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    Message par jean-claude BAUD Mer 25 Juin 2008 - 21:42

    André, j'ai les coordonnées de Mr Bracon Antoine, il a un studio photo...



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    "Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
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    Message par † CYBAL Jacques Jeu 26 Juin 2008 - 17:19

    Salut à tous
    J'aimerais, avant que le stock de photos ne s'épuise, vous montrer deux
    clichés du lagon....La première photo est prise au niveau du village, l'alimentation
    en eau de l'océan étant quasi-inexistante à cet endroit, l'eau du lagon commençait
    à croupir avec prolifération de petits bénitiers...par forte chaleur, elle sentait...
    La deuxième, et vous excuserez la qualité, est prise à naké ou gaké, c'est à dire
    à l'opposé du village, et l'alimentation étant constante en eau propre, le paysage
    est différend : lagon bleu turquoise, coraux et poissons, bref la carte postale.
    Nana
    Jacques

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    Message par † PILON Jeu 26 Juin 2008 - 19:17

    Excellentes observations, Jacques, au sujet des différentes qualités des bords du lagon.

    Or, il se trouve que j'avais bien remarqué cela et que je m'étais creusé la tête à ce sujet.

    Explication au sujet de ce phénomène : bord du lagon magnifique à Gake, bord du lagon pe ( pe, veut dire : pourri) auprès du village.
    Je m’étais intéréssé à la question lorsque j’étais en poste à Reao ;
    Voici mon explication à ce phénomène que tu as bien observé.
    A Reao, le sommet de cette montagne sous-marine est une dalle qui supporte ce qu’il peut y avoir de sol planté, de cailloutis, de motu ; elle est à peu près horizontale d’un bout à l’autre et ne dépasse pas plus de 80 CM au-dessus de l’océan. La marée est faible (80 cm environ) et la recouvre à son maximum, côté océan.
    Côté lagon, vers le village, la bande sol ne s’est pas étendue jusqu’au plan d’eau sur cette dalle, elle reste donc apparente et plus ou moins à nu, boueuse, sale et sentant parfois mauvais.
    Par contre côté Gake, où les vents et la mer sont toujours plus violents, de par l’exposition à la mer plein sud, le sol s’est formé jusqu’en bordure de lagon, le récif à nu, se trouve côté océan, secteur sud-est à sud.
    On sait que les vents dominants à Reao sont de nord-est à sud-est avec une prédilection pour l’axe du lagon, ce qui fait que toutes les particules en suspension, les boues ou autres animalcules viennent se déposer sur la dalle, côté village, formant ces coins boueux ; le plancton qui peut se trouver en suspension dans ces eaux pourrissant sur les lieux par la suite. Les petits bénitiers (pahua), les petits pipi, apportés en tant que larves par le vent d'est, peuvent proliférer dans cette pourriture boueuse mais n’ont aucun avenir.

    Ce qui fait que du côté village la plage n’est pas engageante, elle est sale et parfois puante, et puis le bord du lagon est tapissé de bancs de bénitiers morts, résultat du travail de l’ouverture de ces coquilles pour la nourriture des hommes et des animaux depuis des générations. Ce n’est pas là qu’on prendra des photos pour les dépliants touristiques.
    Par contre à Gake, quelle belle plage ! formée par des bancs de sable et des pikuku. Quand le vent souffle d’est, elle est totalement abritée par le rideau de cocotiers, pas une ride n’affecte l’eau qui est d’un bleu des plus transparent
    Voilà le paysage idéal pour faire rêver le touriste potentiel : les photos de la plage de Nake.

    Mais qui a vu cette plage de Gake par mauvais temps ? avec trente nœuds de vent soufflant d’ouest nord-ouest, le vent exerçant sa puissance sur 22 km, les vagues atteignent 2,5 mètres.
    Souvenez vous, ceux qui ont fait Mangareva, l’état des baies de Taku, Gahutu et Akaputu par mauvais temps avec vent de nord-ouest à nord-est, à Gake de Reao : c’était pire.

