Si on avait la chance de revenir en fin de semaine, on avait le weekend, sinon c'était 1 jour de déchargement (les retours, les conteneurs vides, etc) 1 jour de nettoyage du pont et du hangar, puis 3 jours de chargement et re belote.
Le temps de chargement se comptait en "main" (1 main = 6h) et on chargeait généralement en 6 mains, de 6h00 à 12h00 et de 12h00 à 18h00 ; le casse croûte se prenait à tour de rôle pour ne pas perdre de temps...
Dans le hangar situé sous le pont principal (80 m de long et 10 de large) on y mettait tout le "roulant" et les conteneurs 40 m3 froid/congelés, des conteneurs de produits alimentaires, soit environ 800 à 900 tonnes, le tout sous la houlette d'un SM bosco et des boscos engagés.
Sur le pont, chargement dirigeait par votre serviteur et 6 appelés, on y mettait les matières dangereuses (gaz, essence, gas-oil, peintures, avec entre les produits des pare-feu avec des conteneurs, des paquets de bois de coffrage ou construction et des tas de choses divers.
Bien entendu un plan de chargement à l'échelle était établi, mais il y avait toujours des produits prioritaires qui arrivaient en cours de chargement et il fallait "pousser les murs" pour tout faire rentrer ; on était aussi assisté par les dockers civils locaux.
Tout ce matériel devait être bien sûr amarré, plutôt 2 fois qu'une, car le Pacifique ne l'est que de nom !!! alors moult cordages, fils d'acier, chaines et tire-fort étaient utilisées, d'excellentes séances de sport à chaque fois !!!
Ah oui, j'oubliais, le chargement était bien entendu chapeauté par le MP bosco.
J'ai donc dressé le tableau, je passe à l'anecdote dans mon prochain "post".

Suite du chargement... dans l’après-midi du 3ème jour, on avait chargé une centaine de fûts de gas-oil destinés aux postes périphériques, pour leurs groupes électrogènes (les gros atolls, Muru et Hao étaient ravitaillés en carburant par la PAPENOO et la PUNARUU, bâtiment où j'ai aussi embarqué).
Les fûts étaient disposés vers l'arrière du pont de chargement, contre le hangar hélico, sous le mat de charge, afin de faciliter leur déchargement.
Ils étaient stockés verticalement, sur des planches pour ne pas riper et amarrés avec des fils d'acier qui les ceinturaient + des planches et des chaines qui les plaquaient au pont.
Les produits dangereux devaient être à au moins 20 m des locaux vie par sécurité.
Pendant que nous chargions, roulions, puis redressions les fûts (1 fût = 200kg, et il y en a qui payent pour faire de la muscu ) le chef machine, T...... (que GYURISS connait très bien...) est passé, repassé.
Une fois l'amarrage des fûts terminé, il m'a dit très sournoisement : les derniers fûts sont à 18 m, il faut recommencer !!
Je lui ai alors proposer de se glisser où il voulait les fûts qui le dérangeaient.
Je me suis retrouvé au garde à vous chez le pacha, JR ; il m'a demandé ma version des faits, je lui ai répondu honnêtement et il a bien vu que j'étais excédé.
Il m'a renvoyé au travail en me disant de ne rien enlever et j'ai appris, par le motel du pacha que le chef mach s'est fait "déchirer la tête" par le pacha, qui pour une fois, faisait preuve de magnanimité (à moins qu'il ne voulait pas retarder l'heure d'appareillage...) T....... a débarqué quelques temps plus tard et je n'ai donc pas eu à subir de représailles de cet officier.
Je ne me suis jamais plaint du travail de forçats car c'était intéressant, formateur et sportivement rentable (1,93 m pour 120 kg, un beau bébé ) mais je n'ai jamais supporté ces "messieurs" en chaussures de bal qui veulent nous donner des leçons.
Je n'ai donc jamais pris de gants, surtout en temps que PM ou MP pour rembarrer ceux qui venaient mettre leur grain de sel dans mon travail.
Je vous parlerai la prochaine fois d'un cyclone "essuyé" à bord du BSR CHAMOIS dans le Pacifique sud, pendant 28 heures et des vagues semblables à des montagnes...
A suivre...