Début des années 60, Le Boulonnais est en visite officielle devant un port allemand dont j'ai oublié le nom mais qui doit abriter une académie navale car le protocole est soigné :
- canon de salut, pavillons hauts, y compris celui de la Bundesmarine qui nous reçoit...
Problème : nous n'avons pas de pavillon de la Bundesmarine à bord !
Un timonier a été prié d'en bricoler un à partir d'un drapeau allemand, du fil, une aiguille et 3 feutres de couleur noir, jaune et rouge.
Le résultat n'est pas super terrible mais n'est pas ridicule non plus... de toutes façons, on n'a pas mieux en magasin !
Approchant de terre, une vedette vient à notre rencontre en émettant des signaux optiques Scott.
Le pacha demande au timonier de passerelle de traduire et de répondre mais visiblement le bougre ne joue pas dans la même division que le manipulateur d'en face.
Après plusieurs sollicitations de répétition du message à cadence moins rapide, le message est déchiffré : "Attaché naval à bord"... mais l'embarcation est pratiquement à couple.
Salut militaire, poignée de mains, le délégué est reçu en passerelle avec la déférence qui sied au personnage.
Tout sourire, le pacha darde tout de même un œil funeste sur le timonier qui essaye se faire le plus petit possible.
Transfert d'un vrai pavillon de la Bundesmarine vite capelé sur une drisse à la place du moche et l'on peut se rapprocher fièrement de l'endroit où commence la canonnade...
Plus tard, revenu à notre poste d'amarrage, on a vu longtemps les timoniers sur le quai, papier et crayon en mains s'exercer au déchiffrement des messages que leur patron diffusait en Scott depuis la passerelle.
La pratique... y'a que ça de vrai !