    André Pilon

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    Message par † CYBAL Jacques Ven 27 Juin 2008 - 16:30

    Salut à tous
    Merci André pour les précisions sur "la mort annoncé d'un lagon" (enfin c'est
    que prétendaient quelques autorités "compétentes" du coin...), il est vrai que
    l'approvisionnement en eau de mer d'une partie du lagon posait problème...
    Une anecdote en deux lignes...En 81-82, nous avions quelques cochons, comme
    je vous l'ai dit "plus haut". Aussi, presque tous les quinze jours, c'était le cochon
    au "four tahitien". Le problème (si), c'est que la cuisson se faisait à une dizaine
    de mètres de ma chambrée. Je peux vous certifier qu'au bout d'un temps, même
    le dentifrice sentait la cochonnaille, et que j'ai dû bagarrer pour que l'on déplaçât
    la cuisson..... (il y a un peu plus que deux lignes...).
    Nana
    Jacques

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    Message par † MARECHAL Ven 27 Juin 2008 - 22:09

    Bonsoir Jacques - Et ben mon cochon !!!... Je ne sais pas si tu as vu, sur ce même poste j'ai mis, il y a quelques temps, des photos d'un "baptême" de l'air à un cochon suspendu sous des ballons (André en était!). Certains m'ont menacé de me dénoncer à une certaine... BB !. Je te dis pas ce que toi tu risque de nous montrer un cochon en train de rôtir... - @+ - Laurent

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    Message par jean-claude BAUD Ven 27 Juin 2008 - 22:31

    Laurent, heureusement que ce n'est pas un chien... :)



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    Message par † PILON Ven 27 Juin 2008 - 22:36

    Les kai tia (Les mangeurs de savates)

    Bien entendu, nous savons tous que les pomotu marchaient les pieds nus avant que les popaa leur apprennent à mettre des chaussures ; et s’il y a des choses dont ils se moquent toujours comme de l’an quarante c’est bien cet article vestimentaire : la chaussure.
    Pour marcher facilement les pieds nus, il suffit d’en avoir un peu l’habitude, la peau génère de la corne et c’est parfait. Mais sur un atoll, parfois il est difficile de marcher sur le corail mort qui peut blesser cruellement, aussi, jadis les pomotu installaient des chemins de pierre plate ; ceux qui sont observateurs les ont bien remarqués ; ces sentiers sont encore présents et en usage. En fait, ils portent si besoin est, les samara, dites aussi tongs, des trucs les plus légers possibles ; ou bien pour aller à la pêche nocturne sur le récif, des sandales en matières plastique. Le jour que vous quitterez l’atoll pour rallier Papeete, votre ami pomotu sera le plus heureux si vous lui abandonnez votre paire de pataugas, pour participer à cette pêche précisément.
    Dans le passé, les habitants des atolls pouvaient se « chausser » d’une dure peau de poisson, un genre de poisson coffre au ventre plat. Cette espèce de couenne était très solide et leur apportait une certaine protection dans les passages difficiles.
    Or, un jour, un habitant de Tatakoto, un atoll pas très loin de Reao, situé dans le nord ouest, passant par ici, invité pour un kai kai (repas) en son honneur, se rendit compte que nos Reao mangeaient cette peau de poisson qui, chez lui, remplissait bien le rôle de chaussures. Apparemment, notre atoll, isolé dans l’est, n’avait pas encore inventé ou découvert la possibilité de se protéger ainsi les pieds.
    Ayant pourtant été bien accueilli, ce mauvais garçon, une fois arrivé chez lui, se mit à « bardaucher » à médire sur le dos des Reao, en mettant l’accent sur les mots : Kai tia, ce sont des mangeurs de savates.
    L’étiquette était encore accrochée au dos des Reao en 1967, je ne sais pas ce qu’il en est maintenant.
    Mais les Reao se vengeaient en leur disant : vous, vous êtes des kai perepitero !

    Pour ceux qui ont compris ce dernier mot, je ne crois pas que cela soit vrai ; sachant que les missionnaires ont évangélisé l’est des Tuamotu à partir de 1850, cela se saurait, au même titre que l’affaire des cannibales de Tematangi qui mangèrent l’équipage et les passagers de la « Sarah-Ann » en 1856.

