par Timonier Belladone Mer 10 Fév 2010 - 19:13
Non, j'en ai pas fini, parce que il y a des allusions qui ne me plaisent pas du tout. Comme Demichel, je suis entré dans la Marine à 17 ans et trois mois. Je suis parti en Indo un an plus tard, avec une autorisation extorquée à mes parents, en leur faisant croire que pour la Marine, c'était des vacances. Les traces de l'éclat de mortier que j'ai ramené les a détrompé.
J'ai été content de gagner ma solde, meilleure qu'en France il est vrai. Mais pendant 18 mois (durée légale) nous étions moins payés, Indochine ou pas.
Mon père était invalide pour faits de résistance, arrêté par les allemands, emprisonné. Plus de salaire à la maison où j'étais l'aîné de trois enfants. Il fallait que je m'évade. Quand je suis parti, ma jeune soeur et mon frère ont été placés dans ce qui n'était pas encore la DDASS. Mes parents n'avaient plus de ressources. J'aurai fait n'importe quoi pour les aider.
Alors oui, j'ai bossé comme un malade et j'ai délégué tout ce que je pouvais de ma solde. Je voulais y arriver. J'ai fait le secrétariat du bord, j'ai été vaguemestre. J'ai passé successivement les brevets de sécurité cryptographique, d'opérateur radar, de certificat de dragage. Même les épreuves d'instruction de 5 à 6 parce que ça ramenait des points. Les pachas successifs ont du comprendre que j'étais pas normal, mais j'ai passé les chambres avec le maximum de points. J'ai même eu, document rare dans la Marine, un "témoignage de satisfaction", parce que la croix de guerre j'avais été jugé trop jeune ce jour-là. J'ai donc été Q/M2 à 18 ans et 9 mois, Q/M1 un an pile plus tard et pour tout dire je suis passé second en Octobre 54 à 20 ans et demi. Le magazine Caravelle m'a annoncé comme le plus jeune de France.
Mais trois mois avant de rentrer en France, j'ai eu l'immense joie de pouvoir faire rentrer ma soeur et mon frère à la maison.
Voilà. Alors ne me parlez pas des grosses primes et des soldes pharamineuses. A 18 ans on a pas la maturité politique pour justifier la campagne d'Indochine. J'y suis allé parce c'était loin, c'était l'exotisme, j'avais besoin de respirer ! Et si ça pu arranger les miens, je n'en ai été que plus heureux.
Un mot à Lécuyer : Il n'a jamais été question de diviser le temps d'avancement par deux, je conteste ça absolument. Simplement les annuités en campagne étaient multipliées par trois pour la retraire, comme elles l'étaient par deux pour le service à la mer.