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    Message par † PILON Ven 21 Mar 2008 - 10:15

    Salut bosco,
    Je pense que tu veux parler de Google EARTH qui se traduit par une icône en forme de boule bleue rayée de blanc, déposée sur le bureau au chargement ?
    Je connais bien et je reconnais tout : les rues, les maisons, l'église que j'ai connue en construction etc..., les îlots de la côte sud, mais en ce moment l'image nous montre pas mal de nuages assez gênants.
    A moins que ce soit un autre site que tu m'indiques ?
    Connais-tu cet atoll ?
    Y a tu mis les pieds en service ?
    Quand tu étais sur le Blavet peut-être ?
    Merci
    André Pilon

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    Message par Invité Ven 21 Mar 2008 - 14:03

    J'ai embarqué sur le BLAVET en février 83.
    Cette année là nous avons eu 5 cyclones et 3 dépressions tropicales.
    Je voudrais bien savoir qui a nommée ainsi cet Océan ???
    Toujours est il que pendant cette année le bateau a ravitaillé beaucoup d'atolls sinistrés par les différentes intempéries.
    Nous restions à moins d'un mile de la côte et le transfert de matériel se faisait au travers des mats de charges et des 2 baleinières embarquées.
    Je me souviens que l'on nommait cette zone le triangle de fer (Muru, Hao et Papeete).
    Nous mettions plus ou moins trois jours pour aller de Papeete à Muru et nous nous arrêtions à Turea, Tematangui, Hérérétué, Réao, Hao, Anaa et je crois que j'en oublie sûrement.
    L'ambiance était très difficile sur le BLAVET ; le pacha était surnommé le J. R. du Pacifique Sud, le Cd Bobby et le chef Cd Sue Ellen (c'était l'époque de Dallas).
    Pour l'anecdote, un dimanche midi à la mer ; poste de combat au moment du repas : n'ayant pas rallié assez vite, il a fait rompre du poste et en a refait un autre dans les minutes qui ont suivis.
    Les matelots manœuvres appelés ont lancé un mouvement de grève et il à fallu la négociation du chef de service et la promesse que l'on nous lâche un peu la bride pour qu'ils se remettent au boulot.
    Ils voulaient que je prolonge ma campagne, mais j'ai refusé, on comprend pourquoi.
    Mais malgré cela de très bons moments, de très bons copains et le plaisir de manger tous les soirs en regardant le soleil se coucher sur Mooréa quand nous étions à quai à Papeete.
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    Message par † PILON Ven 21 Mar 2008 - 15:02

    J'ai subi ces tempêtes et cyclones tropicaux de 82/83 à Mururoa, ce ne fut pas de l'amusement non plus.
    A la suite de quoi, comme il y a eu trop de casse, les autorités ont décidé de construire un mur autour de l'atoll.
    En effet, n'est-ce pas ?
    Cet Océan malgré son nom est bien loin d'être Pacifique.
    Pour répondre à ta question, je pense que tu n'es pas sans savoir que c'est Magellan qui l'a ainsi nommé car quand il y a pénétré en 1520 après l'avoir découvert ; il en avait jamais vu de si calme dit-on.
    Il s'est mis le doigt dans l’œil jusqu'au talon, et nous le maudissons, mais il n'y peut rien, le pauvre.
    c'est vrai, et je ne sais pas si ce fut ton cas, mais il y a encore des gens qui prennent le mot Pacifique pour un réel qualificatif appliqué à cet Océan.

    Je vois que malgré les avatars du BLAVET tu es loin de regretter ta période polynésienne et tes itinéraires dans les tuamotus.

    As-tu des photos de Reao, Tureia ou Puka puka à terre ou de la mer ?
    Éventuellement, tu pourrais me les scanner.
    André Pilon


    Dernière édition par PILON le Sam 22 Mar 2008 - 13:59, édité 3 fois

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    Message par † PILON Sam 22 Mar 2008 - 13:41

    Le pain au ciment.

