par Max Péron Mar 24 Déc 2024 - 11:36
Réveillons à bord du Bourdais
(1976) Après ces quelques jours d'escale à Bombay, le Bourdais et le Schoelcher quittaient The Gate of India. Après seulement quelques heures de navigation, attraction le long du bord : le Bourdais était entouré de milliers de "tricots rayés", serpents amphibies, très répandus sous les tropiques.
Autre évènement de la journée, l'émetteur HF principal du Schoelcher était en panne et le patron radio, mon ami Pédro Blanco (Rufisque 68-70 et BS 70-71 ensemble) me demandait de prendre tous ses messages "émission". Pourquoi ça tombe toujours sur moi ?
Les transmissions du Bourdais + celles d'ALINDIEN (l'amiral était à bord du Bourdais, la poisse pour le service trans !) + les transmissions du Schoelcher, ça fait un peu beaucoup, non ? Et tout ça, sans personnel ni équipements supplémentaires. Les 24 et 25 décembre 1976, nous fêtions le réveillon de Noël en mer, quelque part entre Bombay et Djibouti. Le 28, le Bourdais accostait à Djibouti. Pédro venait me voir en P12 avec une bouteille carrée pour me remercier d'avoir assuré ses transmissions (messages navire-terre) pendant la traversée Bombay - Djibouti.
Le 31 décembre 1976 et 1er janvier 1977 furent donc fêtés à Djibouti.
(1978) Samedi 23 décembre avait lieu sur la plage arrière le pot des débarquants. Tous grades confondus, soixante-dix d'un seul coup ! Je n'avais jamais vu ça. Hé oui, nous étions partis de Lorient tous ensemble et une bonne partie de l'équipage avait embarqué juste avant les essais à la mer. L'heure était donc venue pour eux de rentrer en France, début janvier 1979.
.../... Depuis plusieurs semaines, nous savions officiellement que le Bourdais allait passer huit jours aux Seychelles début février 1979. Plusieurs d'entre nous - dont mon ami JR et moi - décidâmes de profiter de cette belle escale pour offrir à nos épouses un séjour de rêve bien mérité. A l'hôpital Bodélio de Lorient, Joëlle prit ses congés en conséquence. Le 19 décembre, tout était déjà réglé : huit jours de vacances aux Seychelles sur trois îles différentes, Mahé, La Digue et Praslin. Hôtel Beauvallon à Mahé (le plus beau), jeep décapotable Minimoke pour se balader, etc. Joëlle et moi attendions avec impatience ces retrouvailles dans un cadre paradisiaque
PS. nous ne le savions pas encore, mais la révolution iranienne allait tout faire capoter.
Noël étant une fête de famille, personne ne sortit ce soir-là et nous passâmes le réveillon tous ensemble, à bord du Bourdais. Un concours de crèches fut organisé par carré ou par poste pour l'équipage. Tout à l'avant du navire, le poste équipage N° 1 regroupant les radios, trans et boscos eut la géniale idée de faire un crèche vivante. Tout y était : le petit Jésus dans son berceau de paille, les rois mages et même deux anges suspendus au plafond grâce à des brassières.
Le jury, présidé par le pacha, était mort de rire. Bien entendu, c'est le Poste 1 qui remporta le premier prix. A l'unanimité.
Mardi 26 décembre, service du dimanche. Les OMS organisaient une excursion ferroviaire jusqu'à Ali-Sabiéh, près de la frontière. Trois jours plus tard, de l'autre côté de la frontière, ce même train était attaqué par des rebelles somaliens infiltrés en territoire éthiopien. Comme au bon vieux temps du far-west. Nous eûmes la chance d'assister au départ d'une caravane de chameaux. De nos jours, cela m'étonnerait que l'on puisse encore assister à ce genre de spectacle. Je profitais de cette IPER à Djibouti pour m'accorder deux jours de détente au camp de repos d'Arta dans le pays des babouins.
Le 31 décembre, nous aurions pu sortir à terre pour fêter la nouvelle année dans un resto. Hé bien, d'un commun accord, nous restâmes tous à bord pour fêter le nouvel an entre nous, y compris avec les gars de service.