    André Pilon


    Dernière édition par PILON le Sam 28 Juin 2008 - 18:28, édité 2 fois

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    Message par † CYBAL Jacques Sam 28 Juin 2008 - 11:20

    Salut André
    La chose qui m'avait quelque peu surprise à mon arrivée à Papeete en 81,
    c'est, lorsque j'avais annoncé à des amis tahitiens que le poste où j'étais affecté
    était Réao, de m'entendre dire " tu vas chez les mangeurs de savates ", et
    aujourd'hui par ton explication, j'en comprends la raison....
    Nana
    Jacques

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    Message par † PILON Mar 1 Juil 2008 - 17:16

    Bonjour

    Les cannibales de Tematagi

    A la suite de mon dernier post ci-dessus où je parlais de la Goélette Sarah Ann,
    je vais vous relater cette affaire qui fut un acte de cannibalisme collectif commis par les habitants de Tematagi. C'était des Pomotu restant encore en marge du protectorat établi en 1842.
    (Je me documente dans le mémorial Polynésien, Tome 2.)

    De la goélette Sarah Ann donc, qui quitta Valparaiso pour Tahiti au mois de mars 1856, on n’entendit plus jamais parler. A cette époque, à partir de Tahiti, il y a de nombreuses liaisons avec l’Amérique du Sud et peut-être autant qu’avec l’Amérique du Nord, du côté de San Francisco et de Monterrey ; le trafic par le Cap Horn est toujours important, le chemin de fer à travers l’Amérique du Nord n’est pas terminé.

    En route vers Tahiti, le voilier fit escale à Mangareva où il se trouvait le 21 avril 1856, et puis, par la suite, il ne laisse aucune trace, il n’arriva jamais à Papeete où l’on juge qu’il est probablement perdu corps et biens. On attendait la Sarah-Ann à Tahiti car un navire militaire l’avait rencontrée à Mangareva et avait même apporté son courrier afin qu’il prit de l’avance.

    Il y avait 17 personnes à bord : le capitaine, sa femme, leur enfant de 22 mois et une servante tahitienne ; l’équipage se composait de 10 membres, et 3 personnes dont deux enfants, avaient pris passage.
    On n’entendit plus parler d’elle jusqu’au mois de juin 1857, tout le monde pensait qu’elle avait dû sombrer dans une tempête. Or, à cette époque, la Julia, goélette du protectorat, rallie Tahiti avec d’inquiétantes nouvelles. En effet, on a vu les restes d’un navire échoué sur Tematangi et les indigènes de cet atoll qui, sur le rivage, armés de lances, le suivaient, avaient des habits européens sur le dos.
    Le Milan, un aviso, fut dépêché rapidement afin de procéder aux recherches.
    L’enseigne Xavier Caillet, qui fut chargé de l’expédition à terre avec des matelots dont des interprètes, rédigea un rapport.
    Sitôt à terre avec sa petite troupe armée, il se rend compte que des actes de cannibalisme ont eu lieu dans cette île. Du 10 au 12 juin, ses hommes fouillent l’atoll, ils découvrent un canot européen, des barriques, des coffres de matelots, des outils de charpentier, et bien d’autres objets, tout ce qui peut se trouver à bord d’un navire. Parmi tous ces objets, ils découvrent des traces indiquant que les naufragés ont séjourné un certain temps avant d’être massacrés. Mais ils ne rencontrent aucun des habitants. La mission rentre bredouille à Papeete.
    Une autre mission, non militaire, est organisée ; commandée par Teina, le chef de l’atoll Anaa ; elle se lance à la recherche de survivants possibles et des assassins.
    Ceux-ci sont cachés, il faut les découvrir. Il sont cachés dans des cabités aménagées en forme de cavernes refuges, dans les cailloutis du sol. Ils les découvrent lorsque l’un d’eux fait un faut mouvement qui crée bruyamment un éboulis de pierraille.
    Dans ce trou, se trouvent seize personnes dont quatre enfants et de nombreuses traces de leur forfait cannibale
    On découvrit encore, et le pharmacien Gilbert Cuzent écrit : « des débris d’ossements humains, une chevelure blonde qu’on suppose avoir appartenu à la femme du capitaine, une moitié d’enfant desséchée au soleil et plantée au sommet d’un bâton pour servir de fétiche, des dents et des phalanges furent retrouvées dans l’île. Les crânes avaient été taillés triangulairement pour extraire le cerveau beaucoup de ces débris et la chevelure bonde furent emportés à Tahiti. La Julia mouilla sur la rade de Papeete, n’ayant plut à bord que treize prisonniers, trois étant morts dans la traversée, mais rapportant la triste certitude de désastre de la Sarah-Ann.
    A Papeete, dès qu’on apprend la fin tragique de l’équipage et des passagers de la Sarah Ann, l’indignation est d’abord générale ; mais à la vue des anthropophages qui, enchaînés, débarquent de la Julia, la pitié remplace la colère. Les malheureux sont en effet dans un état de santé déplorable et deux d’entre eux meurent quelques jours après leur arrivée. Les autres ont les cheveux longs où fourmille la vermine, et la peau sèche couverte d’énormes collections purulentes ». Le gouvernement local comprendra bien que ces pauvres gens ne peuvent être considérés comme responsables de leurs crimes et ils ne seront pas condamnés à mort. »
    « C’est là un acte de haute humanité », conclut Cuzent, « qui honore le protectorat de la France. »