    Tous ceux qui ont été affecté à la station météo de Reao avant 1968, ont connu l’ancienne église, c’est-à dire celle qui fut construite par les premiers missionnaires dans la seconde moitié du XIXème siècle, lors du regroupement des populations au village de Tapu Arava, tel que nous le connaissons maintenant.
    En fait, me disait Teaka Pou, un Reao, qui, dans notre marine, fut retraité second-maître de manœuvre, membre des FNFL sur l’aviso Commandant Drogou  et décédé à l’hôpital de Mamao en 1971, le nom de notre village est Pua Kiri Kiri, un cartographe à inscrit sur la carte Tapu Arava qui est le nom d’un marae local, le nom est resté.
    Quand, depuis la rue vous faisiez face à la porte principale de cette église dont l’architecture était bien terne, et qui ressemblait, vu de l’extérieur, plus à une grange qu’à un édifice religieux, vous remarquiez, sur la gauche, un petit portique de deux bons mètres de hauteur surmonté d’une modeste toiture couverte en fara ou en nikau.
    Accrochées au haut de ce portique se trouvaient deux cloches, l’une assez petite, à gauche, la seconde un peu plus importante, à droite ; cette dernière pouvait bien faire quarante centimètres de hauteur.
    La plus petite appartenait au clergé, la seconde était une cloche marine et provenait d’un navire.
    Comme cette dernière avait un volume sonore beaucoup plus important et un meilleur timbre que sa compagne de gauche (sans arrière pensée politique), c’est de celle-ci dont se servait Tetuanui Moearo, le catéchiste, pour appeler les fidèles aux nombreuses prières et avant de donner les directives du tavana après la messe du dimanche, les corvées diverses de balayages ou d’arrachage d’herbe dans le cimetière ou ramassage de crottes de chiens dans les rues.
    Cette belle cloche provenait donc d’un navire qui s’était un jour brisé sur les récifs de Reao, et sur sa panse on y lisait : SAVERNAKE LIVERPOOL.
    Pour approfondir le sujet, je vous livre ce que l’on peut lire dans un ouvrage datant de 1908 que j’ai en main et qui a pour titre : « La congrégation des pères des Sacrés-cœurs dite de Picpus », un écrit tout à l’honneur des Reao :
    Citation : Le 14 novembre 1901, un navire anglais, le SAVERNAKE, se brise sur les récifs de Reao.
    Les naufragés, terrifiés à la pensée de tomber entre les mains d’anthropophages, se hâtent sur des canots de gagner la haute mer.
    Crainte injustifiée puisque les insulaires les invitent cordialement à venir.
    Mais comment se faire comprendre ?
    Une belle inspiration traverse l’esprit du chef.
    Il court chercher le drapeau français dont il a la garde et il l’arbore au sommet d’un cocotier.
    A cette vue, les marins anglais se reprennent : « si la France est là, il n’y a rien à craindre ! » et ils virent de bord vers ce peuple qui leur donne des marques de la plus haute sympathie, au point de se priver même de nourriture pour assurer pendant deux mois la subsistance des infortunés voyageurs.
    Ces derniers tombent sous le charme des indigènes dont les femmes sont chastes et la conduite exemplaire.
    Le Président de la République, informé par les marins, heureux témoins de ces merveilles de dignité et de charité chrétienne, envoie pour les chefs cinq médailles de sauvetage ; fin citation.
    Le récit des missionnaires, un peu enjolivé selon moi, ne nous dit pas s’il y avait une tempête quand ce navire de commerce s’est mis au sec.
    Je pense qu’il y avait quelques chose comme une dépression tropicale ou un cyclone.
    En effet, au mois de novembre nous sommes en pleine saison où se forment ces phénomènes ; de plus le bateau dont les tôles sont toujours là, environ à un kilomètre à l’ouest du village se trouve parmi les cocotiers, enfoui dans les cailloutis apportés par la mer.
    Il ne serait pas rentré tant à l’intérieur par niveau normal des eaux.
    Il avait donc une montée des eaux importantes comme il s’en produit dans un cyclone par exemple.
    Une anecdote m’a donc à ce sujet été racontée par Teaka Pou, qui avait pour nom de baptême Makario (ou Macaire) car né un 19 janvier.
    C’est elle que je voulais vous livrer, comme indiqué dans le titre de mon écrit.
    Tout ce qui était à bord du Savernake devint donc la propriété des habitants de notre atoll.
    Comme dans les années précédentes, avec l’éducation missionnaire reçue, ils avaient fait connaissance avec la farine de blé, ils avaient donc appris à la travailler et à en faire du pain.
    C’est à partir de cette époque qu’ils découvrirent aussi une façon polynésienne d’employer la farine : la fabrication du ipo, ce « gâteau » auquel nous avons tous goûté en les fréquentant, sans en faire notre gourmandise principale.
    Comme dans l’épave du Savernake, il y avait un stock de ciment, me dit donc un jour Pou, les Reao, croyant que c’était de la farine, en formèrent des boules de pain comme ils savaient faire.
    Cette « farine », comme celle qu’il connaissait, était aussi fine, aussi onctueuse ; un peu moins blanche tout de même, elle se laissa tout pareil facilement travailler et ils mirent les boules à cuire dans leur four de fabrication locale.
    Bien entendu la surprise fut marquée au défournement.
    Ce pain gris qui n’était point croustillant du tout, était des plus durs et immangeable et ce, malgré les bonnes et puissantes dents de nos amis paumotu.

    Voici l'église tel qu'elle se présentait jadis.

    Sortie de messe un dimanche vers 11 heures 30, à gauche : le portique supportant les deux cloches en question qui sont bien visibles.
    On distingue au premier plan, en robe rose : Ioana Kehagatoro, au milieu, face à la porte, en robe jaune Eritapeta Faumea a Taiariki.
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    André Pilon


    Dernière édition par PILON le Mar 25 Mar 2008 - 14:04, édité 4 fois

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    Message par KRAUSSE Dim 23 Mar 2008 - 18:06

    Bravo André.
    Toujours émerveillé par les récits d'André, animés et plein de vie, on s'y croirait encore sur ce bel atoll.
    Quelle mémoire, quelle dextérité dans le maniement de la plume, que de souvenirs ressurgissent grâce à toi.



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    Message par † PILON Mar 25 Mar 2008 - 17:15

    Un moyen de transport inédit d'un atoll à l'autre.
    Voici une photo prise sur la DZ de Reao, si mes souvenirs sont bons c'est aux tous premiers jours de juillet 1967.
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    Pendant les mois précédents une compagnie de travaux du 5ème RMP à construit un abri anti retombée à Puka Rua, l'atoll frère qui se trouve à cinquante kilomètres dans le nord ouest, et aujourd'hui, ils débarquent pour bâtir celui de Reao.
    Naturellement, comme un bateau n'entre pas dans le lagon de Reao tout le matériel nécessaire pour construire ce grand bâtiment, la compagnie de travaux et tout leur matériel ainsi que leurs vivres sera débarqué avec deux Alouettes.
    Il n'y a rien d'étonnant et l'on a déjà vu cela plus de cent fois me direz-vous, mais chacun sait et nous l'avons lu dans un des posts ici même de Puka Rua, trois légionnaires avaient enfourné leurs vahinés dans des caisses et elles firent le transit dans le LST et au cul de l'alouette comme tout autre matériel ou lot de bord.
    Sur la photo à droite, nous voyons plusieurs caisses groupées ; je ne sais pas si les filles sont dans celles-ci, mais elles sont passées par là assurément.
    Les caisses, parfaitement étiquetées, ont été bien vite évacuées vers un lieu de stockage par la diligence de tous ceux qui étaient dans le secret et sous la surveillance de l'adjudant-Chef.
    Entreposées à quelques distance de la DZ, les caisses furent bien vites ouvertes et les demoiselles se carapatèrent au village.
    Les mauvaises langues diront plus tard qu'il n'y avait que deux personnes qui n'étaient pas dans le secret : le commandant du navire et le capitaine de Compagnie de la Légion.

