A propos de Bigoudi (1ère photo du msg 175)

En ce jour d'octobre 1968, Joëlle et moi étions avec nos amis Michel et Jackie Tran-Manh-Sung à la terrasse d'un bar du côté de Soumbédioune, le village artisanal. Un tout petit et tout jeune chat famélique vint se frotter en miaulant sur les jambes de Joëlle. Le coup de foudre fut réciproque. Joëlle avait un grand sac. Elle regarda tout autour d'elle pour être certaine de n'être vue de personne. Vite fait, bien fait, elle mit le chaton dans son sac et regagna la voiture pendant que je réglais les consommations. Le minou fut appelé Bigoudi, premier du nom. Plus tard, à Tahiti, il y aura un deuxième Bigoudi.

Le lendemain, nous allions passer la journée sur l'île de N'Gor. C'est dans un hôtel de luxe situé dans cette petite île toute proche de la côte que venaient se reposer entre deux vols les pilotes et hôtesses d'Air France. On s'y rendait à bord de grandes pirogues de pêcheurs. C'était assez typique et plutôt original.

Il me semble que l'hôtel s'appelait Air France

L'hôtel de luxe sur l'île de N'Gor : comme le rappelle Nenesse, on l'appelait Air France car c'est là que se reposaient les équipages de cette compagnie aérienne entre deux vols. Je pense que cet hôtel avait un autre nom. Lequel ? J'ai oublié.

Pour rappel : en centre ville à Dakar, il y avait un grand immeuble qui s'appelait Air France. Mon oncle et sa petite famille ont y résidé pendant deux ans avant d'être relogés non loin de là dans une petite résidence dénommée "immeuble des Essences", avenue André Peytavin, dans le prolongement de l'avenue William Ponty.

L'immeuble "Air France" : Le MP radio Le Bonniec (que tu as peut-être connu) y habitait. Il m'avait invité chez lui deux ou trois fois et de son appartement, la vue était magnifique !

Les logements des marins à Dakar,
en dehors des enceintes militaires (stations et arsenal) :
l'immeuble Air France, l'immeuble des Essences, les villas roses, Mermoz, Blanchot, Faidherbe.
J'en ai oubliés ?

Le quartier Blanchot

Après avoir été logés provisoirement dans une villa de fonction à Yeumbeul, début mars, nous rentrions dans "notre" appartement du quartier Blanchot. Cette petite cité Marine se composait de deux immeubles de trois étages de forme incurvée dont l'ensemble formait presque un cercle. Entre les deux immeubles une cour intérieure au milieu de laquelle trônait le lavoir. Toutes les familles avaient une "fatou", une femme de ménage sénégalaise. A plein temps la plupart du temps.
"La fatou fait tout". C'est ça le vrai luxe. Par contre, il n'y avait pas de machine à laver. Dieu merci, les fatous étaient là : le linge était lavé au lavoir, à l'ancienne. Les conversations entre elles étaient très animées, ponctuées de grands éclats de rire. Elles devaient se raconter tous les potins du quartier. De nombreuses femmes de marins travaillaient à Dakar et certaines d'entre elles avaient déjà un bébé (à Blanchot, la moyenne d'âge était d'environ vingt-cinq ans). Ce sont donc les fatous qui gardaient les petits bébés français. Quand elles allaient au lavoir, elles portaient le bébé ... dans leur dos, à la mode sénégalaise. Toutes en effet portaient le costume traditionnel.

Notre appartement était situé au rez-de-chaussée, dans l' "angle" de l'immeuble. Les pièces avaient donc une forme un peu biscornue. Le logement n'était pas bien grand mais nous bénéficiions d'une très grande loggia fermée par des canisses pour nous protéger du soleil et des regards indiscrets. Le mobilier, simple mais fonctionnel, était fourni par la Marine. Il n'y avait aucun loyer à payer. Pas de charges non plus, ni d'impôts locaux.
Je n'ai pas connu la vie "au temps béni des colonies" (dixit Michel Sardou) mais cela devait ressembler un peu à ça.

Devenez qui habitaient au troisième et dernier étage de l'immeuble d'en face ? Alain et France Bourbier ! Le monde est petit, surtout chez les trans (Alain et moi étions ensemble sur le Suffren à Lorient, juste avant Dakar. Aujourd'hui encore, nous habitons à 500 m l'un de l'autre).
Par leur intermédiaire, nous fîmes la connaissance de Michel Tran-Manh-Sung et de son épouse Jackie qui résidaient dans notre immeuble, au troisième étage. Michel et Jackie TMS devinrent rapidement nos amis et même nos meilleurs amis pendant toute la durée de notre séjour à Dakar.
Nous nous retrouverons à Tahiti en 1972-1974.

Juste au-dessus de nous, il y avait monsieur et madame Mouster, des gens discrets et très sympas. Nous nous revîmes seize ans plus tard à la Pointe-des-Sables en Martinique.
Monsieur et madame Dumas étaient nos voisins de palier.
Pour info, TMS, Bourbier, Mouster, Dumas, Valentini, Naurais, etc. : tous des trans ! (sauf Naurais, radio).