    André Pilon


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    Message par † PILON Mar 1 Juil 2008 - 17:54

    Voir dans l’eau comme dans l’air

    Avant que les Polynésiens ne connaissent les lunettes de plongée, comment faisaient-ils donc pour voir dans l’eau ? Rien à faire, on a beau ouvrir les yeux, tout l’environnement est trouble et la vue ne porte pas loin. Il faut qu’une proie soit bien grosse pour la distinguer parmi les roches, parmi les coraux, et pour la transpercer avec le patia (la lance).
    Quelqu’un un jour m’a dit : l’œil humain s’habitue à la vision aquatique ; je n’en crois rien. Et puis les descendants de ces personnes-là auront acquis cette vision aquatique par hérédité ; je n’en crois rien non plus, on demande des preuves.
    Une jeune fille de Reao m’a expliqué comment opéraient jadis ses ancêtres, elle l’a fait devant moi en plongée, elle me l’a fait faire. Et ça marche.
    Placez une visière sur votre front, immergez-vous en position horizontale, je dis bien : horizontale. Faites sortir une partie de l’air de vos poumons, celui-ci va venir se placer au niveau de vos yeux et prendre la place de l’eau qui se trouve devant vos globes oculaires. LA VISION DEVIENT PARFAITE.
    Vous voyez parfaitement pour harponner un poisson.
    Les polynésiens anciens étaient des artistes en la matière, ils sortaient de leurs bouches juste l’air nécessaire pour aérer leurs globes oculaires ; comme ils demeuraient plusieurs minutes en plongée, s’ils perdaient ces gouttes d’air dans le feu de l’action, ils pouvaient recommencer l’aération de leurs yeux et repartir en chasse.
    Seule condition, ne pas essayer de regarder vers le haut, car c’est fichu.

    Maintenant, je vous indique comment réaliser l’expérience chez vous :

    Emplissez votre lavabo d’eau.
    Placez une visière parfaitement étanche sur votre front.
    Plongez la tête dans l’eau.
    Faites sortir l’air.
    Nota : mettez un objet au fond du lavabo, afin de contrôler votre vision.

    Et c’est ainsi que l’on devient kaina.

    André Pilon

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    Message par † PILON Sam 5 Juil 2008 - 22:04

    La goélette Aranui

    Spoiler:

    André Pilon
    La goélette Aranui devant l'atoll Reao en 1967
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    Dernière édition par PILON le Sam 5 Juil 2008 - 23:26, édité 1 fois

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    Message par jean-claude BAUD Sam 5 Juil 2008 - 22:32

    Des "Figures"ces baleiniers !! Ils auraient été pris dans un casting pour film de pirates..
    À deux ils soulevaient des fûts de 200l de gasole ou d'eau douce..