    André PILON


    Dernière édition par PILON le Ven 11 Avr 2008 - 23:07, édité 9 fois

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    Message par KRAUSSE Mar 25 Mar 2008 - 17:32

    Bien la photo André.
    Salut à toi.




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    Message par † PILON Mar 25 Mar 2008 - 20:34

    Quelqu'un parmi les anciens a-t-il des photos de la TORTUE de Reao ?
    Je m'explique : pour la première série de tirs en 1966, tous aériens, il n'y avait pas d'abri à Reao, mais une espèce d'énorme tente spéciale, de couleur jaunâtre, aménagée en protection fut installée sur la DZ entre la météo et le village.
    Pour la seconde série de 1967 qui comportait trois tirs, il n'y avait pas d'abri anti-retombées.
    La compagnie de travaux était alors entrain de terminer celui de Puka Rua.
    J'étais alors chef de poste et chef météo, aucune précaution spéciale ne fut prise pour Reao, j'avais simplement pour consigne de dire au TAVANA  qu'un tir avait eu lieu.
    C'est pour les tirs de 1968 que l'abri Pantz de Reao qui était terminé, reçut le personnel du village et de la station.
    J'aimerais donc retrouver des photos de la tortue, j'en ai vu une ces jours-ci sur Internet, elle était sous forme de miniature, il n'y avait pas moyen de l'agrandir.

    André Pilon

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    Message par MONNET William Mar 25 Mar 2008 - 21:38

    Super tes récits André, j'espère qu'il y en aura d'autres.
    J'ai bien avancé sur ta demande je te posterai cela vendredi, je suis en déplacement professionnel demain.

    William

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    Message par † MARECHAL Mar 25 Mar 2008 - 21:49

    Salut André - A Rikitéa aussi ont nous avait monté une "tortue" à la même époque pour les tirs de 1966. Malheureusement, je n'ai pas de photos non plus.

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    Message par † PILON Mer 26 Mar 2008 - 21:30

    Voici un conte que j'ai écrit il y a une dizaine d'années.

    L'île où il n'y a pas de serrures sur les portes.      

    Nous sommes au mois de janvier 1875.
    Une  goélette navigue dans l'Océan Pacifique poussée par le vent alizé, ce bon vent d'Est qui est celui du beau temps dans cette région du monde.
    C'est un petit navire qui navigue à la voile parmi les 80 îles de l'archipel des Tuamotu pour y faire du commerce.
    Spoiler:


    Dernière édition par PILON le Jeu 27 Mar 2008 - 11:30, édité 6 fois

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    Message par MONNET William Mer 26 Mar 2008 - 21:41

    Salut André,

    Encore une superbe page,un régal à lire et à relire,continue on est preneur.

    En est il de même en 2008 ?: espérons que la "plaie pognon" ne pollue pas trop vite.

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    Message par jean-claude BAUD Mer 26 Mar 2008 - 21:53

    Une bien belle histoire.. ☀
    André :cheers:



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    "Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
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    Message par † tataio Jeu 27 Mar 2008 - 18:57

    j'ai comme l'impression que notre ami André est en train de nous concocter quelque chose ....
    mis bout à bout, tous ces contes et autres anecdotes feraient peut-être un bouquin ?
    qu'en pensez-vous ? et toi André qu'en penses-tu ?
    tataio


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    Message par † MARECHAL Jeu 27 Mar 2008 - 21:26

    Salut à tous - Moi j'en pense qu'André doit faire plus que d'y penser en se rasant le matin...
    Dit moi André, ces contes, sont le fruit d'histoires qu'on t'a raconté là-bas ou seulement le fruit de ton imagination. En tout cas pour beaucoup d'entre nous, l'Aranui était bien réel et souvent nous partagions le plaisir des habitants de le voir arriver.

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    Message par † PILON Jeu 27 Mar 2008 - 22:25

    Salut laurent
    Ce dernier post, l'histoire des serrures est un conte, il est de mon imagination totale. Je l'ai conçu en ayant remarqué qu'il n'y avait pas de serrures sur les portes (en 1967), je l'avais écrit pour le bulletin municipal quand j'était maire adjoint de mon village.
    j'ai donc pensé que les commerçants itinérants pouvaient bien essayer de leur en vendre puisque la majeure partie des objets qu'ils leur vendaient étaient inutiles aux Pomotu.


    Oui TATAIO, et bonjour aussi, je suis entrain d'écrire un ouvrage, le 3ème.
    J'ai édité le second seulement, c'est un ouvrage sur mon enfance, j'y fais pas mal de digressions sur la marine ; 490 pages.
    Le troisième, en cours et bien avancé, dont je ne connais pas encore le titre sera : "Histoire romancée d'un peuple polynésien qui en 100 ans passa de l'Âge de la pierre polie à l'ère atomique". Il est question du peuple de l'atoll Reao.

    Cela on ne peut l'oublier car en 1864, ils en étaient à l'outillage de pierre, de coquille, de bois et aux pirogues en planchettes cousues entre elles ; les misssionnaires n'étaient pas encore arrivés chez eux et en 1964, cent ans plus tard, ayant déjà assimilé notre dieu, l'emploi de notre outillage, une grande partie de nos vices et nos vertus, s'en allaient à Mururoa, à Hao ou à Fangataufa pour participer à l'élaboration de l'arme nucléaire.

