Mon père ne parlait beaucoup, il n'était pas avare, mais je suppose qu'il ne voulait pas nous encombrer.
Il estimait peut être aussi que pour le comprendre complètement il aurait fallu d'abord le suivre et l'accompagner au bout du monde dans sa vie d'aventure.
Pourtant, il y avait ses phrases qui résonnent encore, elles forgent, trempent et modèlent un caractère.
Ce sont des balises, bouées et je dirais une petite lampe qui clignote et vire au rouge pour nous prévenir dans des cas extrêmes ou non.
Comme en me voyant courir étant enfant de l'établi aux outils et des outils à la rallonge, etc...
- Quand on n'a pas la tête, on a les jambes !
Ou quand un des Lardons disait : ferme l'interrupteur !
Il disait : Ouvre-le pour l'éteindre, ce sera plus juste.
Il disait aussi : on éteint ou on allume cela suffit, c'est comme on va à la cave ou on va au grenier.
Alors, je ne veux plus entendre je descends à la cave !
Une fois en allant me balader avec lui à Castelnau le lez en 1980 et en nous approchant du cimetière nous passâmes devant une maison dont la haie et le portail étaient entourés de bande jaune zébrée de noir.
- D'après toi fiston, c'est quoi!
- Cela ressemble à une scène de crime, dis-je !
- Exacte, voilà ce qui s’est passé. Un après-midi un Vietnamien qui habitait là revient, car il avait oublié quelque chose chez lui et en entrant il trouve sa femme au pieu avec un autre.
Coup de colère il saisit une arme et les abat tous les deux.
Conclusion :
"Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir" ou inversement ou en changeant les mots
puissant et
misérable par d'autres mots.
Total 11 ans ferme et incompressible à la place de trois dont deux avec sursis pour "crime pationnel".
- Alors, dis-moi ce que tu aurais fait à sa place !
- Hum ! Je crois que lorsqu'une femme décide de changer de partenaire, y'a pas grand-chose à faire il vaut mieux aller voir plus loin.
Un silence.
Puis il renchérit en souriant:
- Bravo fiston ! Dis-toi qu'une de perdue, cent de retrouvées !
Une et Cent.
Est-ce qu'il y croyait ?
Je ne le pense pas. Lui qui avait était marié 18 ans avec Rosa et le reste de sa vie à ma mère.
Qu'est-ce qui pousse un homme a tester son fils, sa propre inquiétude ?
Ou tout simplement de l'affection en lui disant de cette manière détourné ?
Cherchait-il seulement à me prévenir en me disant parfois que la foule prise dans son ensemble ou en groupe a un instinct grégaire.
Qu'elle est une véritable furie incontrôlable.
Je sais, il avait vu, des choses horribles.
Mais pouvait-il savoir ce qu'avait déjà subi ma petite sœur en Alsace et moi d'ailleurs de nombreuses fois, de choses si lourdes et si tristes que seul le silence sur ces faits pouvait un peu les atténuer.
Si les administrateurs de ce site son d'accord je vous proposerais les quelques 30 pages du manuscrit de ma tante Andrée "Souvenirs de la grande guerre".
Dont vous avez eu quelques citations au début.
A cet époque il avait de 9 à 13 ans et ces années de vie ont été déterminantes dans ses choix de carrière et sa façon de vivre.
J'aime bien ce texte écrit par une petite fille de 10 ans qui parle aussi bien de sa maman, cette femme qui fut la mère de mon père et aussi de ma grand mère.
A suivre...
Dernière édition par bertrand robert fils le Dim 7 Déc 2008 - 12:20, édité 7 fois