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    Message par † PILON Sam 5 Juil 2008 - 23:25

    Bonsoir JC

    Bien reçu ton MP
    Je ne suis pas au courant de tous les écrits pour comprendre l’affaire.

    Oui les baleiniers étaient des gens costauds, mais il n’y a pas qu’eux. j’ai une photo d’un porteur de sacs de coprah, quand tu sais qu’il y a dans un sac plein 60 à 70 kilos de coprah, c’est dire qu’il a environ 200 kg sur le dos. Je vais la passer un de ces jours cette photo, à suivre l’Aranui ; après son arrivée à Reao, on verra l’embarquement du coprah à bord.

    Bonne nuit

    André Pilon

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    Message par † PILON Dim 6 Juil 2008 - 11:58

    Bonjour à tous et bon dimanche

    pour Jean-Claude Baud

    Peux-tu nous indiquer combien pesait la roulotte du Radar Cotal ?
    On ne l'a pas débarquée, ni à Tureia ni à Reao, car il aurait fallu des moyens lourds ?
    Le LST Chéliff qui les débarqua à Rapa, à Taku et à Mururoa ne pouvant pas beacher sur ces atolls fermés.

    Merci d'avance

    A Pilon

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    Message par † CYBAL Jacques Dim 6 Juil 2008 - 12:41

    Salut à tous
    Beau récit André, et ça rapelle beaucoup de souvenirs...
    Début janvier 82, je rentrais de perm à Papeete...La mer étant forte (4 à 5 m), on
    décidât de débarquer les hommes et le matériel sur le platier devant la rampe, à gauche
    de la station. La première baleinière au lieu d'embarquer que les hommes (moi, le nouveau
    taoté, et quelques touristes...), prit en charge également un petit groupe électro...La
    charge était lourde, les vagues trop grosses, aussi lorsque le baleinier prit la "vague" pour
    nous beatcher, il était légèrement en retard sur celle-ci...La baleinière s'est posée sur
    le récif, a tourné légèrement juste pour recevoir la nouvelle vague qui arrivait. Et plouf, tout
    le monde à l'eau, et je te roule sur le corail...Etant juste sur le "tombant", nous fûmes entrainés
    vers le large , et, heureusement la deuxième baleinière pût nous récupérer dans état
    lamentable et quelque peu ensanglanté...C'est là aussi que j'ai pu mesurer toute l'importance
    d'un gilet de sauvetage...
    Ci joint le dernier regard sur Réao, depuis la baleinière qui me ramenait sur le Blavet, et la
    France...
    Nana
    Jacques

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    Message par † PILON Dim 6 Juil 2008 - 18:41

    Débarcadère à Reao


    Les mêmes situations amènent toujours la prise de photographies à peu près identiques, surtout dans un petit pays comme Reao, pourrait-on dire.
    Voici une embarcation de l’Aranui, en 1967, qui, venant du large, se prépare à franchir le récif. Je suis à bord de la baleinière, je suis allé sur la goélette faire quelques achats.
    La première photo est donc la même que celle que tu viens de poster, Jacques, le hangar collectif à coprah est le plus grand des bâtiments et bien visible ; il est ouvert, car comme la goélette est là, les sacs de coprah entreposés on été sortis pour embarquement.

    La seconde photo : l’embarcation n’est qu’à quelques mètres du récif, elle n’est pas devant le point de débarquement qui se trouve une vingtaine de mètres sur la droite, presque devant l’avenue principale dont nous sommes au débouché Ouest ; le barreur exécute je ne sais plus quelle manœuvre.
    On voit à terre, sur le sable, plein de matériel et de marchandises qui ont été débarqués devant le hangar. Du bois de construction pour faré qui vont se monter à Reao, grâce à l’argent gagné au CEP principalement, et qui vont remplacer les farés presque centenaire de construction missionnaire.
    On voit également, tout prêt pour le départ, deux groupes de sacs de coprah, l’un sur le sable du rivage, l’autre à toucher le hangar à droite.
    Accoté au hangar, à gauche, la citerne qui permet de récupérer l’eau de pluie sur les tôles de sa toiture de surface déjà importante, ainsi que celle qui tombe sur cette citerne. Des fût noirs qui contiennent de l’engrais à répandre pour l’amendement des cocotiers. La journée de la goélette est une journée de jeu pour les enfants, on en voit un groupe, à gauche, au bord de l’eau.