    André Pilon


    Dernière édition par PILON le Ven 28 Mar 2008 - 18:11, édité 1 fois

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    Message par payet Ven 28 Mar 2008 - 17:05

    Bonjour à tous, cette vue se papeete le long de la côte me rappelle le 14 Juillet c'était en 1965 sur le Protet avec tous ces stands le long de la route,et il fallait des tickets pour rentrer et danser cela durer toute la nuit et à l'aube que de souvenirs.

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    Message par † PILON Ven 28 Mar 2008 - 17:48

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    Nota : quand on fait face à la mer, on fait grossomodo face à l'Ouest.

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    Voici succinctement en deux croquis le plan de la station météorologique de Reao telle qu'elle existait en 1967. La station qui fut construite en 1966, sur l'emplacement de l'ancien hôpital des lépreux.
    Le premier de ces croquis est la partie de l'établissemnt côté village.
    Il ne faut pas tenir compte des cotes mais simplemnt des emplacements les bâtiments.

    1 - Bureau et chambre du chef de poste
    2 - Bureau et chambre des gradés météos
    3 - Logement des hommes du rang
    4 - Citerne en service pour récupérer les eaux de pluies.
    5 - OT7, bâtiment installation et logement SMSR
    6 - Sanitaires
    7 - Cambuse
    8 - Cuisine
    9 - Refectoire
    10 - Salle météo observations
    11 - Salle météo radiosondages
    12 - Hangar HV9 : gonflement ballons, stockage matériel météo, fabrication d'hydrogène
    13 - Bâtiment en dur de l'ancien hôpital (logement homme ou femme en traitement permanent), la toiture n'existe plus.
    14 - idem
    15 - Station radio et logement du personnel trans armée de terre
    16 - Barraque Fillod désaffectée.
    17 - HV 9 dans lequel est stocké la Tortue, abri retombées pour 1966
    18 - Tour Rawin
    19 - Vieille citerne désaffectée
    20 - Vieille et grande citerne dans le sol.
    21 - Tour Radar
    22 - OT 7 radar, locaux travail et ateliers
    23 - Local groupes électogènes ( 4 groupes de 20 kwa)
    24 - Bâtiment de l'ancien hôpital ( infirmerie),sans toit comme les deux autres.
    25 - cimetière des malades.
    26 - Eglise en construction, abandonnée, murs d'un bon mètre de hauteur et qui servait de parc à cochons occasionnellement.
    27 - Vestiges de la murette d'un mètre de hauteur qui entourait le périmère de l'hôpital léproserie.

    Travaux exécutés dans le laps de temps des trois ans qui suivirent :
    Démolition par les gens du village, ordonnée par l'OPP, sous les ordres du chef de poste, des deux bâtiments de l'hôpital 13 et 14

    Comblement de la grande citerne qui était en site négatif, avec les gravats du bâtiment 13

    Construction d'une station observation à peu près sur l'emplacement de cette citerne comblée

    Construction d'un faré pour le chef poste dans le triangle formé par 12, 11 et 24 mais assez proche de la murette.

    Construction d'un bâtiment pour sous-officiers, environ sur l'emplacement du bâtiment 14.

    Réaménagement de la Fillod n°16 : logements et cambuse

    André Pilon

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    Message par † PILON Mar 1 Avr 2008 - 9:26

    Un REAO méconnu.

    Dans le courant du mois d'avril 1967, alors que la vie du poste météo et du village allait son petit train-train, ravitaillé par un hydravion catalina par quinzaine et un bateau de la Marine nationale par mois et en plus une ou deux goélettes à coprah qui apportaient de la distraction tant pour nous que pour le village, j'apprends par les gens de la bourgade l'arrivée de Pou. Ne prononcez pas pou, comme un toto, mais PO-OU. Comme tout le monde en parle, j'en conclus qu'il doit être un personnage éminent.
    En effet, s'il était resté sur son île, il serait devenu de chef de la grande famille Te Aka, d'où son surnom, Pou (pilier), pilier de la famille sans doute ?
    J'ignore si Pou était son prénom polynésien, mais son igoa papetito, son nom de baptême c'était : Makario (Macaire).
    Au temps de son enfance et de son adolescence le prêtre qui desservait ces îles lointaines dont Reao était le père Mazé, celui qui deviendra monseigneur Mazé, Evêque d'Ascalon et de Tahiti.
    le père Mazé, que l'on a appelé - à l'instar du père Damien à Molokai - l'aumonier des lépreux pour les soins apportés aux malades de Reao, remarqua l'intelligence du garçon, le fit venir à Tahiti où il s'engagea dans la Marine nationale comme manoeuvrier.
    Lors de sa venue nous eûmes de longues conversations ensemble, nous devînmes amis. Il me raconta sa carrière qui s'est déroulée en partie sur le territoire ; il avait fait partie des FNFL. Il avait dans sa chambre une photo de l'aviso commandant Drogou sur lequel il avait fait les convois USA-Mourmansk sur l'Atlantique Nord et par tous les temps, sans arrêt ou presque aux postes de combat.
    Sur le territoire en tant que manoeuvrier il avait introduit des baleinieres dans toutes les passes et passé par-dessus tout les récifs des atolls. Le stationnaire de jadis, la Zélée, n'avait pas de secret pour lui.
    Cet homme n'était pas très grand mais il était de gabarit hors normes, ses bras étaient aussi gros que des cuisses et ses cuisses et ses jambes... des troncs d'arbres.
    Ses mâchoires ! On nous a dit que les paumotu étaient cannibales, si cela est vrai, une mâchoire comme la sienne devait croquer allégrement les os lonngs comme les os courts.
    Voici copie d'une photo du second-maître TEAKA et d'un texte rédigé par feu le père Patrick O'Reilly, pour les besoins de son livre : "TAHITIENS" (société des océanistes N°36)

