par † sagnimorte albert Jeu 15 Fév 2018 - 15:06
Bonjour, les amis,
Un petit tour à Bertheaume.
Au retour de la perme de Noël, manquait un de nos camarades de chambrée, Maudet ,de Morlaix je crois.
Le bruit à couru qu'il était mort pendant sa perme, de tuberculose (aujourd'hui, cela me paraît peu probable, mais...) Maudet était d'un naturel doux, effacé, derrière un visage triste.
Lorsqu'il se présentait à la visite, il était systématiquement refoulé par le maître infirmier qui le soupçonnait de tirer au flanc.
Nous n'aurons pas confirmation.
Le mois d'avril est arrivé.
Après la perme de Pâques, j'ai repris le train pour la Bretagne, pour l'école des mousses.
A la gare de Quimper, des camions de la marine nous attendaient pour nous conduire à Loctudy, près de Pont l'Abbé où se situe maintenant l'école des mousses.
L'école occupe un vaste domaine autour d'un château, le château du Dourdy.
Imposante bâtisse en granit du début du XXème, elle constitue le centre d'activité.
Le logement des officiers principaux, le réfectoire, les cuisines, l'école de Maistrance, la prison (!) sont à l'intérieur.
Dans le terrain alentour, des baraquements en bois abritent les différentes compagnies.
La mer, c'est la baie de Loctudy, distante d'environ un kilomètre.
Le séjour à l'école des mousses sera plus confortable.
Les baraques sont chauffées, de l'eau chaude aux douches et aux lavabos en hiver, mais la pression morale sera à la limite du supportable.
Les "durs" on les ramollit, les mous, on les endurcis, est le slogan rabâché.
La consigne est manifestement de briser la personnalité.
Exemple :
A n'importe quel moment, l'adjudant de compagnie - le nôtre s'appelle Boterel, mais il n'a rien du poète - décide de passer une inspection du linge.
Admettons que votre linge soit propre, bien plié, bien rangé au carré dans votre caisson.
Le personnage arrive, tire un par un les vêtements pour les jeter sur le sol.
- Ton linge est mal plié, tu me fera trois jours de salle de police.
L'envie immédiate est de protester, se révolter.
- Comment ? On discute les ordres ? 2 jours de plus.
Alors, on se tait.
Tout est à l'avenant.
Certain petit gradé, simple quartier-maître va jusqu'à se planquer dans les W.C. pour surprendre les mousses en train de fumer.
Un certain dimanche, je me présente sur les rangs des permissionnaires ; inspection de la tenue de la tête au pied, dans le plus petit détail.
Ma tenue est irréprochable, brossée, lavée, repassée.
Le gradé veut me piéger.
Comme rien ne cloche, il décide :
- Ta jugulaire est sale, tu ne sortira pas.
Il était 13h30.
J'avais acheté la jugulaire, neuve évidemment, à 11h00 le même jour.
Ici, le gradé ne plaisante pas, n'a jamais un mot aimable.
Un ordre doit être exécuté "littéralement, sans hésitation, ni murmure" selon le sacro-saint principe du manuel.
A suivre.
A plus, les amis.
Je m'aperçois que j'aurais dû basculer ce texte vers la rubrique "École des mousses".
C'est ce que je ferai la prochaine fois.
Mille excuses.