Amiral d’Argenlieu
Le début de la guerre d'Indochine[
Le 16 août 1945, le général de Gaulle le nomme Haut-commissaire de France et commandant en chef pour l'Indochine avec pour mission de rétablir l'ordre et la souveraineté française dans les territoires de l'Union indochinoise ; et, une fois l'Indochine libérée de l'occupation japonaise et chinoise et les provinces laotiennes et cambodgiennes annexées par le Siamrécupérées, de mettre en place une fédération des peuples de la péninsule14.
Le 6 septembre 1945, l’amiral d’Argenlieu part pour Saïgon et y arrive le 31 octobre ; il y retrouve le général Leclerc, présent depuis le 5 octobre. Les deux hommes ne s’entendent guère et leur conflit conduit au départ de Leclerc en juin 1946. Ils n’ont pas la même position sur l’opportunité et la nature des négociations avec Hô Chi Minh5
Au nord du Viêt Nam, s’est constitué un gouvernement provisoire, présidé par Hô Chi Minh et qui a entamé des discussions sérieuses avec un représentant français, Jean Sainteny. Le 6 mars 1946, un accord (accords Hô-Sainteny) est signé par lequel « la France reconnaît la République du Viêt Nam comme un État libre ayant son gouvernement, son Parlement, son armée et ses finances », accord qui fut qualifié en privé par d’Argenlieu de« Munich indochinois ». Le 18 mars, Leclerc arrive à Hanoï avec des éléments de sa 2e DB, accueilli triomphalement par les Français mais défilant dans les rues vides du quartier annamite. Le commentaire précise :« La foule est clairsemée et les Indochinois sont absents ».
D’Argenlieu n’accepte pas vraiment les accords Hô-Sainteny du6 mars 1946. Ses entretiens avec Hô Chi Minh, le 24 mars 1946, à bord de l’Émile Bertin, en baie d'Along, en présence de Jean Sainteny et Pignon, ne rapprochent pas les points de vue et sont l’occasion d’un incident violent avec Leclerc. L’amiral d'Argenlieu convoque Raoul Salan et, tremblant de colère, lui demande de « rappeler Leclerc à la raison ». En opposition aux accords du 6 mars 1946, il proclame une République de Cochinchine le1er juin 1946, alors qu’Hô Chi Minh est parti en France accompagné par Raoul Salan.
Il est promu vice-amiral d'escadre en mars 1946 et amiral trois mois plus tard.
C’est alors qu’intervient le bombardement d’Haiphong. Un témoin, le militant communiste Henri Martin, alors jeune marin combattant FFI engagé volontaire pour combattre les Japonais, commente : « C’est là que commence la guerre, par la volonté de d’Argenlieu de passer à la reconquête, de s’emparer de ce port, essentiel dans l’activité économique, comme le montrent les cartes du temps du colonialisme. L’accord du 6 mars parlait bien de finances indépendantes, mais, précisément, les ressources essentielles du gouvernement vietnamien se trouvaient dans ce port et les troupes françaises prétendaient continuer à en contrôler l’activité commerciale ».
C’est à propos d’un contrôle douanier qu’eut lieu le premier accrochage le 19 novembre 1946.
Des coups de feu furent échangés entre deux patrouilles, une française et une vietnamienne, puis dans la ville pour se transformer en bataille généralisée. La fusillade dégénère et fait 24 morts. Parmi eux le commandant Carmoin qui s'avançait avec un drapeau blanc vers les Vietnamiens de la jonque.
L'incident de la jonque chinoise est aussitôt exploité par les partisans d'une reconquête de l'ancienne colonie. Leur chef de file est l'amiral d'Argenlieu. Un cessez-le-feu intervint assorti d’un ultimatum français, exigeant l’évacuation de la ville par les troupes vietnamiennes.
Henri Martin raconte : « À 10 heures le 23 novembre 1946, les bâtiments de la marine nationale ouvrent le feu. Le croiseur Émile Bertin depuis l’embouchure de la rivière Rouge mais nous, avec Le Chevreuil, nous étions sur la rivière, dans la ville. Nous avons épuisé notre stock de cinq cents obus, et ravitaillés, nous en avons encore tiré cinq cents. L’amiral Battet a estimé le nombre des victimes en ville à six mille, mais il est possible qu’il y en ait eu davantage quand on sait que le bombardement a porté surtout sur le quartier annamite, aux maisons serrées [...] ».
L'objectif militaire est provisoirement atteint, mais les tentatives de bâtir des structures nouvelles se heurtent à la volonté politique du gouvernement d'Hô Chi Minh15.
Le 19 décembre 1946, le Viet-Minh attaque par surprise les Français à Hanoï : c'est le début d'une guerre qui va durer huit ans.
Le général Leclerc, revenu en mission le 28 décembre, prend conscience de la gravité de la situation. Il écrit dans son rapport que si l’on ne veut pas connaître une situation comme celle de la guerre d'indépendance espagnolesous Napoléon Ier ou de l’expédition du Mexique sous Napoléon III, il faut résoudre le problème politiquement et non militairement. Sur ce point il s'oppose directement à l'amiral d'Argenlieu qui estime que « le communismeà l'instar du nazisme doit être combattu pour des raisons aussi spirituelles que politiques, et il n'est pas question de transiger avec un Viêt-minh armé par l'URSS et la Chine »5.
Après le départ de de Gaulle du gouvernement, l'amiral d'Argenlieu est maintenu à son poste sous les gouvernements de Félix Gouin, Georges Bidault et Léon Blum. Mais son action est controversée. D'Argenlieu est rappelé en France16. et se retire au couvent des Carmes de Brest. Le gouvernement de Paul Ramadier le remplace le 5 mars 1947 par Émile Bollaert, également Compagnon de la Libération5.