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    Message par † PILON Jeu 3 Avr 2008 - 11:50

    Débarquement sur le récif d'un Atoll

    La Polynésie Française compte 78 atolls, 44 seulement possèdent une ou plusieurs passes par où peuvent y pénétrer des navires d’importances différentes. Sur les autres îles de ce genre, comme Reao, on ne peut aborder qu’en baleinière.
    Pour arriver par mer sur un atoll sans passes, les baleiniers jonglent chaque fois avec la houle, avec les vagues ; c'est le même exercice toujours renouvelé car sur ces rivages, il est bien rare que la mer soit totalement calme. De tous les secteurs de l'horizon, autant de l'hémisphère Nord que de celui du Sud, des houles se font sentir en permanence. Arrivant du fond de l'Océan Pacifique, elles viennent déferler sur les rochers bordant ces îles, en s'y brisant pour s'amortir et y mourir.
    Les barreurs savent bien, et en font leur profit, que les trains de houle comportent presque toujours le même nombre de vagues selon l'état de la mer ; que les vagues du milieu de la série sont les plus grosses et les plus rapides, avec une dominante de vitesse en plein centre du train. Nous verrons la baleinière chevaucher la crête de l'une de cette vague centrale qui la déposera sur la partie aplanie du récif.
    le mot baleinière est une appellation impropre ; ce sont en fait de gros canots très solides, aptes à encaisser des coups sans broncher. Ce sont des baleiniières de récifs.
    Le chef baleinier emploie donc la force liée à la vitesse de déplacement de cette lame centrale, afin que celle-ci transporte l'embarcation en surf, jusqu'au rivage, après l'avoir juchée, de main de maître sur celle qui lui semble propice. La notion de vague propice étant vraiment liée à l'évaluation du pilote ; liée au seul jugement hautement professionnel de celui qui tient la barre en main.
    Pour opérer avec la plus grande chance de succès, le marin qui a repéré cette vague-là oriente sa baleinière perpendiculairement à la direction d'où vient la houle, cap vers le point où il a prévu atterrir et s'échouer. En actionnant souplement la poignée du moteur, il lui fait prendre en direction de la côte, la même vitesse que ces vagues. Mais celle qu'il a jugée propice arrive sur son arrière et de plus en plus vite, il accélère tout juste ce qu'il faut pour se laisser rattraper par elle.
    Au moment ou il se sent soulever de l'arrière, il augmente la puissance de son moteur du strict nécessaire lui permettant de rester sur l'avant de l'onde. Celle-ci se rue de plus en plus vite vers le rivage en augmentant sa cambrure, parfois à la limite du déferlement et l'embarcation est ainsi portée à dos de vague vers son lieu d'échouage, le moteur devenu inutile étant ramené au ralenti, mais tout prêt à accélérer s'il le faut. Elle est maintenue en direction du passage qui, à Reao, avant quelques travaux d’aménagement qui ont eu lieu, était bordé de deux rochers menaçants et réellement dangereux.
    Cette manœuvre délicate ne doit pas être manquée ; il est trop tard pour faire demi-tour ou marche arrière. Alors, plus d'hésitation, on fonce ! Une opération manquée se solde par une baleinière en travers du train de houle et avant trois secondes, elle sera renversée et roulée dans les déferlantes. Cet accident arrive parfois, alors tout le chargement, matériel et personnel est précipité dans l'océan, avec les risques graves qui en découlent, au vu de la proximité du mur de roches. Il y a parfois mort d’homme. Mais le chef baleinier, aussi à l'aise dans son canot que les surfeurs sur leurs planches à la plage de Waikiki, à Hawai, sait qu'il à réussi, un sourire de satisfaction, pendant tout le temps de l'ultime manoeuvre se dessine sur son visage d'artiste.
    Pendant cette ultime manœuvre d'échouage, les passagers qui sont tous installés tant bien que mal, grimpés et casés sur les marchandises : sacs, fûts, caisses ou emballages divers, sont tendus, principalement les européens qui franchissent le récif pour la première fois ; il y a bien de quoi car c'est vraiment impressionnant ! Plus personne ne parle et chacun abaisse son centre de gravité et pose instinctivement les mains sur un de ces colis - excepté les loups de mer qui forment l'équipage - pensant se préserver ainsi d'une chute à la mer.
    Aussitôt que la baleinière commence à racler le rocher de son fond renforcé, le freinage est brutal, elle est stoppée en quelques mètres. A l'imitation des hommes de l'équipage, les passagers sautent à l'eau, immergés jusqu’au haut des cuisses, parfois jusqu’au ventre, afin de prêter main-forte pour la retenir pendant que la lame s'étale sur le platier et que l'eau s'en retourne à l'océan. L'embarcation non fixée pourrait être attirée vers le large par le reflux parfois violent.
    Avec un puissant moteur hors-bord installé sur un tableau fixé à l'arrière de solides canots, ce travail en surf sur les grosses vagues est un jeu pour les marins polynésiens ; la mer qui est leur environnement naturel en a fait un peuple d'amphibies. Il y a quelques années encore, ces débarquements étaient réalisés à la rame et à la force des bras et des poignets des hommes composant l'armement. De nos jours, les avirons sont disposés à portée de la main, en secours et tout prêt pour l'emploi, parés à pallier une possible défaillance du moteur. Cela arrive parfois, les hommes toujours en alerte y remédieront promptement, écartant le danger de chavirage.
    Cette fois-ci, la manœuvre vient de réussir ; toujours immergé jusqu'à mi-jambes, équipage et passagers maintiennent la baleinière dans sa position d'échouage, alors que l’eau ayant envahi le récif reflue vers le l’océan. Une partie des villageois présents s'approche et tous ensemble, dans un effort coordonné par le pilote, ils la poussent par à-coups sur le platier, sur lequel demeureront quelques centimètres d'eau, et de façon à l'amener au rivage, à proximité de la zone caillouteuse. Les vagues qui continueront d'arriver du large et qui se répandront comme la précédente l'allègeront de temps à autre et faciliteront ce travail de ripage.

