Après une mission à Dakar d'un peu moins d'un mois, nous avions pour le vol retour du 2 août 1972, deux passagers : un général de parachutistes invité par l'amiral Sanguinetti qui rentrait avec nous. Le voyage s'est très mal passé. Il faut savoir que l'amiral, hormis les pilotes de chasse, détestait tous les autres corps de métier.

D'abord ils sont arrivés en retard à l'avion (il a fallu modifier le plan de vol). Le chef de bord (le CF Filippi) avait décidé de mettre les moteurs en route, pour exprimer son mécontentement. D'habitude lorsque un amiral embarque à bord d'un avion de Patmar, il est attendu par une partie de l'équipage en rang d'oignon avec présentation de l'ensemble par le CA (commandant d'aéronef). Pour cette occasion, seul le Taco attendait au pied de l'avion. Mine renfrognée de l'amiral qui s'installe au carré avec le général et son maître d'hôtel.

Décollage immédiat, puis le Tacco, pour remplir la Fracto (formulaire sur lequel sont répertoriés tous les membres d'équipage et les passagers) va demander à l'amiral son numéro de sécurité sociale (pour ses heures de vol) : "je n'en ai pas, dit-il, d'un ton peu amène, et appelez-moi le CA". Nous supposons qu'il a fait l'objet d'un "bretellex", mais il n'y a pas eu de témoin.

Comme c'était le soir, l'équipage a dîné d'un casse-croûte avec la bière règlementaire à l'époque, vous savez le modèle familial d'un litre qui titre à peine 4°) au lieu d'un repas plus élaboré, puisque la cuisine et le carré étaient occupés par nos deux huiles qui, eux, ont fait un excellent repas accompagné d'une bonne bouteille. Après cela l'amiral est resté à lire au carré tandis que le général faisait les 100 pas dans l'avion avec une badine sous le bras très britannique. On n'a même pas eu la possibilté de faire un tarot. Nous nous sommes posés à Pau pour larguer le général et une heure de plus sur le vol retour avec la descente, le roulage, l'arrêt au parking moteurs tournants, le décollage et la montée. Cela nous gênait énormément car nous faisions de faire près d'un mois à Dakar et surtout, sur les sept derniers jours deux missions SAR pour un total de 50.9 heures de vol avec escale technique à Abidjan et Douala pour refaire les pleins, je crois que les courbes de sécurité des vols étaient trangressées, mais comme c'étaient des missions humanitaires ave 3 pêcheurs secourus......

Enfin, arrivée à Nîmes avec accueil de l'amiral par le CDT de la base à 2 heure du matin quand même. Les premières paroles de l'amiral furent les suivantes :"Je mets tout le monde au rapport, CA compris, car il y avait du vin et de la bière à bord. De plus, pendant le transit personne ne travaillait". Coup de tonnerre à Nîmes, car la bière était règlementaire, à l'époque mais fût interdite par la suite, et le vin a été embarqué par le maître d'hôtel de l'amiral, qui s'est sifflé la bouteille avec son complice, le général. Pour le travail en vol, au niveau 300, de nuit entre Dakar et Nîmes, à part compter les étoiles, surveiller les cadrans, faire les contacts radios qui s'imposent, il n'y a pas grand-chose à faire. Enfin, j'ajoute que cette histoire n'a eu de suite ni pour le CA, qui a fini contre-amiral, ni pour l'équipage.

Sympathique anecdote, qui n'empêche pas notre excellent C.A. d'avoir le sourire, quelques années après ... (ici à la cérémonie du 11/11/2009).

Belle anecdote avec un zeste d'humour que j'apprécie !
On en sourit après coup mais je pense qu'au moment T, cela devait être la soupe à la grimace et des pensées assassines envers cette hiérarchie.

j'ai connu l'amiral dont tu parles et je n'ai pas souvenir d'une pareille attitude, un mauvais jour assurémment.

Pour le personnel travaillant sous ses ordres, il était certainement charmant. Pour les autres..... J'ajoute que la bière en vol a été officiellement interdite suite à cette histoire, mais à l'époque on volait avec le casque Guéneau qui était rangée dans un sac que personne ne fouillait.

Ah!! Monsieur Sanguinetti...

Nous sommes en 1965... moi QM2 Elaer à la 59S, lui Pacha Aéro surveillait la base d'Hyères du haut de Costebelle...Son malin plaisir était de se présenter à l'Aubette (sur une Motobécane 125cm, celle qui avait le levier de vitesses sur le réservoir..)juste pile poil à l'heure de la relève du poste de garde. Et bien sûr hurlait s'il y avait le moindre retard à l'ouverture de la barrière! Mais comment faire? untel n'avait plus de guêtres, untel n'en n'avait qu'une, l'autre pas encore de ceinturon ou de veste, etc etc... bref, le cirque complet..et la peau d'âne ne refroidissait pas avec lui!!

Il a également considérablement modifié les us et coûtumes de la base en matière de circulation du personnel entre les différents mess et réfectoires. En effet, tout se faisait pédestrement, compte tenu des faibles distances.. sauf qu'on observait des files interminables entre 10h et 14h. Rugissement du grand patron qui institua immédiatement les déplacement en bus aux horaires judicieusement calculés!!!

Mais voilà, nous prenions les bus en bleu de chauffe pour aller déjeuner et le soir, reprenions les mêmes bus en tenue blanche comme permissionnaires... Bonjour les tâches de graisse..Donc, il fallait impérativement se changer avant d'aller déjeuner, du bleu de chauffe au treillis, puis du treillis au bleu de chauffe avant la reprise de travail... On passait plus de temps à se changer qu'à bosser!!!

Mais cette grande figure en a fait plein d'autres! Comme venir surprendre les factionnaires en garde sur les parkings avions vers 23h en montant en civil dans un Etendard sous les yeux ébahis du planton.. "Vous ne me dites rien? Vous n'intervenez pas?" "Bof, moi je suis appelé alors vous faites ce que vous voulez!" Je ne me rappelle plus du sort du planton...

Radio coursive de l'époque relatait pleins d'histoires entre lui et le pacha de la base..

Mauvais jour disais-tu Marathon? Possible, mais dans ce cas la journée a duré deux ans!!

Paix à son âme, c'était un sacré bonhomme et il n'a laissé personne indifférent.

Monsieur Sanguinetti !!!!Pacha de la 59 S année70/71 ??
Quel personnage
Je me suis retrouvé de corvée à la plonge dans sa résidence sur la base, pour les fiançailles de sa fille (papa des origines corse, maman tahitienne donc une fille tres belle mais top pas touche)
Donc notre pacha a passé une partie de la soirée à controler l'etat de la vaisselle
Mais sympa nous avions profité des aguapes :

Je fais remonter