par Didier Lebègue Dim 13 Aoû 2017, 18:41
Je reviens sur la Préfecture Maritime.
Appelé en mai 72, j'ai été affecté à Cherbourg après mes classes à Hourtin. J'ai déjà passé quelques jours au foyer Chantereyne avant d'être muté à la Préfecture Maritime, bureau Opérations. Je me souviens de l'aubette, en effet à droite en entrant, et du bureau du bidel. Je ne me rappelle plus son nom.
Dans la cour, à droite également, le bar des officiers, à l'époque, le vrai bureau du bidel.
Le préfet maritime était le vice-amiral Clotteau. C'était mes camarades appelés du bureau Opérations et moi qui étions chargés du ménage dans ses locaux. Il paraît qu'il fallait des personnels de confiance !
Très humain et accessible, cet homme. Plusieurs souvenirs à son propos.
Dans son salon de réception, il y avait un assortiment de cigarettes et cigares à la disposition de ses visiteurs, et il nous invitait à nous servir quand on venait passer l'aspirateur.
Un midi, il débarque dans notre réfectoire et demande ce qu'on a à manger. Quand il voit de quoi il s'agit, il trouve que c'est infect et il donne l'ordre de ramener tout à la cuisine (dans l'arsenal, si je me souviens bien) et exige qu'on nous prépare quelque chose de correct. Il va sans dire que, venant du grand chef, nous avons été particulièrement soignés à partir de ce jour là, les cuistots ne voulant pas avoir à se faire remonter les bretelles une deuxième fois !
Dernière anecdote, un jour que j'étais allé dans l'arsenal pour je ne sais quelle raison, je discute avec un autre appelé qui était en train de peindre un local. Il m'apprend qu'il était étudiant en histoire et qu'arrivé au bout de son sursis, il avait été affecté à l'arsenal. Bien sûr, barbouiller des murs à longueur de journée, il avait rêvé mieux. Dès qu'arrive mon tour de faire le ménage dans les locaux de préfet, je me paie le culot de lui parler de cet appelé. Dans la semaine qui suit le camarade en question est affecté aux archives de l'arsenal.
C'est sans doute à son exemple que tous les officiers et sous-officiers de la Préfecture Maritime étaient très corrects avec les appelés comme moi. Notamment, nous étions tacitement dispensés des marques de respect et de subordination telles que garde-à-vous et salut. Ils nous demandaient seulement de le faire en dehors des murs de la PREMAR.
Il n'y en avait qu'un qui nous cassait les pieds pour ça, c'était un officier de l'armée de terre (OLAT, il me semble, Officier de Liaison de l'Armée de Terre), lui très à cheval sur ces marques de subordination. Un truc qui l'agaçait au plus haut point, c'était qu'en bon "marins", nous lui donnions du "commandant" au lieu du "mon commandant" des biffins: "Oui, commandant, merci commandant, très bien, commandant". Il avait beau menacer de nous faire sanctionner, nous savions qu'au pire nous risquions un léger rappel à l'ordre de notre hiérarchie qui ne l'aimait pas beaucoup non plus. Quand on est tout en bas de la coupée, on n'a que ces petits plaisirs un peu mesquins pour se venger de ceux qui sont tout en haut.