''L'Hermione originale construite en 1779 à Rochefort, était commandée par le jeune Latouche-Tréville, futur vice-amiral, et armée par 315 marins. En mars 1780, elle embarque un prestigieux passager Gilbert Motier, Marquis de La Fayette. Après une traversée de 38 jours, il annonce aux Américains en pleine guerre d'Indépendance l'arrivée imminente de renforts.

Le 18 avril 2015, le Commandant Yann Cariou et ses 80 matelots, dont 56 volontaires, vont refaire le même voyage que leurs aînés.
''Il y a moins de promiscuité qu'à l'époque, mais les conditions de vie sont spartiates'' souligne la déléguée générale de l'association.
Les marins ont été choisis pour leur dynamisme, leur envie et leur bonne volonté.(...)

Après son départ de Rochefort, l'Hermione devrait mettre 27 jours pour effectuer sa traversée. Elle sera de retour à Brest le 10 août.
Voici ses étapes américaines: Yorktown, Alexandria, Annapolis, Baltimore, Philadelphie, New-York de 1er au 4 juillet où elle participera à la Fête Nationale américaine, Greenport, Newport, Boston, Castine,, Halifax et Saint Pierre et Miquelon.''

(Extrait du reportage édité dans Télé Loisirs N° 1520)

A bord de L'Hermione pour traverser l'Atlantique
Le Gâtinais a participé aux essais en mer sur L'Hermione.
800 candidatures pour être de l'aventure
Parmi les 80 personnes à bord de L’Hermione qui va traverser l’Atlantique en avril figure Thomas, un Deux-Sévrien. Impatient de partir.
Heureux qui comme Thomas, un Deux-Sévrien de 37 ans, va avoir la chance d'être de la traversée de l'Atlantique à bord de L'Hermione. L'authentique réplique d'une frégate du XVIIIe devrait quitter Rochefort en mars et les côtes françaises vers le 18 avril pour une incroyable traversée de l'Atlantique, sur les traces de La Fayette, plus de deux siècles auparavant. Entre l'idée un peu folle du projet monumental et sa réalisation, il se sera écoulé une vingtaine d'années.
54 volontaires à bord
Dès qu'il a su que les candidatures étaient ouvertes, Thomas, un Gâtinais de 37 ans, s'est positionné : « Je les ai harcelés au téléphone ». Mais pas moyen d'y couper : il fallait envoyer un dossier. Pas son truc préféré à Thomas, les papiers, mais pour participer à cette épopée unique, il s'y est plié. Comme il se fait un peu violence pour accepter de témoigner sur sa participation au voyage. Le Gâtinais est du genre humble et discret.
Mais au nom de l'aventure et pour la faire partager, il a finalement accepté. Sympa en plus. Sa candidature a vite été retenue parmi les 800 reçues. Après formation et sélections, 200 volontaires sont restés dans la course dont Thomas, seul Deux-Sévrien sélectionné pour le voyage américain (*). Ils se relèveront sur les différentes étapes du parcours, de sorte à être en permanence 54 volontaires à bord parmi les 80 membres d'équipage, avec à leur tête, le capitaine Yann Cariou.
" J'aimerais tout faire "
Tous sont assurés de naviguer au moins trois semaines, certains davantage en guise de fil conducteur entre deux équipes. « Si je pouvais, j'aimerais bien tout faire, j'ai dit que j'étais disponible », sourit le Gâtinais qui a noté dans ses préférences la route retour de l'Atlantique, « parce que j'ai déjà traversé l'Atlantique, mais cette route-là, je ne la connais pas ». La mer, en effet, c'est son élément (lire ci-dessous).
Thomas a déjà pu avoir un avant-goût de L'Hermione lors des essais en mer. Alors, impressions ? « Il faut vraiment être 80 à s'entraider pour faire avancer le bateau », sourit-il, impressionné par la force physique collective à déployer. « Pour la moindre petite action, il faut être quatre-cinq minimum. » Heureusement, « tout le monde a envie d'aller dans le même sens, je n'ai jamais vu la moindre embrouille ». A bord, les sensations sont garanties : « Dessus, on se rend compte du poids du bateau, de sa force. C'est vraiment un bateau à voile, il avance vite ». Tout en haut du grand mât, à une cinquantaine de mètres au-dessus de l'eau, « c'est impressionnant ». L'Hermione, c'est aussi « un bateau qui roule beaucoup ». Comprenez avec beaucoup de va-et-vient d'un côté sur l'autre.
Le marin part en toute confiance. « Cela a été pensé et conçu avec suffisamment de temps, de sérieux et de connaissance. » Pour s'imprégner au mieux de L'Hermione et en connaître les moindres rouages, il va multiplier les journées de volontariat à Rochefort ces derniers mois afin de « sentir » le navire.
" Le bateau craque beaucoup "
L'autre inconnue portera sur la vie en collectivité avec des conditions de vie à bord, certes un peu améliorées (douche, WC, eau chaude…) mais qui gardent un côté spartiate. « On fonctionnera par tiers ». Soit 4 h « sur le pont » et 8 h de récupération potentielle sur 12 h. Conditionnées aux besoins de coup de main ou juste au fait de pouvoir dormir ! Au-delà du roulis, « le bateau vit, il craque beaucoup alors il y a des bruits et on sera une vingtaine par tiers. Il faudra composer avec la chaleur, les odeurs… ». Pas de quoi rebuter le marin, habitué à composer avec les éléments, générant des inconvénients autrement plus impressionnants quand ils sont déchaînés.
nr.niort@nrco.fr
(*) Une autre candidate des Deux-Sèvres doit encore passer les tests à la fin de ce mois de janvier.
repères
" Monter sur un bateau style pirate "
Le Pompairien n'est pas vraiment tombé dans l'eau salée en Gâtine : pas de vague à l'horizon et des parents proches plutôt terriens. D'abord cuisinier, il a effectué son premier voyage en mer sous cette casquette. Jusqu'à y prendre goût et vouloir devenir marin, décrochant son certificat d'initiation nautique à La Rochelle il y a une vingtaine d'années. Toujours par monts et par vaux, Thomas est bien embêté pour donner une adresse fixe sur terre. « Avant, j'étais toute l'année en mer. » Charters, sailing yachts, monocoques, catamarans… Il s'est aussi spécialisé en matelotage, cordiste… Et justement, ce qui l'intéressait dans L'Hermione, au-delà de l'expérience unique, c'était de découvrir un autre type de gréement, à phare carré. « Et de monter sur un bateau style pirate, corsaire ».
Hélène Echasseriau