Le flotteur s'élève, un cordage qui a été passé en double relie l'avant du cochonnet au dragueur. Le bossoir est brassé à l'extérieur.
- Dévire doucement.
A quelques centimètres de la surface de l'eau le cordage qui est fixé au croc est amarré, puis en dévirant un tout petit peu il se raidit, et sous le poids du flotteur il bascule, libérant le dispositif. Le flotteur est maintenant remorqué "à couple" par le cordage en double.
Encore une fois mes yeux suivent le chemin de chaque câble, puis la même procédure est réalisée pour le divergeant qui s'immerge sous le cochonnet. Le cordage en double est filé par un bout, le flotteur libéré se place alors dans notre sillage, remorqué par le câble de drague.
- Dévire.
Le frein est desserré, sous la poussée des 2 hélices le flotteur s'éloigne en divergeant vers la droite, tout est bon. Durant cette manœuvre une équipe bien rôdée a préparé les cisailles explosives.
Cette mécanique délicate peut être schématisée comme un tube qui s’apparente à une sorte de petit canon… La cisaille se fixe sur le câble de drague. Lorsque ce câble d'acier que nous remorquons rencontre un orin de mine, ce dernier glisse le long du câble jusqu'au moment où il rencontre une des nombreuses cisailles. L'orin de la mine s'engage alors dans un ergot, sous la traction une goupille casse, libérant un percuteur qui frappe une cartouche. En explosant, un burin d'acier est projeté contre l'orin de la mine qui libérée, remonte en surface.
Pour cet exercice aucune cartouche n’a été mise en place. Toutefois la goupille de sécurité est engagée pour le principe. A intervalles réguliers, le câble de drague est marqué sur environ 20cm par de la peinture. C'est là que doivent être disposées les cisailles. Elles sont maintenues en place par des "pommes d'arrêt". Il s'agit là de solides pièces métalliques en forme de très gros œufs, percés dans le sens de la longueur au diamètre du câble de drague, et s'ouvrant en deux comme un livre.
La mise en place des pommes d'arrêt se fait sans cesser de dévider le câble de drague. Dès que la marque peinte est accessible à sa sortie du treuil, un Mlot. place la pomme à cheval sur le câble et, la main dessus afin qu'elle ne tombe pas, la passe à son camarade proche de lui. Ce dernier est chargé d'engager une clavette conique, rendant solidaires les deux parties, puis un troisième, notre cuisinier, frappe la cheville de métal au marteau. L'opération doit être achevée avant que la pomme arrive à la poulie proche de moi. Ensuite le Quartier Maître, les bras tendus à l'extérieur de la grosse poulie, place la cisaille explosive à cheval sur le câble, la verrouille dans sa gorge et enlève la goupille de sécurité. La cisaille glisse ensuite sur le câble jusqu'à la pomme.
- 100 brasses !
A la passerelle le timonier hisse la boule noire à mi-drisse. Si la drague avait était mise à l'eau en exercice avec d'autres dragueurs, nous n'aurions pas été les premiers à hisser ce signal.
La manœuvre se poursuit. Toujours à l'aide du bossoir, le plongeur qui est relié par une poulie au câble de drague est suspendu au-dessus de l'eau. Tout est à nouveau vérifié : clair !
- Largue.
Le plongeur tombe à l'eau, sa remorque est dévirée, le câble de drague part en immersion. Lorsque les longueurs définies sont filées, les deux câbles sont bossés à l'aide de griffes spéciales. Parfois un dynamomètre est intercalé pour contrôler l'effort de traction. Les tambours sont débrayés et les freins desserrés. La boule noire monte à bloc dans la mâture. Le personnel se retire de la plage arrière, le câble pouvant se rompre s'il venait à crocher un obstacle sous-marin.