A l’école primaire nous avons tous apprit la longue liste des nos colonies françaises, y compris les cinq comptoirs de l’Inde, où la Francie menait une œuvre civilisatrice. Enfant j’en rêvais et c’est un peu ça qui m’a attiré dans la Marine et l’Aéro !
Comme vous j’ai été volontaire campagne et c’est mon pacha de la 31S, il m’avait à la bonne, qui m’a poussé vers Madagascar. Une île, ou les troubles indépendantistes de 1947 avaient été vite maîtrisés. Peut être a t’il voulu m’écarter de l’Indo où ça chauffait dur déjà
On vous a fait mener un mauvais combat.
En France l’opinion publique souffrant encore des cicatrices de 14-18, lasse des combats de :39-40, de 5 ans d’occupation, du sabordage de la Flotte, des combats entre alliés en Afrique du Nord, des bombardements des usines, des destructions consécutives aux combats sur notre sol lors de la libération, ne voulait plus de guerre.
Dans nos colonies, depuis plusieurs années les indépendantistes s’agitaient. Nos défaites nous avaient fait perdre notre prestige. Après la défaite des nazis, disaient les Alliés (anglo-américains, russes) tous les peuples seront libres. En 1943, aux accords de ¨Potsdam et de Yalta, où nous n’étions ni présents, ni représentés, le monde s’est partagé entre Est et Ouest. La France était bien bas ! Vous souvenez vous de tout cela ?
A 18 ans on ne se pose pas de question, on sert la France. Votre boulot, votre bravoure ne sont pas reconnus. Je comprends votre amertume. On fête les vainqueurs, pas les vaincus ! Il en est ainsi. Nos idées en ont pris un coup !
Consolez vous. Toutes les puissances coloniales, dont les britanniques nos rivaux en la matière ont du céder. Mais ils l’ont fait plus intelligemment Ils ne se sont pas livrés a des guerres interminables et ont su conserver des intérêts économiques.
En Indo , il s’en est passé des choses dont vous avez eu connaissance lors de vos séjours la bas. L’affaire des piastres, vous avez connu, parlez nous en.
Pour vous remettre dans le bain, sur votre moteur de recherche, tapez :
Saigon, affaire des piastres. Il y a aussi beaucoup de photos de l’époque.