    André Pilon

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    Message par † tataio Sam 5 Avr 2008 - 11:48

    André bonjour,
    ragarde ce que je viens de trouver sur un vieux "semeur" datant de 2005
    tataio

    Reao
    Vendredi 22 juillet, arrivée par le « Kura Ora III » du corps de Apolina TEAKA décédée à 21 ans, dans un accident de la route à Ermenonville (France). Du quai à la maison familiale, la population avec le missionnaire, itinérant Père Maurice, accompagnaient la dépouille mortelle avec chapelet et chants dans une grande piété. Veillée mortuaire de 19 h à 6 h du matin. À 14 h, le 23 juillet, messe. À défaut de tavini tane, des tuahine paari furent choisies pour porter la croix et l’eau bénite. L’église Saint Augustin n’était pas à cette occasion assez grande pour accueillir la population. Du jamais vu à Reao ! À 15 heures, ce fut l’inhumation au cimetière. À 15.30 h, le ciel si bleu, se noircit et la pluie fine tomba.



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    Message par † PILON Sam 5 Avr 2008 - 17:06

    salut Tataio

    Oui j'étais au courant, du décès de cette personne, membre de la famille Teaka dont je parle plus haut, mais que je ne connaissais pas.

    Tu peux noter aussi, si tu ne le sais déjà, le décès de l'institutrice, madame Apolina Arakino, il y a environ deux ans et dont la fille Marie est la responsable paroissiale à Reao. Je ne sais pas si elle a le titre de Katekita.


    Le tavana des années 60/70, Martial Takararo est mort lui aussi, ainsi que Tepano Moearo, katekita piti, qui se disait "papa météo" car il ne nous laissait pas manquer de langoustes.

    Par contre je crois que celui qui a rédigé l'article se gourre un peu quand il nous dit que l'église n'était pas assez grande.
    l'église a été construite par le père Victor afin d'y caser toute la population de l'ile et qui est toujours au complet pour les principaux offices, des réunions qui ont un caractère obligatoire.

    A moins qu'il y ait eu du monde d'ailleurs, mais d'où ?

    André Pilon


    Dernière édition par PILON le Lun 14 Avr 2008 - 21:40, édité 1 fois

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    REAO,  l'écho d'un lointain lagon. - Page 3 Empty Gentil bizutage

    Message par † PILON Jeu 10 Avr 2008 - 18:20

    Un gentil bizutage à Reao

    Ce fut un bizutage dont j’ai été la victime, mais qui fut très gentil au demeurant.
    Le 28 janvier 1967, j’arrivai à Reao par catalina. Se trouvaient avec moi dans l’appareil l’adjudant Massé, des trans, qui rentrait de repos et le sergent (peut-être chef) de l'ALAT, Bortolaso, nouvel affecté qui venait de Hikueru. Ceux qui ont connu Borto se souviendront de son surnom Reao, donné par les gens du village : Boum boum mora.
    En ce temps-là, alors que le chef de poste était le météo, on peut dire que c’était le bon temps ; quand il y avait un ou plusieurs partants, un tamaaraa était organisé à la station. On dressait la table dans la cour et on y invitait tous ceux qui fréquentaient le personnel de la météo. On s’est trouvé parfois avec une centaine d’invités.
    Cela ne nous coûtait pas trop cher car les villageois allaient à la pêche pour alimenter la soirée. On aurait ainsi sur la table : des langoustes, du poisson cru et cuit ; un jour nous eûmes une tortue cuite au Ahii maa, le four polynésien. Nous fournissions quelques boîtes de pâté hénaff d’un kilo (le pâté du mataf), des sardines à l’huile, du fromage australien ou neo-zélandais chesdale ainsi que du vin rouge que l’on sucrait dans une bassine grande pour un régiment. Inutile de vous démontrer, vous le savez, que tout ce qui sortait de notre cambuse était le bienvenu pour nos amis paumotu. La fête ne finirait que tard dans la nuit quand il n’y aurait plus rien à manger et surtout rien à boire ; on en a même vu encore à table quand les météos se levaient en même temps que le jour, pour le sondage de six heures.
    Nous pouvions avoir un cochon, mais ce cochon, le chef de poste le payait à son propriétaire grâce aux possibilités d’achat direct dont il disposait.
    Quelques jours après mon arrivée, on devait fêter le départ de Bill, le premier maître Lecomte, et chacun selon son aptitude et son temps libre préparait la soirée.
    C’est alors que quelqu’un me dit : il va falloir que tu fasses la prière avant le repas, les Reao la font toujours et ici, c’est comme si tu étais le chef de famille ; c’est toi qui la fait.
    Par la suite et sans tarder je me rendrai compte que chez Maruake, chez Takina ou autre Tetuanui, personne, pas même un enfant ne toucherait au plat de poisson, au plat de ipo, ou autre nourriture tant que le chef de la maisonnée n’a pas prié, une prière à laquelle tout le monde présent participe.
    Moi, d’emblée je n’avais pas envie de faire la prière, mais je ne pensais pas que cela pouvait être une farce et, comme Bill Lecomte me disait, en insistant un peu : « tu sais moi je l’ai faite en arrivant, et puis bien d’autres fois, c’est pas sorcier. Si on fait un kai kai au village, en général, c’est Tepano qui prie mais ici, il ne peut pas ; il te laisse la place ». Et puis comme il était dans le coup jusqu’au bout « si tu veux, je vais t’aider à la préparer, ajoute-t-il sans rire du tout ».
    Il se trouve que pendant la bonne vingtaine de jours que j’avais passés à Tahiti, mon esprit curieux de connaître le milieu inconnu dans lequel j’allais être projeté m’avait poussé à me documenter sur la vie des gens des atolls, et j’avais eu connaissance de leur religiosité et de leur coutume de prière avant les repas.
    J’étais donc conditionné pour que ça morde parfaitement.