    C’est aussi un jour de grande activité pour cet atoll et sans perdre une minute car l’Aranui est pressée.
    De nos jours, quand on observe Reao avec Google earth, du haut du satellite, on observe que le hangar à coprah de jadis, ainsi que sa citerne attenante ont été démolis, seuls demeurent les deux soubassements.
    le bleu profond devant Reao est toujours présent.
    André Pilon

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    Dernière édition par PILON le Ven 11 Juil 2008 - 9:19, édité 1 fois

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    Message par MONNET William Dim 6 Juil 2008 - 22:17

    Bonjour André,

    Super récit, je n'ai utilisé la baleinière de récif sur REAO qu'une fois en 65, l'arrivée pour mon premier séjour,après mes mouvements se sont effectués par catalina, je crois que j'ai fait le trajet avec la DIVE et est ce que c'était un peu le bizutage du néophyte mais personne ne t'expliquait comment fonctionnait un trajet en baleinière,si bien que je me rappelle ma tenue:short,chemisette,bonnet,bas et chaussures,devine le résultat à l'arrivée :mouillé jusqu'à la taille ,le bonnet à "dreuze "et beaucoup de sourires des spectateurs.

    Petite précision concernant le radar cotal de RAPA (celui du village)il n'y avait pas de schelter il a été reconstitué dans un bâtiment spécifique,le premier DET à l'inaugurer était le Maitre Lombard.

    @+ William

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    Message par jean-claude BAUD Dim 6 Juil 2008 - 22:49

    André , je ne me rappelle plus le poids d'une roulotte Cotal, mais cela doit bien touner autour de 8 à 10 tonnes.. À Taku c'est un gros bull qui a tiré la bête au col et il y en avait un autre derrière au cas où...
    Peut-être que Jean Krausse saura nous en dire plus...



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    Message par † PILON Lun 7 Juil 2008 - 9:46

    Oui William, en effet, j'ai fait une erreur en indiquant dans mon post du 6 juillet à 1158, que le radar avait débarqué par LST à Rapa, en effet il a été débarqué par tiroir et installé en baraque avec l'antenne sur une tour, au bord de la baie, comme à Reao et à Tureia

    Il avait donc un opérateur radar nommé Lombard, et celui-ci serait devenu le célèbre avocat ? Je n'en avais jamais entendu parler.

    André Pilon

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    Message par MONNET William Lun 7 Juil 2008 - 21:13

    Bonjour André,

    :cheers: Bravo bien placé le coup de Maitre Lombard.
    Celui de Rapa était originaire de Normandie.(si mes souvenirs sont bons)

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    Message par † PILON Mar 8 Juil 2008 - 22:17

    La perte de l’Aranui
    .

