"Quelques minutes après minuit, le navire croisa la route du sous-marin autrichien U 5 .../...
A 00H20, le croiseur se trouvait à 4 000 mètres du sous-marin.
A 00H35, le LÉON GAMBETTA n'en était plus qu'à 1 500 mètres.
A 00H38, la distance était de 600 mètres.
Le commandant du sous-marin fit sortir le périscope afin de pouvoir effectuer la visée finale.
Deux torpilles furent lancées l'une après l'autre à 00H40.
La première explosa à la hauteur de la paroi qui séparait les dynamos de la salle des machines, la deuxième à l'arrière de la passerelle.
Le navire s'inclina aussitôt de 15° à bâbord.
Les tirs avaient porté un coup fatal au croiseur, mettant hors d'usage l'alimentation électrique et les chaudières du navire.
Pire encore, il était impossible de lancer un SOS par radio car les explosions avaient endommagé l'antenne de transmission. .../...
Au bout de trois minutes, l'inclinaison du navire était déjà de 30 degrés.
Neuf minutes après avoir été touché, le croiseur se retourna."

Bilan de cette tragédie : 684 victimes, dont l'amiral Senes, commandant de la 2ème division légère de l'Armée navale.
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Le torpillage du LEON GAMBETTA vu par la presse autrichienne de l'époque.
Parmi les 684 victimes, le frère du père de mon père, quartier-maître canonnier :
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Son nom est gravé sur le monument aux morts de la petite commune du Tréhou dans le Finistère.
Un frère de mon père, en souvenir de cet oncle, se prénommait Joseph.

Anecdote au sujet du commandant du LEON GAMBETTA :
"Le commandant du LEON GAMBETTA était le capitaine de vaisseau André, officier plutôt fataliste.
A qui lui avait demandé pourquoi il avait fait remettre les tapis et les rideaux de sa cabine (ceux qui avaient été retirés au début de la guerre), il répondit "Mon cher, je tiens à aller au fond pour l'éternité dans un beau décor".
Source : HISTOIRE de la Marine N° 10 d'automne 2007

C'était la première fois dans l'histoire des batailles navales qu'un navire était coulé de nuit par un sous-marin.
Le commandant du sous-marin U 5 était le jeune baron Georg Ritter von Trapp, lieutenant de vaisseau de la marine impériale austro-hongroise.
Ce fait d'armes resta gravé dans les annales de la marine autrichienne jusqu'à sa dissolution en 2006.

Extrait du journal français LE FIGARO du 28 novembre 2006 :
"Le 16 novembre, l'Autriche a mis en retraite ses deux derniers navires de guerre, mettant ainsi un terme à six siècles d'aventures navales. .../...
Les exploits des U-Boote austro-hongrois sont aussi célébrés, comme le torpillage du croiseur cuirassé français LÉON GAMBETTA par le sous-marin U 5 le 27 avril 1915.
Son vainqueur, le capitaine Georg Ritter von Trapp, va acquérir par la suite une immense notoriété : en 1938, ce fervent patriote autrichiens refuse de servir l'Allemagne nazie et s'enfuit avec sa famille vers les États-Unis.
De leur périple sera tirée une célèbre comédie musicale, La Mélodie du bonheur (cinq Oscars en 1965 dont celui du meilleur film)".

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Le lieutenant de vaisseau Georg Ritter von Trapp
Après l'U 6 et l'U 5, von Trapp prendra le commandement de l'ex sous-marin français CURIE (du 10.10.1915 au 13.01.1918), capturé par les Autrichiens et rebaptisé U 14.
Petite parenthèse pour ceux qui s’intéressent aux mascottes (y'en a sur ACB !) : la mascotte du CURIE était un petit chien qui s'appelait Radium.
Il est mort asphyxié lorsque le CURIE s'est pris dans les filets anti sous-marins autrichiens.
Après la guerre, le U 14, ex CURIE, réintégrera la Marine Nationale française, reprendra son nom de CURIE et restera en service jusqu'en 1928.