Max a écrit:accompagnée du meilleur aviso-escorteur de l'Océan Indien, le Commandant Bourdais (sinon, ALINDIEN ne l'aurait choisi).

Presque pas chauvin l'ami Max

Merci pour les dates de 1978 mais je n'avais pas encore pris mes fonctions et je n'ai pas connu le VAE Henri Darrieus ALINDIEN jusqu'au 19/11/78
Par contre j'ai connu le VAE Jean Paul Orosco et le CA Philippe Lejeune(c'est d'ailleurs ce dernier alors DPMM en 1986 qui m'a fait affecté sur la JDA) et je n'ai pas trouvé une Charente "fayot" avec ces 2 amiraux. De toute façon tout est une question de Pacha d'AE (ou d'Amiral ALINDIEN) car comme l'écrivait Albert Camus en 1947 dans La Peste "Ils ont raison de s'amuser, disait-il, il faut de tout pour faire un monde"

Joël, c'est de l'humour ! Quoique ...
Il s'agit d'un extrait de mes mémoires. A l'origine, je n'ai donc pas écrit ça pour ACB mais pour mon fils, ma famille, mes amis, etc
Sans une pointe d'humour de temps en temps et/ou s'il n'est pas ponctué de savoureuses anecdotes, un récit, surtout s'il est long, peut vite devenir ch...t à lire.

T'inquietes Max mon "Henry" aussi en 73/75 c'était le meilleur

Joel Pendant ma période sur le Bourdais la Charente ne nous a jamais ravitaillé en mer il est vrai qu'elle était habitée aux quais de Djibouti jamais fait d'exercice en commun non plus ...!!!!! La dernière fois que je l'ai vu c'était à Monbassa là elle était encore à quai...Peut être que Joel nous a ravitaillé pendant cette période d'un breuvage qui n était pas du GO

Marsouin Non il ne s'agissait ni d'un chalutier ou sous marin mais d'un "armada" russe Max relate cet épisode ainsi que des photos à l'appui dans les postes précédents

Msg 7725 de Guillo
Tu dis mission Kerguelen annulée, ne devions nous pas descendre plus au sud : Terre Adélie. ma mémoire me joue sans doute des tours comme celle de Max
L'escale de Monbasa était la 2 éme pour les anciens de cette période. nous étions en escale avec le Bouvet qui fut mon bâtiment d'affectation après le bourdais.
Msg 779- max au sujet du bateau fayot, n'étions nous pas les seuls à sortir en civil et à pouvoir découcher à Singapour ?

Pascal : Sur mon carnet j'avais noté les Kerguelen maintenant je peux me tromper

Pascal
Avec le Bouvet n'es tu pas venu à Djibout en 79/80 il me semble l'avoir ravitaillé en Mazout quand j'étais sur la Charente

msg 785 de Pascal
Hou la la ! Pour répondre à tout ça, il faudrait plusieurs pages. Je vais essayer de ne pas être trop long.

Mission aux Kerguelen annulée : bien que patron radio du Bourdais, habilité Secret Défense, je n'ai jamais vu un secret aussi bien gardé.

Début avril 1979 à La Réunion. Le Bourdais est à quai à Port des Galets. Nos prochaines missions doivent nous emmener à l' Île Maurice et surtout aux Kerguelen dans les TAAF, Terres Australes et Antarctiques Françaises. J'avoue que la perspective d'affronter une seconde fois les 40èmes Rugissants, voire même les 50èmes Hurlants, ne me fait pas bondir de joie.
Afin de nous prémunir contre les rigueurs du climat antarctique, nous embarquons des manteaux de mer fourrés, des bottes fourrées, des gants, etc. Ravitaillement en gazole, embarquement de vivres. On n 'a rien oublié ? Non. Poste de manœuvre. Passage sur courant bord. Coupure des liaisons téléphoniques avec la terre (Pascal qui s'y colle ?). Larguez les amarres, appareillage pour l' Île Maurice et les Kerguelen. Au revoir La Réunion et à bientôt.

