[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]u 21 février au 19 décembre 1916, des soldats de toutes les régions de France se sont battus à Verdun. Des marins y ont également participé contrairement aux idées généralement répandues. De l’attaque allemande à la reprise des hauts de la Meuse, les canonniers-marins ont tenu la ligne aux côtés de leurs camarades terriens et aviateurs. Alors qu’une cérémonie officielle commémorera le centenaire de la bataille de Verdun le 29 mai 2016, retour sur une page méconnue de l’Histoire de la Marine nationale.
Les fusiliers-marins, héros de la bataille de Dixmude en 1914, n’ont pas été les seuls marins à servir au sein des « Formations de marins détachés aux Armées », appellation organique regroupant les marins qui ont été détachés au Ministère de la Guerre1 entre 1914 et 1919. Outre les fusiliers de l’amiral Ronarc’h, la Marine fournit, en effet, pendant la guerre un corps d’« auto-projecteurs », mais surtout des canonniers-marins. La faiblesse de l’artillerie lourde française au début de la première guerre mondiale est un thème récurrent, mais mal décrit, la faiblesse ne résidant pas dans le nombre, mais dans la portée et la mobilité des pièces lourdes.
POURQUOI DES CANONNIERS-MARINS…
Dès le déclenchement des hostilités, le ministère de la Marine propose au ministère de la Guerre une vingtaine de pièces de bord (de 14 cm et de 16 cm)2 et leurs servants. Les canons sont récupérés sur des cuirassés désarmés ou en construction (classe Normandie). L’offensive allemande menaçant Paris, le besoin devient pressant et dès la mi-août 1914, les marins arment des forts autour de Paris et entament la construction de deux positions de pièces de 16 cm.
Dès la fin de la bataille de la Marne, le danger autour de Paris étant écarté, les canonniers-marins sont envoyées dans l’Est pour renforcer les places fortes de Verdun et de Toul. Les pièces du groupe de Verdun seront ainsi placées au plus près de la première ligne et les marins se distingueront à plusieurs reprises en défendant leurs canons face aux attaques allemandes comme en 1915 à la tranchée de Calonne. La précision des tirs et la qualité des observateurs sont particulièrement appréciées sur le front de Verdun(…) et se distinguent par la précision de ses tirs sur des batteries allemandes.
L’APRES-VERDUN
Somme, Marne, Artois, Aisne, les canonniers-marins servent jusqu’à la fin du conflit avec leurs canons à terre, sur péniche, sur canonnières fluviales et sur voie ferrée. De retour sur leurs navires, les canonniers font profiter l’artillerie navale et toute la Marine de leur expérience du front. (…)
Spécialistes du tir indirect, les canonniers-marins vont apporter aux armées des méthodes scientifiques comme la prise en compte des paramètres météorologiques (température et pression de l’air, force du vent) et physiques (rotation de la terre, usure des canons de gros calibre, tarage et température des poudres). Ils développent en outre des procédés novateurs qui seront généralisés : observateurs équipés de théodolites, aérostation et aviation pour le réglage des tirs.
Il faut attendre 1917 pour que le général Maurin, commandant de la Réserve Générale d’Artillerie Lourde réussisse à imposer ces méthodes à toute l’artillerie française. Ainsi, à la fin de la guerre, grâce aux canonniers marins, l’artillerie lourde, équipée de matériels neufs (145 St-Chamond, 155 GPF et 155 Schneider) sait tirer « loin et précis » et les services météorologiques sont créés.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le magazine « La Baille » de l’Association des anciens de l’Ecole Navale
1 Il n’y a pas de ministère de la défense à l’époque mais un ministère de la Guerre chargé de l’Armée de terre et un ministère de la Marine chargé de la Marine. L’aviation naissante est répartie entre ces deux ministères.
2 Le calibre des pièces de bord est alors donné en centimètres et non en millimètres.
Quelques photos de canons
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