par PILON Jeu 3 Nov 2011 - 11:52
Salut les anciens
J’ai décrit dans le post "école des timoniers" ma première sortie en mer à bord de la Sétoise, un peu avant le mi cours de timonier vers juillet 1950 ; pour l’occasion, ce fut gentil comme tout, on nous avait trimballé en Corse, à Ajaccio. Il n’y avait pas de mécaniciens apprentis pour casser les briquettes de charbon, alors ce sont les timoniers qui ont fait la corvée, nous étions dix sur la Sétoise et autant sur la Toulonnaise. Moi, avec un autre, j’avais été choisi pour briquer les cuivres du poste équipage et de la passerelle au lieu de la corvée de charbon. Il semble que le bateau était ainsi entretenu par les apprentis. Surtout comme sur la photo présentée, effectivement il y en a une palanquée d’apprentis à l’arrière, ce doit être les canonniers de la Lorraine, ce groupe était toujours important, à moins que ce soient les mécaniciens, nombreux à y embarquer, eux aussi. Au dégagé-casse croûte précédent le poste de manœuvre, un vieux crabe-chef chargé de bibine, supposant que l’on pouvait avoir deux ou trois sous dans nos poches nous proposa une bière, profitant de notre présence pour faire marcher sa « boutique », sans doute ; c'était des bouteilles d’un demi litre : « il faut ça les jeunes pour étaler, disait-il ». Des sous y en avait guère, mais assez pour se payer une bière suivant son conseil. Ah bon d’la ! une heure après on était au large de Cépet, cap sur la Corse, et pour la première fois, découvrant le mal de mer, je me rendais compte qu’il y avait incompatibilité entre paté Henaff-bière et les quatre mètres de creux levés par le Mistral. Et après avoir tout restitué par-dessus bord, mais sans aucun "savoir dégueuler" pour me soucier vers où le Mistral pouvait diriger la fusée, je m’écroulai sur le pont de bois du bâtiment où je suis resté jusqu’au soir. Vent dans le dos, le pont n’était pas mouillé, au soir une grosse vague m’arrosa quand même et je pus descendre dans le poste équipage. J’ai, malgré cela pu faire mon quart de nuit, et c’est là que je découvris que l’on pouvait mettre une baille à la passerelle qui servait de dégueulorium. Mais comme j'ai maudit mon engagement de cinq ans ! pendant ces heures-là.
André Pilon
Dernière édition par PILON le Ven 4 Nov 2011 - 8:17, édité 3 fois


"... Rompre avec toutes ses habitudes et s'en aller, errer, d'île en île, au pays de lumière."
Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.