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous sommes en mer. Dégagé du poste de manœuvre. Soudain, dans tous les haut-parleurs de diffusion générale du bord, on entend ceci :
"Communication générale. Le commandant vous parle ..." Silence.
Pour résumer :
Nous n'allons pas aux Kerguelen et les vacances mauriciennes sont annulées. Mes deux petites marraines mauriciennes, je les revois quand ? Venant de l'Océan Atlantique, une armada soviétique dénommée Force 61K semble se diriger vers l'Océan Indien. C'est un événement politique majeur. Notre mission est d'intercepter cette force navale soviétique au large du cap de Bonne Espérance et de la suivre au plus près aussi longtemps qu'elle naviguera dans les eaux internationales. En trois mots : interception, pistage, renseignement et, éventuellement, par notre simple présence, perturbation de l'activité navale soviétique (ex. annulation de certains exercices ou modification de certaines missions).

Incroyable ! Je n'ai jamais vu un secret aussi bien gardé. A voir leurs têtes, les officiers n'étaient manifestement pas au courant. Quand je pense que nous avions été jusqu'à embarquer des manteaux de mer fourrés alors que le pacha - et lui seul - savait pertinemment qu'ils ne serviraient à rien ! Depuis les récents événements d'Iran (le Bourdais, seul bâtiment français présent), la politique du secret était manifestement à la mode.
Deuxième constatation qui s'impose : pour les missions délicates, c'est toujours le Bourdais qui était choisi. Non, je ne suis pas chauvin. C'est un constat, c'est tout.

Petit rappel du contexte historique : nous sommes en pleine guerre froide entre l' URSS et les pays occidentaux. L'Afrique est devenue le champ de bataille privilégié entre les deux camps. Sans parler des Chinois et des Cubains (en Ethiopie, pendant huit jours, tout seul avec une douzaine de jeunes marins du Bourdais dont j'étais responsable, je les ai côtoyés de près en 76. Consigne N° 1 : si, dans un bar, vous voyez des militaires cubains, vous ne rentrez pas !)

Max tu oublies de préciser que certains avaient embarqués des casiers pour pêcher la langouste...!!!

Max

Max, la Menace contre Octobre Rouge
Beau souvenir
Dommage pour la rencontre avec les Cubains Pas de cigares de Havane et ni rhum pour les "cuba libre"

Cuba libre c'est démodé maintenant c'est le Mojito qui est à la mode

Sus aux Soviets !  suite

Comme le prévoit notre mission, nous interceptons la Force 61K au large du cap de Bonne Espérance. Plutôt que de les suivre, nous nous"invitons" carrément au milieu de l'armada soviétique. L'Océan Indien appartient à tout le monde, non ? Cette force navale est essentiellement composée du porte-avions Minsk, fleuron et orgueil de la marine soviétique, et de ses navires d'escorte. Les Russes n'apprécient pas du tout notre comportement. Par radio, ils nous demandent de déguerpir. Le pacha du Bourdais refuse.
Pour nous intimider et nous montrer qu'ils ne plaisantent pas, un croiseur soviétique vient se coller à nous. Le popof n'est qu'à quelques centaines de mètres. C'est alors que l'on voit une tourelle double tourner et se braquer droit sur nous !!

Photo Max Péron / le pacha du Cdt Bourdais ayant refusé d'obéir aux injonctions des soviétiques, une tourelle double est pointée sur nous !
Vous la voyez ? Pour des canons de ce calibre, quelques centaines de mètres, c'est comme tirer à bout portant avec un pistolet.
Neuf chances sur dix que ce soit du bluff. N'empêche, quand tu es sur le pont et que tu vis ça en vrai, en direct live comme on dit à la télé, ça fait quand même quelque chose ...

Plus tard, quand j'étais au Contrôle TER Lorient, un aviso A69 français a bien tiré un obus de 100 mm (inerte) dans la passerelle d'un navire de pêche espagnol pour un motif beaucoup moins grave. Tout a été filmé. C'est moi qui ai passé la vidéo de l'enregistrement à l'amiral entouré de nombreux officiers.

