par BERTRAND Robert Ven 24 Aoû 2007, 09:19
Les Harkis de la DBFM : de Nemours à Largentières
Le BDC TRIEUX arrive le 11 juin avec 651 passagers, harkis et leurs familles, plus quelques européens de Nemours, et deux jours plus tard le BDC ARGENS accoste à Marseille avec le reste du détachement, soit 311 harkis et leurs familles.
Après une nuit passée dans le port de Marseille, à bord du TRIEUX, les harkis furent transférés par train spécial et camions militaires au camp du Larzac. Ils arrivèrent parmi les premiers dans ce camp, lieu de passages de tous les réfugiés du XXe siècle dans notre pays : Arméniens, Espagnols, Algériens. Très sommairement aménagé, prévu au départ pour accueillir 3.000 harkis, il en accueillit plus de 12.000 en cet été 1962, dans des tentes surchauffées. S’engagea alors pour l’AADBFM une course contre la montre afin de limiter la durée de ce séjour traumatisant. En septembre 1962, les harkis de la DBFM avaient tous quitté le camp du Larzac vers Largentière, Montpellier, Beaurières et l’Ile du Levant. Quatre-vingt avaient déjà trouvé un travail régulier, tous les jeunes avaient été envoyés dans des centres de formation professionnelle.
A Largentière, en l’absence de logement HLM, il fallut pour l’association se résoudre à construire. La construction de cinquante-quatre logements fut lancée avec l’aide de la SONACOTRA sur le terrain de Volpilliaire acheté par l’association. Tout ce travail n’aurait pu être accompli sans le maintien sur place par la Marine nationale d’un détachement sous les ordres du lieutenant de vaisseau Favrelle. Composé de trois officiers de réserve, d’un médecin de marine de réserve, de quatre officiers mariniers et d’une assistante sociale, ce détachement accomplit avec le concours de l’administration locale un travail considérable pour faciliter l’insertion des harkis dans les domaines administratifs, éducatifs et sociaux.
La population locale adopta généreusement ces nouveaux concitoyens qui se voulurent de suite et sans arrière-pensée ardéchois. En novembre 1962, les nouvelles qui provenaient de Nemours étaient autrement dramatiques. Presque tous les anciens harkis du secteur avaient été arrêtés et enfermés dans un camp. Le chiffre des exécutions certaines avoisinait la centaine. La Marine présente à Nemours ne pouvait intervenir mais quelques harkis réussirent à s’échapper et à rejoindre Largentière. Cinquante-deux familles purent être hébergées dans la nouvelle cité baptisée Neuilly-Nemours.
(La mairie de Neuilly-sur-Seine jumelée avec Nemours avait été une généreuse donatrice) et dix familles dans le Ferme de Rocles, grande ferme proche de Largentière, propriété de l’Association. A l’initiative de la municipalité, un dispensaire et une école maternelle complétèrent cette cité. Par la suite, un lieu de culte et un cimetière musulman viendront affirmer Largentière comme lieu d’enracinement pour la communauté.
Extrait de la plaquette réalisée à l’occasion de la Journée de l’Amitié et du souvenir, organisée à Largentières le 22 juin 2002 par l’Association Amicale de la DBFM.