La formation du chien et de son maître, achevée en janvier 2008, le binôme fut intégré dans la cellule ARDS au titre d’équipe opérationnelle.
Ils allaient donc pouvoir agir avec l’efficacité qu’on suppose, au cours des missions qui allaient leur être confiées.
La marine nationale ne pu que se féliciter de s’être adjoint les capacités et les qualités des chiens de race English Spinger Spaniel. Buggy en effet était à l’aise partout, capable de se faufiler dans les milieux secs ou humides en acceptant sans regimber les contraintes qu’exigeaient les interventions.
Il fut ainsi amené à être déplacé à bord de véhicules tactiques et divers types d’embarcations.
Il fut souvent amené à être hélitreuillé par hélicoptère.
Polyvalent et accrocheur, Buggy était unanimement reconnu pour être un chien résistant et efficace, capable de s’adapter à tous types de situations.
En 2009, le chien et son maître avaient à leur actif 29 interventions parmi lesquelles 13 permirent de découvrir la cache de stupéfiants.
Forte des ces résultats encourageants, la marine nationale envisagea la projection de cette race de canidés sur ces bâtiments.
Buggy y serait capable en effet, avec le courage et la pugnacité qui le caractérisent, de débusquer des matières illicites et suspectes, drogues, explosifs et parfois fortes sommes d’argent dissimulées dans des caches improbables.
Outre ses performances accrues, Buggy était un animal attachant et fidèle, fier de participer aux missions sous la conduite son maître.
Chien éminemment sympathique, il méritait bien son surnom de Buggy le magnifique.
COQUIN, le chien qui savait lire.
Ce petit chien ratier fut adopté par le second-maître radio de la 27F, en poste à Dakar dans les années cinquante.
Mascotte de la flottille, il était choyé et considéré par l’ensemble du personnel, tant au hangar que par les équipages des Sunderland à bord desquels il avait ses aises.
Chien volant, il participait en effet à toutes les missions de son cher avion.
En réalité, Coquin se sentait bien partout et était, sur la base aérienne, comme chez lui.
Lorsque l’équipage était au repos, il prenait un malin plaisir à chasser les rats cachés sous le parquet des baraques sans âge.
S’il l’avait pu, il aurait rongé, l’une après l’autre, les lames du plancher pour obtenir satisfaction.
La seule présence d’un rongeur rendait le brave toutou absolument fou de rage. La 27F était son lieu de prédilection et il savait reconnaître son avion, qu’il soit au hangar ou amarré sur le plan d’eau.
Très vite, on soupçonna Coquin de savoir reconnaître le numéro sept inscrit en grosse lettre sur la coque du fuselage.
Impossible pour lui de se tromper et aucun autre aéronef ne l’intéressait.
Au hangar, quand l’appareil était sur son train et que la porte d’accès était ouverte, il se balisait en dessous et faisait comprendre avec quelques jappements qu’il voulait monter à bord.
Une âme charitable lui rendait alors ce service, la porte étant située à deux mètres du sol.
Sur le plan d’eau au contraire, lorsque son 27F N°7 était amarré sur bouée, la mascotte profitait des rondes de plan d’eau pour monter à bord de sa niche volante.
Il savait pertinemment où se trouvait son avion et toutes les tentatives faites pour le monter à bord d’un autre appareil étaient vaines.
Durant les mois d’octobre et de novembre 1952, la flottille prit part aux exercices GAMS en Atlantique sud et en Méditerranée.
Parmi les Sunderland qui y participaient, le numéro sept de Coquin était en bonne place.
Chaque mission confiée à l’appareil, qu ce soit à Karouba ou à Saint-Mandrier, Coquin était de la partie.
Stationnant plusieurs jours sur place, il s’y trouvait souvent un très grand nombre d’avions avec leurs équipages.
Ce remue ménage était loin d’effrayer le jeune chien qui y faisait figure de notable.
A Saint-Mandrier, les Sunderland étaient amarrés sur bouées dans le creux de Saint Georges.
Coquin montait dans les annexes et autres barcasses, fou de joie à l’idée de pouvoir remonter à bord de son cher avion.
Les sorties ne sont pas rares.
Lorsque son équipage allait à terre, comme de bien entendu, Coquin l’accompagnait et embarquait qui sur le Picady, qui sur le Cavalas, pour aller aussi traîner ses guêtres du côté de Chicago, quartier interlope de Toulon bien connu des marins et autres légionnaires.
Un soir de bordée, on s’occupa si peu de Coquin qu’on l’oublia au cœur du quartier mal famé.
On imagine qu’il a dû y errer toute la nuit en cherchant désespérément son équipage.
Qu’à cela ne tienne !