Photo Max Péron / les hélicos du Minsk nous survolaient régulièrement à très basse altitude. Ils prenaient des photos, nous aussi. Coucou Boris, ça va ?
J'avais deux appareils photo, un pour la couleur et un autre pour le noir et blanc. Je développais et tirais moi même mes photos N&B dans le labo photo du bord. Le photographe du bord, c'était mon ami JR Audry, le patron DSM du Bourdais. Sur demande du pacha, il a réalisé des centaines de clichés sur l'armada soviétique (bâtiments, avions, hélicos, ravitaillement à la mer du Minsk auquel on a eu la chance d'assister, etc).

Beau document Impressionnants tous ces capteurs et antennes
Le Kamov est également bien équipé pour l'époque... J'aime bien ces hélicos contro-rotatifs

Voilà Max de superbes photos explicatives
En 79 ou en 80 dans le Golfe d'Aden quand j'étais sur la Charente nous étions non loin du porte avion russe Minsk hélas faut sacrément avoir de bons yeux pour l’apercevoir sur l'horizon à gauche sur cette photo. L'helico qui était embarqué a certainement pu aller le photographier plus nettement

Oui Joël, et une silhouette caractéristique...
Question
à quelle distance est-il de la Charente compte-tenu de la hauteur de ta plate-forme hélico et de la longueur du croiseur soviet
Bien ta tenue On dirait un géologue ou un pompier des puits de forage en mer

C'est la tenue dite à l'époque de "pompier léger" (avant la guerre des Malouines de 1982 ayant entrainé à ce que tout le monde à bord porte la TPB (Tenue de Protection de Base)

Pour l'horizon vu sur le Net ce graphique je dirai donc que le PA Minsk était à environ 6 nautiques

Merci Joël

Joël, belle photo et beau souvenir.

Sur le Cdt Bourdais, pas besoin de jumelles pour voir le porte-avions, pas besoin de téléobjectif pour le photographier. 
On a été le voir de très très près :

Photo Max Péron / les avions embarqués sur le Minsk étaient des avions à décollage court, un peu comme les Harrier britanniques.
Il y avait plein de monde sur le pont.

Photo Max Péron / presque la même photo mais prise à un autre moment, peut-être même un autre jour.
On est resté avec eux du cap de Bonne Espérance jusqu'à l'entrée dans les eaux territoriales du Mozambique devant Lorenzo Marques.

Photo Max Péron / un des autres navires d'escorte du Minsk, lui aussi photographié de très près.
Quelqu'un est-il capable de déchiffrer le nom de ce bâtiment ?

ça c'est du reportage photographique au top c'est même "collector" merci Max

Pour la dernière photo, c'est écrit 'MINSK' ... 117, sur la coque, comme les 2 premières d'ailleurs. Donc, à première vue c'est le même bateau...

Lino tu connais bien la langue russe

Merci Joël !
Exact Bruno Lino. Avec quarante ans de retard, je viens de le remarquer et j'étais sur le point de poster un nouveau msg.

Pour le porte-avions, no problem, il s'appelle bien MINSK.
Pour les autres bâtiments d'escorte, ce nom écrit en très grandes lettres à l'avant du bâtiment (et non pas à l'arrière) doit être le nom de la mission, de la Force ou quelque chose comme ça. Maintenant, en France, on dit bien "mission Jeanne d'Arc" alors que le nom du bâtiment est différent.

Photo Max Péron / Lino Bruno a raison : c'est bien la même inscription que l'on trouve sur la coque d'un navire d'escorte.

Photo Max Péron / En zoomant sur la photo originale (haute définition), je distingue parfaitement les marins russes et j'ai vraiment l'impression qu'ils sont en train de pousser à la force des biceps l'avion situé tout à gauche. Bizarre. Ils n'ont pas de tracteur de pont d'envol ?

Photo Max Péron / Même la nuit, on ne se quitte pas et le Commandant Bourdais navigue de conserve avec le Minsk ! 
Les Russes ne sont pas du tout d'accord mais le pacha ne leur a pas demandé leur autorisation.
A noter : les avions ont été rentrés.

Allons Max... Minsk.