    Au moment du repas, je récitai donc une prière de mon invention en allant rechercher les termes qui pouvaient subsister au fond de mon crâne du temps ou j’allais au catéchisme.
    Je crois bien que tout le monde était dans le coup, sauf moi.
    C’est Bill qui donna le signal :
    - Le patron météo va faire pure, la prière.
    Tout le monde se tut, et tout le monde fit le signe de croix, m’imitant parfaitement.

    En gros, voilà ce que fut cette prière avant le repas :

    Bénissez, mon Dieu, ce repas que nous allons prendre en commun et dans une parfaite amitié avec nos amis reao. Faites, Seigneur, que cette abondante nourriture serve à réparer et entretenir nos forces afin de pouvoir encore mieux vous servir dans l’avenir.
    Ainsi soit-il.

    Et, derechef, toute l’assistance fit avec moi le signe de la croix, et PERSONNE NE RIT.
    En tant que "faux ex futur curé", javais bien dirigé mes ouailles.

    A son tour, Tepano prit la parole pour la véritable prière, qui fut dite en Paumotu, à laquelle je n’ai rien pigé, mais qui ne fut pas plus longue que la mienne.
    Je commençai à comprendre que l’on m’avait bien eu.
    Et Tepano qui, à Reao, est le katekita piti, le second catéchiste, termina par : amene, amen.
    Ce dernier mot fut le signal de la ruée sur la sangria dont les premiers verres ne firent pas long feu, et sur les langoustes dont les carapaces bien rouges craquaient joyeusement.

    André Pilon


    Dernière édition par PILON le Mar 22 Avr 2008 - 11:41, édité 1 fois

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    REAO,  l'écho d'un lointain lagon. - Page 3 Empty Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.

    Message par † PILON Sam 19 Avr 2008 - 15:24

    Une pêche magique

    Il y a quelques jours dans le post sur la goélette Vaitere, les marara, les poissons volants, ont été évoqués, ainsi que le bateau du SMCB du même nom : Marara, que commandait dans les années 80 le commandant Coulon, le même capitaine de l'Oiseau des îles qui me conduisit à Puka Puka à la mi 70.
    Mais je voulais vous parler de ces poissons volants.
    Certains d'entre vous savent que je suis entrain de suer sang et eau en essayant d'écrire un ouvrage romancé dont l'action se déroule à Reao.
    Ce roman se déroulera sur une bonne centaine d'années, de 1865 à environ 1970.
    j'y inclus, pour un soir, une pêche au marara... je vous la livre en première mouture.