Pour ta gouverne et sans t'offenser, nous étions tous volontaires ....Et très conscients des combats que nous aurions à mener, nous n'étions ni des veaux ni des moutons. Mais tout simplement tes camarades d'alors . Un poil plus âgé que toi, je sais parfaitement pourquoi j'ai été volontaire pour l'Indo. Je re-précise ce que j'ai écrit dans mes mémoires :

C’est à la base de Khouribga que le 8 mai 1945 nous apprendrons la victoire sur l’Allemagne. Nous avons droit à un repas amélioré, avec du vin marocain en bouteille d’au moins 14 degrés, et le soir permission nocturne à Khouribga ou toute la petite ville est en liesse certains ne rentreront qu’au matin.
Le lendemain 9 mai 1945, le Général de Gaule, dans son ordre du jour adressé aux armées françaises, évoque l’Indochine en ces termes :

" À présent, si la capitulation de l'ennemi allemand met un terme aux batailles d'Europe, vous avez à accomplir de nouveaux et grands devoirs. Vous avez encore à vaincre, côte à côte avec nos Alliés l'ennemi japonais qui opprime notre Indochine et prétend dominer l'Asie. Vous avez à garantir la paix qui naîtra de la victoire dans laquelle notre pays va recouvrer et accroître sa puissance et sa grandeur ..."

C'est à partir de cette déclaration qu'un Corps Expéditionnaire d'Extrême Orient comprenant les trois armes sera créé. Sitôt la reconquête de l'Alsace achevée, le Général Leclerc, vainqueur de Strasbourg, en prendra la tête avec des éléments de la 2ème DB. La Marine Nationale fera partie intégrante du dispositif, et l'Aéronautique navale y contribuera par la création d’un Groupement aéronaval en Indochine, suivi de l'envoi de la flottille 8FE d’Agadir à Tan-Son-Nhut l'aérodrome de Saigon. Une affiche du CEFEO est aussitôt placardée pour susciter des engagements nouveaux et prendre la relève de ceux qui terminent la guerre.

Tu écris :

En France l’opinion publique souffrant encore des cicatrices de 14-18, lasse des combats de :39-40, de 5 ans d’occupation, du sabordage de la Flotte, des combats entre alliés en Afrique du Nord, des bombardements des usines, des destructions consécutives aux combats sur notre sol lors de la libération, ne voulait plus de guerre.

Voilà l'affiche que l'on voyait en 1945 sur les murs de nos villes, et les volontaires n'ont pas manqué, les premiers ont été ceux qui venaient de terminer la guerre, ils n'étaient pas obligés, mais ils y sont allés, donc l'opinion publique dont tu parles est une "certaine opinion publique" mais pas représentative de tous les Français. .



Sais tu que ceux qui m'ont suivi après mon retour en 1949, sont de l'ordre de 1300 pilotes et volants recensés comme ayant fait un séjour en Indochine et pour certains deux ...Ce qui donne une idée du nombre de non-volants qui les accompagnaient pour mettre en l'air les avions.

Ils ne sont plus bien nombreux aujourdh'ui, mais je suis sûr que parmi ceux qui restent, quand ils sauront que sur ACB il y a une discussion d'entamée sur le trafic des piastres, à la demande de Serge Bavoux , tu risques de te faire remettre à ta place vite fait ...

Le trafic des piastres n'a rien a faire dans le sujet Opérations de Guerre en Indochine, sur le net il y a des tas de sites qui évoquent le sujet ... et qui de toute façon n'est pas ce qu'allaient chercher les officiers mariniers et matelots ...

N'oublies pas que tout ce qui est publié sur le forum est transparent sur Internet avec bien sûr le nom des rédacteurs ...

Comme tu dis Serge :

Salut et Fraternité, ce à quoi j'ajoute :

Avec mes amitiés de vieux pingouin.

JC