    Je reviens sur mon petit post du 5 juillet où je vous ai mis la photo de l’Aranui, goélette à coprah de la maison Wing man Hing, et pour laquelle j’avais omis de vous nommer le nom du mécanicien : il s’apellait : Manu (un surnom peut-être), le capitaine était, je l’ai nommé : Ah Siou.
    Le jour où j’ai pris cette photo, comme j’étais chef de poste, je les avais invités tous deux à déjeuner à la météo. De la même façon que j’inviterai, un jour, quelques semaines plus tard, le père Victor.
    Par la suite je suis allé à bord, passer pour divers achats au magasin du subrécargue et faire une visite du bâtiment, sur leur invitation.
    Ce bateau était tout en bois, il y avait vraiment un minimum de métal à bord. Ah ! on y était un peu à l’étroit, les passagers étaient autant des gens que des cochons, des chiens, des régimes de bananes, des ananas, c'était un capharnaum, il y avait de tout. On ne pouvait pas mettre les pieds sur le pont, il fallait marcher sur les fûts à essence ou à gas-oil qui prenaient tout l’espace disponible. Un câble était tendu au-dessus du plat bord afin que personne ne tombât à la mer.
    Manu, le chef machine, me fit visiter son domaine. C’était deux moteurs diesels pas trop volumineux, mais d’une propreté exemplaire ! l’Aranui avait donc deux hélices. Il fallait bien cela pour raser les récifs sans danger, et aussi afin de limiter le temps de transfert de ses baleinières de la côte au long de son bord.
    Les personnel de la météo qui aura pris passage sur les goélettes à coprah au tout début du CEP pourra nous décrire l’ambiance à bord pendant les traversées ; une expérience unique et que l’on retrouve en lisant l’ouvrage d’Albert T’serstevens : Tahiti et sa couronne.
    Nous étions en 1967, L’Aranui (la grand-route) avait encore quelques années à faire dans sa navigation et son transport interinsulaire, mais son temps était malgré tout compté.
    Ayant, un beau jour de 1979, un soir au coucher du soleil, quitté l’atoll de Tenararo pour se rendre à Marutea Sud, dans la nuit, lors d’un brusque changement de vent, malgré ses deux diesels, elle se mit au sec sur Marutea. L’Aranui fut perdu.
    Il y avait à bord, ce jour-là, l’évêque de Tahiti, Mgr Michel Coppenrath qui visitait les plantations de ces atolls de l’Est qu’avaient effectuées les Reao et les Puka Rua sous la direction du Père Victor.
    L’Aranui avait bourlingué dans les Tuamotu pendant 19 ans.


    André Pilon

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    Message par Gérard Duffond Mar 8 Juil 2008 - 22:27

    André, lorsque j'étais sur les atolls et à chaque passage d'une goellette, j'entendais parler du SUBRECARGUE mais je n'ai jamais osé demander de qui il s'agissais. Peux tu m'en dire un peu plus. Merci

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    Message par † PILON Mar 8 Juil 2008 - 22:48

    Salut Gérard, bien content de t’avoir en ligne.


    Le subrécargue, c’est celui qui, à bord, s’occupe de tout le fret, qui gère les états de colisage et sait où toutes les marchandises sont placées dans le bord. il est le représentant du commerçant.
    Je ne saurais pas faire la comparaison avec notre marine, puisque là, nous sommes dans la marchande.
    Sur un LST, sur le Golo par exemple, c’était l’officier en second assisté du maître de manœuvre, qui savaient où tout était casé.
    De plus, il y a à bord des goélettes à coprah un magasin où l’on trouve de tout, comme dans nos coopératives de bord, et même des habits : chemises, savates, pantalons, robes et tapea titi pour les filles, etc… alors c’est le subrécargue qui gère cela.
    Sur l’Aranui, goélette d’une maison chinoise, en 1967, le subrécargue était un jeune chinois d’environ 25 ans, je n’ai pas su son nom, il me semble.
    Mes amitiés.


    André Pilon

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    Message par † PILON Sam 12 Juil 2008 - 22:52

    Avez vous vu les jardins en fosses à culture à Reao ?