    ... Mais parfois l’influence de ces devins est bénéfique (il s'agit des tahunga, sorciers locaux), comme nous allons le constater prochainement par un soir de nouvelle lune avec la pêche miracle à laquelle nous allons assister. En effet, l’un de ces sorciers des environs de Tapu Arava ( un lieu-dit qui deviendra le village) s’est bien distingué, il ne s’est pas trompé dans ses accointances avec la lune, ce soir-là ; ce qui lui laissera encore un peu de puissance dans l’avenir pour contrer les missionnaires. Il prédit que ce jour de lune noire, c’est-à-dire le jour de la nouvelle lune, on pourrait accomplir une pêche miraculeuse sur les récifs et sur toute la frange Nord de l’atoll. A condition d’y participer en grand nombre, il y aurait du poisson à manger à foison pour les trois à quatre jours à venir, et même plus si l’on conservait une partie des prises dans les parcs installées sur les bords du lagon.
    Il fallait donc impérativement se préparer car ces devins sont très forts quand il s’agit de la pêche, leurs prévisions sont basées sur l’observation de la nature, il n’y a rien de secret, et l’on ne pouvait refuser les aubaines alimentaires de ce genre qui ne sont pas des plus courantes.
    En effet, ce soir-là, il s’agissait de capturer des marara, des poissons volants qui, sitôt cette nuit noire, selon la prévision, seraient en grand nombre, en bancs, dans les parages et tout près de la côte.
    Toute la population fut donc conviée à s’organiser, l’information fut lancée aux quatre coins de l’horizon et répercutée d’arbres en arbres.
    La manœuvre pour cette pêche est très simple : certains vont se poster juste au bord du récif, tenant à la main une torche de branchage bien sèche, imprégnée d’huile et de graisse. Les marara, qui seront en grande quantité et nageant non loin du récif, comme intrigués par cet étrange éclairage, vont prendre leur vol plané ; ils vont se précipiter vers cette source de lumière qui les attire, mais vont retomber bêtement et lourdement sur le plateau rocheux où des aides vont les ramasser, les mettre dans des paniers et les porter ensuite dans les réserves.
    Toutes les tribus participent donc à cette opération alimentaire, chacune dans son secteur. Alors qu’il fait bien sombre, le ciel étant seulement étoilé, les hommes qui sont munis chacun d’une longue torche vont l’allumer auprès des porteurs de feu qui tiennent un tout petit brasier dans un récipient spécial fait de coquilles de bénitier ou de nacres. Il fait très beau, la marée est basse, le récif est presque à sec Comme prévu par les chefs de pêche, les porteurs distributeurs de feux sont alignés tout le long du récif Nord, sur une vingtaine de kilomètres, sur toute la longueur de l’atoll. Les longues torches, confectionnées artistiquement et de façon à ce qu’elles durent assez longtemps, sont allumées presque toutes en même temps et sur toute la côte. Ces hommes, avec plus ou moins de facilité, selon la configuration rocheuse, s’approchent du tombant du récif, en bordure de l’océan. De leur main libre, ils aèrent cette matière sèche afin que la timide flammèche, reçue de l’aide porteur de feu, alimentée par la paille et la matière grasse, prenne de la vigueur et devienne une flamme intense ; le flambeau est alors brandi à bout de bras.
    C’est probablement un phénomène identique que les premiers navigateurs occidentaux, arrivant de nuit dans les parages des îles océaniennes habitées, comme monsieur de Bougainville l’a signalé pour Tahiti, ont pu décrire, en nous indiquant que presque partout sur les rivages, il y avait de l’illumination nocturne. Plus tard, ils se rendirent compte que ces gens péchaient la nuit sur les bords de l’océan, et en mer également, en pirogue, avec des feux, la lumière attirant les poissons.
    Et puis voici que débute ce que l’on peut appeler : la pêche magique. Les marara, ces poissons aux dos bleus et aux ventres argentés, un peu plus gros que des harengs, prennent leur envol ; ils s’élancent comme on les attendait, individuellement ou par petits bancs d’une dizaine d’unités, attirés par ces sources lumineuses. Peut-être sont-ils aussi poussés par leurs prédateurs ? les carangues, les daurades ou les thons qui leurs donnent souvent la chasse et dont ils sont très friands. Pour un instant, les marara deviennent alors des oiseaux. Non, ils ne volent pas, ils planent de leurs quatre nageoires en forme d’ailes, aux environs de un ou deux mètres au-dessus de la surface, et puis, ils perdent de la hauteur, pensant trouver comme à l’accoutumée la crête d’une vague pour, d’un coup de leur puissante queue, prendre un nouvel élan. Mais ils ont déjà dépassé les éclaireurs porteurs de torches dans lesquels même quelques-uns se heurtent. Ils sont maintenant au-dessus du récif, et comme il n’y en a plus de vagues, ils ne franchiront pas deux ou trois cents mètres comme ils le font habituellement en pleine mer et en prenant le nouvel essor attendu sur les crêtes successives. Ils chutent alors sur les roches du platier à sec ou dans les quelques flaques d’eau qui y stagnent, frétillant et agitant avec frénésie leurs longues nageoires devenues inutiles. Alors les préposés au ramassage, n’ont pas besoin de se presser, il ne leur reste qu’à se baisser pour les récolter et les placer dans leurs paniers. Toute la population, les hommes et les femmes, les grands et les petits, accompagnés des inévitables chiens qui eux ne se gênent pas pour s’instaurer voleurs occasionnels et en prélever pour leur propre compte.
    Tout ce monde-là, en s’activant à la pêche, se gave de poisson cru ; les pêcheurs mordent à belles dents dans ces marara qui, sont des poissons délicieux. Ils ne s’arrêtent de manger que quand leur estomac est bien plein, c’est-à-dire après en avoir avalé deux ou trois, voire quatre ou cinq, pour ceux qui ont le plus gros appétit.
    Pendant ce temps, comme les mères de familles sont à l’ouvrage, les petits enfants continuent leur jeux dans le noir, le plus souvent assis et barbotant dans les flaques d’eau, un poisson à la main, mordant dedans de temps à autre, la figure barbouillée des produits de tripailles et le disputant aux chiots qui y plantent leurs crocs de lait.
    Mais il faut faire vite, les flambeaux n’ont pas une durée éternelle, c’est de l’ordre de la demi-heure ; tout a été bien vite récolté et la nuit tropicale totalement noire reprend ses droits, il n’y a plus aucun éclairage. Les dernières prises ont été conduites au lagon et les pêcheurs rentrent lentement chez eux comme ils le peuvent, en évitant les obstacles pierreux du récif pour s’en retourner vers les farés, le seul « éclairage » étant celui de la noire voûte céleste cloutée par les magnifiques étoiles de l’hémisphère Sud, agrémentées par les larges traînées blanchâtres de la voie lactée.
    Les lourds paniers, pleins de marara vivants, ont tous été transportés par les filles et les femmes, à mesure de leur remplissage, et vidé dans les parcs pièges installés sur les rivages du lagon, d’où il leur sera impossible de prendre leur envol. Il y attendront le bon plaisir de leurs consommateurs.
    Du haut des cailloutis de la plage, à Tapu Arava, te metua Rute (le père Roussel) a assisté à cette remarquable pêche collective et cela lui permet de réfléchir car celui qui a donné le signal pour cette opération est un tahunga, un prêtre de leurs croyances païennes, les croyances qu’il est venu détruire. Installer le catholicisme ici, bien sûr il le faut, pense-t-il, il est venu pour ça et l’entreprise est commencée et en bonne voie. Mais il admet aussi qu’il faut conserver pour le peuple reao ce savoir ancestral qui est détenu par les sorciers, un savoir qui leur permet de se procurer de temps à autre de la nourriture à foison.

    André Pilon

    † CYBAL Jacques
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    REAO,  l'écho d'un lointain lagon. - Page 3 Empty Bienvenue aux anciens de REAO

    Message par † CYBAL Jacques Sam 26 Avr 2008 - 16:38

    Chef de station d'avril 81 à avril 82 (à un mois près) bonjour à tous qui avez oeuvré sur cet atoll.Beaucoup de souvenirs et une belle époque de ma vie.demande de rester en contact...


      La date/heure actuelle est Ven 26 Avr 2024 - 23:21