CENTPHIB Lorient 1966, mes deux mois de subsistance à bord de l'EDIC 9094
Guillevic, le radio de l'EDIC 9094, fut promu second maître de 2ème classe au printemps 1966. A cette époque, lorsque l'on passait du bachi à la casquette, on était systématiquement débarqué de son unité. Sans doute pour éviter d'éventuels problèmes d'autorité vis-à-vis de ses anciens camarades ?
Guillevic fut donc débarqué pour rallier une nouvelle affectation. Son remplaçant définitif n'était prévu que deux mois plus tard. Le bureau PERS de Marine Lorient me désigna à titre provisoire sur l'EDIC 9094. On appelle cela une "mise en subsistance".
Les missions confiées à l'EDIC 9094 étaient très particulières. En fait de chars ou d'infanterie, on transportait des grues, des bulldozers, des camions civils ou des bétonnières. Explication : les entrepreneurs civils (construction de maisons ou d'édifices publics) avaient de gros problèmes de transport pour travailler dans les îles et même dans certaines petites communes du littoral continental difficiles d'accès. L'EDIC 9094 avait été "détaché" pour se mettre au service de ces entreprises civiles, du Finistère Sud jusqu'à la Vendée.
Quel changement d'ambiance par rapport au Suffren !
On travaillait main dans la main avec les civils. Après chaque "mission", le commandant recevait une grosse enveloppe qu'il partageait avec l'équipage. J'ai ainsi reçu en espèces une jolie petit somme. On se serait cru au temps des corsaires, le commandant partageant le butin avec l'équipage. Les entreprises civiles savaient se montrer très reconnaissantes envers ceux qui leur rendaient service. En plus de ces enveloppes, il y avait d'autres cadeaux, essentiellement des bouteilles d'alcool. Tout était consommé sur place, entre nous.
Au fait, ça consomme combien un EDIC ?
Hoooouuuu !
Beaucoup
Tout cela était-il bien réglementaire ?
Les "autorités supérieures" étaient-elles au courant ?
J'avoue que je ne me suis jamais posé la question.
Les civils étaient très contents et nous aussi.
C'est l'essentiel.
Lorsque nous beachions sur une plage, les gens du coin accouraient pour assister au spectacle et même nous donner un coup de main lorsqu'ils étaient personnellement concernés. Le débarquement terminé, nous étions parfois invités au bistrot le plus proche ou même chez des particuliers. C'était vraiment super sympa. Non, vraiment, je ne regrettais pas le Suffren.
Photo Max Péron1966 L'EDIC 9094 vient de beacher sur la plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée
Un p'tit coup d'zoom
Et il reste quelqu'un à bord :scratch: :scratch:
par 
