Revenons au photo de Sylvain : je possède le livre "TAHITI SYLVAIN" j'ai scanné la magnifique vahiné que Jean Léon (message 573) a posté et je l'ai "modifié", le résultat est différent, chacun appréciera...

En premier je dirais comme d'autres l'ont souligné, que c'était l'odorat qui était sollicité car peut être nous n'avions plus l'habitude de respirer ces effluves envoûtantes, de tiaré, de pitaté ou jasmin de Tahiti, ou encore l'odeur du monoï qui se dégageait des chevelures de la vahiné.
(Il faut reconnaître que les tahitiens sont très propre corporellement, et que nous les popaas, n'avions pas toujours une très bonne réputation et les tahitiens avaient des termes qui n'étaient pas très élogieux à notre égard).
Je ne vais pas parler de l'odeur plus confidentielle du fafaru que l'on découvrait bien plus tard...

Ensuite, c'était l'ouïe.
Dès le premier soir à Papeete nous étions emportés par le rythme successivement endiablé ou langoureux de la danse (tamuré, valse, foxtrot) le son omniprésent de la musique tahitienne des guitares et des ukulélés, qui résonnait en passant devant tous les bars et dancings, impossible d'y échapper, et qui faisait le charme et l'ambiance torride des soirées papeetiennes.

La vue évidemment, c'était dans la journée, les couleurs du lagon, les paysages de rêves où l'on se fond en contemplation, la végétation luxuriante des districts, les fleurs, hibiscus rouges, bougainvilliers, roses porcelaine, le long des routes, mais en arrivant par la mer, c'était la silhouette typique de Mooréa qui se découpait sur tribord avec sa « dent de requin » et sur bâbord, les douces pentes et le fond des vallées couronnées par le diadème.
Et Papeete qui n'était pas encore trop très bétonnée, semblait assoupie sous la végétation, blottie aux pieds des collines verdoyantes.

Il y a aussi la beauté des gens, du type tahitien qui est magnifique, au front haut, au nez droit, aux yeux profonds, aux cheveux ondulés, à la belle corpulence, et à la peau dorée, un type qui m'a toujours questionné quant à leur origine (bien qu'en réalité il y avait plusieurs types selon les iles).
Et comment ne pas évoquer la démarche droite, gracieuse, un peu traînante et inimitable des tahitiennes des districts qui est fait d'un roulement imperceptible des hanches.

Ensuite vient le sens du goût avec la découverte des fruits tropicaux, mangue, papaye, ananas… du lait de coco, du poisson cru qui fond dans la bouche, et le poé bananes au lait de coco sans oublier le fruit de l'arbre à pain... mais aussi la cuisine chinoise de Tahiti, Chao Men, Kai fan… le goût enfin du punch maïtaï.
Et bizarrement pour moi, ce fut aussi à Papeete que j'ai découvert le tabasco ce délicieux condiment pimenté de Louisiane, et depuis je n'ai jamais cessé d'en utiliser.

Pour terminer le sens du toucher.
Là c'est plus difficile à évoquer comme sensation, la chaleur du soleil sur la peau, la caresse rafraîchissante de l'alizé, ou encore la moiteur des nuits tropicales qui marque tout nouveau débarqué ou la violence passagère des averses.
Mais j'ajouterai de mémoire, et sans me tromper que la peau des vahinés est extraordinairement douce et que cela est peut être du à l'habitude des massages au monoï dès tout petit.
Les mauvaises langues diront qu'ils ont goûté une autre forme du toucher tahitien que les caresses… je veux parler du « moto moto », la boxe, le coup de point, mais à l'époque ce n'était pas très méchant, une histoire d'hommes, on pouvait se réconcilier autour d'une bière.
Ça m'est arrivé pour avoir voulu un jour dans un bar parler tahitien, et au lieu de dire comment « é eha te huru ?
Comment ça va, j'ai dit « éa te huré » qui n'a pas du tout mais alors pas du tout le même sens !!! …