Qui vit-on le lendemain matin attendre sur le quai que le Picady retraverse la rade ?
Coquin bien sûr, plus fier et plus décidé que jamais.
Quelle joie pour lui d’aller renifler les mollets de sa chère famille de la 27F pour se convaincre qu’il était bien revenu en pays de connaissance.
Le chien n’en voulut à personne d’avoir été si lâchement abandonné.
A leur retour, il fit au contraire une fête incroyable à chacun de ceux qui l’avaient oublié dans les rues sordides de Chicago.
COUP DE PIF et l’amiral.
Mascotte embarquée sur la frégate lance engins D602 Suffren en 1977-1978.
La frégate stationnait à Djibouti, Djiboute, pour les durs à cuire qui y séjournaient.
Il ne fallut pas chercher longtemps pour trouver un nom au chien.
Échangée contre un litre de vin, du divin nectar au nom du chien, il n’y avait qu’un pas qui fut vite franchi.
Baptisée Coup de pif quoique le plus souvent appelée Pif, la mascotte avait pris ses quartiers dans le bord.
Elle affectionnait particulièrement aller dormir près du bureau du service intérieur.
A l’époque, la frégate accueillait à son bord un vice amiral d’escadre.
Après chaque appareillage, l’officier supérieur allait régulièrement rendre visite à Coup de Pif.
On se rendit vite compte que l’homme aimait particulièrement les chiens.
Quoique ces rencontres avec la chienne fussent vues par les hommes d’équipage comme étant plutôt sympathiques, ils suspectaient néanmoins le boss d’user de subterfuge.
N’était-ce pas l’occasion rêvée pour faire une ronde d’inspection du bord ?
Conséquence de quoi, chaque fois que l’amiral partait arpenter pont principal et coursives, le premier-maître navigateur téléphonait discrètement au capitaine d’armes pour l’informer que l’amiral était aux approches, l’œil et le nez en radar.
Un jour, de retour à la passerelle après avoir été rendre visite… à la mascotte du bord, l’officier s’étonna de n’avoir pas croisé grand monde.
Il n’avait surtout pas vu la chienne.
Il interrogea alors le premier-maître pour savoir si, à tout hasard, tant la mascotte que les hommes d’équipages n’avaient pas été informés de sa visite.
Se doutait-il de quelque chose et son subterfuge avait-il été découvert ? On ne le su jamais.
Un autre matin, après une sortie en mer de l’escadre, la frégate entra dans le port de Toulon pour aller se poster à quai.
Sur ce dernier, la musique des équipages de la Flotte y allait de son aubade pour saluer le retour du bâtiment et rendre les honneurs à l’amiral.
Atteignant le quai, la coupée fut armée et mise à poste face à la coursive du bureau du service intérieur, celle ou aimait aller se réfugier Coup de pif.
La porte de la coursive avait été laissée ouverte afin de permettre au planton de voir la coupée pour pouvoir diffuser l’ordre de garde à vous bâbord.
Sur le pont, attendant le départ de l’amiral, le commandant et le commandant en second faisaient face à la garde d’honneur, guêtres impeccables et ceinturons blancs capelés.
De chaque côté de la coupée, le gabier et le sonneur se faisaient face, l’un avec son inséparable sifflet, l’autre avec son clairon.
On imagine la solennité de l’instant.
L’amiral se présenta enfin à la coupée, les honneurs lui furent rendus.
L’officier se tourna vers l’arrière du bâtiment, salua le pavillon français armé en poupe sous les flonflons de l’orchestre.
Tout allait donc bien dans le meilleur des mondes si ce n’est que juste avant de descendre la coupée, Coup de pif pointa le bout de sa truffe et passa effrontément entre les jambes de l’amiral.
Allait-elle se précipiter sur le quai et prendre la poudre d’escampette ?
Pas du tout !
La mascotte descendit la coupée avec une telle lenteur qu’on la subodora vouloir retarder l’instant où l’amiral quitterait le bord.
L’officier attendît donc que Coup de pif pose ses augustes pattes à terre pour s’engager à son tour sur la passerelle.
Hilarité générale lorsque l’amiral demanda au commandant si c’était là une forme de provocation de la chienne à son endroit, considérant les inspections qu’il faisait à bord tout en prétendant aller saluer sa mascotte.
Voilà pourquoi on vît, ce jour là, un quatre étoiles attendre patiemment que la mascotte de la frégate descende à terre avant lui.
Il ne fit jamais aucune réflexion et personne ne fut inquiété.
Moralité de l’histoire : cet amiral aimait vraiment les chiens et c’est à tort qu’on le soupçonnait d’aller rendre souvent visite à Coup de pif sous prétexte d’inspections.
Mais ça, on ne le su que plus tard.
Skagerrac
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