Blanchot n'était habité que par des jeunes couples, avec ou sans enfant. Les deux petits immeubles Marine étant situés dans un quartier populaire de la capitale, notre crainte à tous était d'avoir la "visite" de voleurs sénégalais. La rumeur à Dakar disait que les voleurs s'enduisaient le corps de graisse de lion. Cela avait parait-il pour effet de terroriser les chiens qui, du coup, n'aboyaient pas et restaient tétanisés. Vraie ou fausse légende ? Je l'ignore toujours. Nous n'avions pas de chien et bien que résidant au rez-de-chaussée, nous n'avons jamais été "visités".

L’immeuble Air France 103 rue Peytavin. J'y ai habité pendant 2 ans en 81 et 82 au 10°étage.
Vue formidable, un plaisir de regarder le Concorde en approche en prenant son bain. L'ascenseur par contre était bien des fois en panne, dur en rentrant du marché Kermel.
Le gardien de l’immeuble s'appelait Ousmane et nous lavait les voitures

msg 181 Nono, que ce soit à Rufisque ou à Dakar, je n'ai aucun souvenir du MP radio Le Bonniec.
Quand je suis arrivé à Rufisque en février 68, tous les gradés lourds de la station habitaient sur place. Il y avait six villas de fonction à l'intérieur de la station.
Entre autres et en particulier, les trois principaux responsables :
l' OE1 Kellener, chef de station,
le PM radio Lemonnier, son adjoint
et le maître radio Collin (électronicien), chef de salle émission.

Pour en revenir à l'immeuble Air France,
on reste dans le sujet de mon message précédent, à savoir les logements des marins à Dakar.
Je n'y suis jamais allé mais dans ses mémoires, mon oncle y consacre quelques lignes :

".../... Ils furent logés comme promis dans un appartement situé au 9ème étage de l'immeuble Air France duquel on découvrait une vue immense sur la mer.
.../... Dès qu'ils furent installés, Jeannot (ma tante) prit à son service une femme sénégalaise, Elisabeth, pour faire les travaux de ménage et d'entretien de l'appartement. Elle demeura au service de la famille de Fanch (mon oncle) durant les six années de son affectation. Elle eut deux enfants dont une fille qu'elle prénomma Jeannot.
Les levers de soleil étaient magnifiques dans leurs couleurs ocres. On pouvait suivre du regard les paquebots et les cargos qui venaient s'amarrer au port."

18H40 je découvre ton msg, P'tit Jean. Merci pour la photo !

Eh, oui, MAX tu as oublié de mentionner la cité Claudel que nous avons eu le bonheur d'habiter deux ans (1991/93). Grande villa, avec vue sur l'océan. Tous les soirs admiration du coucher de soleil.

Dans la cité Claudel, "une grande villa avec vue sur l'océan" :
boboss, il était où exactement ton petit paradis ?
J'ai sans doute la mémoire qui flanche car ce nom ne me rappelle rien.

Sur le front de mer

Spoiler:

Effectivement, grande et belle villa, boboss. En ces années 90, je suppose que tu n'étais plus second-maître depuis longtemps. Dans les années 68-70, je ne suis pas certain qu'il y ait eu des OMS habitant à Claudel. Aucun souvenir.

Le quartier Claudel en 1966 (plan IGN)
A ton époque, il était sans doute différent.

Un plan, c'est mieux...C'est marqué en toute lettre.
Effectivement, nous n’réions pas malheureux...
A l'époque, MAX; j'étais major trans aux centraux à Yembeul.
A claudel, j'avais pour voisin le chef du sertim, le chef du commissariat, le commis de yembeul (PM) un autre PM aero et son chef, un trois galons etc.

Inconnu a mon époque

"Inconnu à mon époque" : idem pour moi, Nenesse.

Passage en revue des logements attribués aux marins, suite.

Mermoz

Extraits des mémoires de mon oncle (écrites par sa fille aînée)
Arrivée à Dakar en 1965 :

" Si l'avion décolla à l'heure, il n'en fut pas de même par la suite car il fut immobilisé à l'aéroport de Nouadhibou en Mauritanie à cause d'une panne de moteur. L'atterrissage à Dakar eut lieu avec quatre heures de retard, ce qui découragea bon nombre d'amis venus accueillir Fanch (mon oncle) et les siens à l'aéroport de Dakar Yoff.

Toutefois, quelques obstinés brestois étaient encore sur place pour le plus grand plaisir de Fanch. Vers deux heures du matin, toute la petite famille, très fatiguée, fut conduite dans un appartement où les lits avaient été préparés et où le réfrigérateur contenait quelques victuailles pour le petit déjeuner et de l'eau fraîche. C'est un des chefs de travaux placé sous les ordres de Fanch qui avait mené à bon terme ces dernières opérations. Avant son départ, un rendez-vous fut pris pour prendre contact avec les lieux de travail, dès le matin.

