plaine des Joncs, le delta tonkinois, la côte d'Annam, j'ai séjourné longtemps au Cambodge.
Partout les moustiques abondent, mais leur densité au mètre cube n'atteindra jamais celle du canal Xa No.
Même les buffles souffrent des piqûres de ces infâmes bestioles.
A bientôt.
A.S