J'espère que ça va pour toi, pour les anciens qui veulent tout savoir sur Khouribga, un petit extrait de mes mémoires Aéro 1944-1949 :
.... Avril 1945 nous sommes en attente à la BTAN Casablanca. Deux jours après départ, cette fois en groupes séparés, pour les bases de Port-Lyautey, d’Agadir et de Khouribga, qui doivent nous héberger en attendant le retour sur Arzew et le départ en Angleterre. C’est par ordre alphabétique et me trouvant à la lettre L je tombe dans le groupe d’Agadir.
- Spoiler:
- Nous partons le soir vers Agadir par la route côtière, passant par Mazagan, Safi, et Mogador, une nuit complète et une demi-journée en car poussif, avant d’arriver dans le secteur français de la BAN, les Américains occupant la plus grande partie du terrain. Après avoir passé quelques jours à Agadir, avec deux autres compagnons on nous transfère à Khouribga, car nous n’étions pas prévus suite à un cafouillage dans les listes ! Cette fois nous partons en camion par le Col du Tizin’Test et Marrakech, encore deux jours à manger de la poussière. A Agadir nous avons seulement eu le temps d’entrevoir des hydravions amphibies et des bimoteurs blancs américains se poser ou décoller du terrain, les hydravions sont parait-il des Catalina.
La base de Khouribga est située au sud de Casablanca sur la voie ferrée électrifiée de Oued-Zem créée pour l’Office des phosphates marocains, l’OCP. Elle se prépare à devenir une école de pilotage, un biplan Stampe et un Caudron Goéland sont présents. C’est aride et désertique, c’est le pays des vipères, des tarentules et des scorpions, il faut se méfier quand on déroule le hamac ; les anciens parlent du coin comme le « plateau de la soif » La nuit on entend parfois les hurlements des chiens kabyles, que certains appellent des « chiens jaunes ». Ils courent en bande, efflanqués et la plupart du temps affamés. Le seul avantage de cette base est que des prisonniers italiens font les corvées à notre place. Ils font les pluches et la cuisine et nous servent à table. Plus âgés que nous et très débrouillards ils fabriquent des briquets avec de l’alu récupéré au parc à ferraille. Le fait d’être prisonniers ne semble pas les démoraliser, le soir ils s’attablent entre eux à la fraîche et on les entend pousser la canzonetta. C’est à la base de Khouribga que le 8 mai 1945 nous apprendrons la victoire sur l’Allemagne. Nous avons droit à un repas amélioré, avec du vin marocain en bouteille d’au moins 14°, et le soir permission nocturne à Khouribga où toute la ville est en liesse, tout le monde s'embrasse, on recherche plutôt les filles ... certains ne rentreront qu’au matin.
Amicalement