Si les enfants s'endormirent tout de suite, il n'en fut pas de même pour Jeannot (ma tante, son prénom était Jeanne mais tout le monde l'appelait Jeannot) et Fanch qui s'aperçurent que les portes ainsi que les fenêtres de l'appartement étaient en fer et qu'en jetant un regard au-dehors, dans la nuit noire, ils apercevaient de grands bâtiments blancs et des rues désertes, mal éclairées. Très inquiets, ils s'endormirent à l'aube et furent réveillés par des cris poussés par de très gros oiseaux qui se chamaillaient sur un tas d'ordures. Fanch apprit plus tard qu'il s'agissait de charognards qui, par milliers, se répandaient partout pour nettoyer en quelque sorte les lieux.

Au petit matin, lorsque Fanch ouvrit les lourds volets, il distingua des immeubles de trois ou quatre étages munis de balcons sur lesquels des femmes noires ouvraient des volets et des portes et secouaient des tapis. Les rues étaient désertes, aucune voiture le long des trottoirs.

Refroidis par cette ambiance, Jeannot et les enfants étaient tristes et Fanch très surpris. A tel point que si on leur avait demandé de rentrer en France, ils auraient dit oui tout de suite. Le quartier où ils avaient été déposés s'appelait Mermoz. C'était dans ces lieux que logeaient une grande partie des ouvriers de l'arsenal de Dakar (et de nombreux marins également) ainsi que les chefs d'équipe. Fanch comprit la présence des femmes noires dans les appartements voisins : il s'agissait des femmes de ménage engagées par les familles françaises pour effectuer les tâches ménagères. Ces femmes sénégalaises étaient appelées fatous.

Après un petit déjeuner, le moral revint. Le chef de travaux se présenta pour amener Fanch à la Direction de l' Arsenal où il était attendu avec tellement d'impatience qu'il était convoqué à une conférence qui se tenait l'après-midi même de son arrivée. Fanch réconforta Jeannot et les enfants et leur promit de revenir très vite.

Durant le parcours, Fanch fit part à son nouveau collaborateur de ses inquiétudes concernant le logement qui lui avait été affecté. Il apprit tout de suite que cette situation ne durerait que quelques jours et qu'il serait relogé dans un grand immeuble situé au centre de Dakar. Il s'agissait d'un immeuble appelé Air France. "

Et pourtant, NENESS et MAX, lorsque je l'ai habitée c'était loin d'être neuf. D’ailleurs durant mon séjour la plupart faisait l'objet de rénovation. Les autres allaient suivre. La cité Claudel était assez grande. Il y avait même deux petits immeubles; Peut-être l'avez vous connue sous un autre nom??? Le major bosco y résidait. L'Afrique secrète et mystérieuse. ....
Un dénommé Peron faisait également partie de la bande. M.P mecan, ancien chef du bagad de Lan- bihoue. Il était lorientais. Je crois qu'il a repris le bagad au retour.

boboss, le nom de Jean-Paul Péron est indissociable du bagad de Lann-Bihoué.
Il en a été le penn bagad (le responsable) de 1985 à 1991 puis de 1996 à 2001.
Son affectation à Dakar devait se situer entre ces deux dates.
Si le club des Bretons - situé sur la Corniche - existait toujours, il l'a très certainement fréquenté.

Pour en revenir aux logements des marins :
on parlait aussi des "villas roses". C'était où ?

MAX,
Jean-Paul Péron, dit Pépé et sa famille ont fait le voyage A/R dans le même avion que nous. C'était juillet 1991/ juillet1993 (à quelque chose près)
''Villas roses'', jamais entendu parlé. Quelqu'un va peut-être nous éclairer.....
D'autres OM de Yeumbeul logeait un peu plus loin sur la corniche. Mais le nom??? Un petit immeuble il me semble. Je ne sais pas si c'était Marine ou louer par la Marine au secteur privé.

Trouvé ceci sur le ouaib

Spoiler:

boboss, dans ce très intéressant article, on ne parle pas non plus de Blanchot ni de Faidherbe.
Question bête :
dans la fin des années 60 / début des années 70, les villas du quartier Claudel n'étaient-elles pas peintes ... en rose ?
Ceci pouvant expliquer cela.

Bonjour à tous les Dakarois.
En ce qui concerne les " Villas Roses "
De 60 à 62 nous avions un logement Caserne des Sous-Marins comme déjà indiqué.
Le Cipal Commis de l'UM ( MP LE LAY, Ernest ) cousin germain de ma mère, logeait avec sa famille aux Villas Roses. A chaque vacances scolaires, ma soeur et moi passions quelques jours avec notre cousin et cousine.
Je me rappelle que c'était un ensemble de plusieurs maisons de couleur rose formant un ensemble assez carré et arboré de fleurs et de bananiers situé au centre ville . Je me rappelle également de la famille ALLAIN qui y résidait.

Que voila une réponse simple et claire, MAX.
Merci à TECTAM de nous éclairer.
Voici le lien, si ça marche....
https://www.xalimasn.com/emprises-restituees-par-les-forces-francaises-les-logements-affectes-a-l%e2%80%99armee-et-a-l%e2%80%99universite/

"On découchait chez l'habitante" :
Hervé, on veut en savoir (beaucoup) plus !