    Quand je me suis vu désigné pour la Polynésie, pour le Centre d’Expérimentation du Pacifique, j’ai cherché bien sûr à me documenter sur les gens que j’allais côtoyer, sur leur us et coutumes, sur le mode de vie, sur leur géographie et leur histoire. Auparavant, je ne connaissais pas grand chose et autant dire rien ; j’avais toutefois lu 20 000 lieux sous les mers, et le sous-marin du capitaine Nemo qui passe devant Clermont-Tonnerre qu’il observe ; voilà que j’apprends que cette île est Reao, celle bientôt où le CEP m’enverra.
    J’avais lu, de Jules Verne également, les frères Kip, qui est une histoire romancée d’un acte de piraterie bien réel qui a eu lieu en Polynésie Française, les pirates étant les frères Rorique, deux Bretons, et dans laquelle histoire l’écrivain développe une théorie qui permet de trouver le coupable d’un meurtre à partir des yeux de l’assassiné.
    Et puis j’ai appris aussi ce point de détail, qu’il n’y a pas de terre arable sur un atoll, qu’on y en apporte avec les goélettes pour placer aux pieds de bananiers que l’on plante, par exemple, ce qui est vrai ; mais ce n’est pas une petite corvée. Donc pas de terre arable et pas d’agriculture, pas de jardinage. La seule plante y venant parfaitement étant le cocotier.
    Je découvris des jardins un mois environ après mon arrivée, alors que je m’étais rendu à Gake avec monsieur Mougins, un ornithologue du Museum d’histoire naturelle de Paris, qui venait ici pour prélever une trentaine de Kotuku (aigrette) afin de fignoler des études probablement, et qu’il tuait au fusil de chasse (le seul fusil qu’il y eut à Reao ce jour-là) ; aucune arme à feu n’était présente sur l’atoll et je crois, du reste, que c’était interdit…
    Ce fut une grande surprise pour moi quand je vis que le quartier était rempli de fosses à culture, mais à l’abandon, et qui avaient servi dans le passé, jusqu’à il y a peu. Dans ces fosses, creusées dans le sol sableux et caillouteux, les Reao créaient un marécage sur le fond, avec l’eau de pluie stagnant sur la dalle corallienne, en apportant du sable et du feuillage ; le taro, nous le savons tous, pousse dans la gadoue. Je sais que beaucoup parmi ceux qui ont fait cet atoll, n’ont pas vu ces jardins enterrés et dont sur les bords, sur deux bons mètres de hauteur, la terre est retenue par des fascines formées avec les racines béquillardes des pandanus.
    Par la suite, j’en « découvrirai » plusieurs autres à gauche du chemin qui part de l’église pour se rendre au portique débarcadère qui se trouvait sur la côte, au sud-ouest. Elle sont en moins grand nombre mais profondes de trois mètres environ.
    Quelques taros étaient encore produits dans ces jardins en 1967, j’ai vu le légume mais pas la plantation. J’ai pu voir aussi quelques pastèques qui sortaient de ces fosses de cultures.
    Sophie Férié m’a rapporté que dans le passé, on a pu y cultiver des tomates ; ce que je sais, c’est que les tomates poussent bien sur un atoll, et ne gèlent jamais. En effet, à Mururoa, derrière le shelter sanitaire de la zone aéroportuaire, en 1974 et 1975, un pied de tomate arborescent à vécu presque deux ans. Il a été détruit par l’air salin d’un coup de vent.
    Dans le passé proche, au temps de la léproserie, les malades s’occupaient à entretenir quelques petits jardins, on avait apporté pour eux de la terre volcanique de Tahiti. J’ai retrouvé l’un d’eux dans l’enceinte de la léproserie tout près de la station radio. J’y ai planté des radis. Un midi sur la table il y a eu pour chacun quelques radis produits à la station météo même.

    André Pilon


    Dernière édition par PILON le Dim 27 Juil 2008 - 18:42, édité 1 fois

    † CYBAL Jacques
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    PREMIER MAÎTRE
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    REAO,  l'écho d'un lointain lagon. - Page 9 Empty Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.

    Message par † CYBAL Jacques Mar 15 Juil 2008 - 11:01

    Salut André
    Toujours intéressants tes récits, et combien instructifs...
    Je n'ai pas remarqué ces jardins en fosses à mon époque, je n'ai pas remarqué
    de cultures spéciales...Je sais qu'il y avait eu une tentative de "jardinage", mais
    mais les "réaos" n'avaient pas suivi, et il restait dans le hangar du "port" encore
    quelques dizaines de sac de terre et d'engrais...
    Au poste, prés de la porcherie, il y avait un lopin de terre abrité où j'ai essayé
    de faire pousser quelques légumes, mais cela n'a jamais été concluant...même
    si une ou deux fois on a mangé quelques feuilles de salade...
    Nana
    Jacques


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