En ce qui me concernait, je venais de faire cinq ans de formation, dont deux ans de cours complémentaire industriel, suivi de trois ans dans une école de formation technique des établissements de construction d’armement (AMX : construction de blindés).
J’ avais un diplôme de motoriste.

Durant les trois années passées à l’ AMX, la première était consacrée à apprendre en priorité l’ ajustage, puis à effectuer des stages sur toutes sortes de machines-outil (étau-limeur, tour, fraiseuse, alèseuse, rectifieuse), électricité, forge, soudure, moteurs et même le travail du bois.
En parallèle, en plus des matières de culture générale (Français, maths, physique et chimie, histoire et géographie) nous pratiquions le dessin industriel, puis nous abordions l’ hydraulique et les automatismes ainsi que les méthodes de fabrication.
Nous allions également suivre la manière de travailler des ouvrier et techniciens de l’arsenal d’ armement dont nous dépendions.
A la fin de cette première année, nous choisissions notre spécialité en fonctions des notes obtenues et des résultats de tests psychotechniques que nous avions subis.

La seconde année était orientée pour l’essentiel vers notre métier en devenir.
Cependant, nous retournions faire des stages dans tous les domaines techniques qui étaient en relation avec notre spécialité.
Le passage en troisième année se faisait après avoir subi un examen intermédiaire, comme c’ était le cas pour le passage de Maistrance II à Maistrance I (ou l’ inverse, je ne me souviens plus).

La troisième année nous voyait travailler sur toutes sortes de moteurs dont notre spécialité disposait, ainsi que sur des véhicules dont nous démontions et remontions tous les organes mécaniques plus ou moins sophistiqués.
Après nos interventions, il fallait que tout fonctionne sans problème.
Dans le courant de l’année, nous retournions en stage.
Pour terminer ce cycle, nous passions un diplôme de fin d’ étude, qui était intermédiaire entre un BEI et un Bac technique.
Nous ne dépendions pas de l’ éducation nationale, mais du « ministère de la Guerre », comme il s’ appelait à l’ époque, et plus particulièrement de la Direction des Etudes et Fabrication d’Armement (DEFA), qui s’ est appelé par la suite le Groupement des Industries d’ Armements Terrestres (GIAT).
En ce qui concernait les motoristes et pour nous « faire la main », nous passions les épreuves du CAP de « mécanicien-réparateur automobile » et le BEI.
Pour le CAP, la partie théorique nous paraissait de la « rigolade » tellement c’ était simple, mais pour la pratique il y avait une épreuve manuelle d’ ajustage classique, puis l’ ajustage d’ une bielle sur un faux-maneton et enfin, le réglage allumage-carburation d’ un moteur à essence que nous devions démarrer à la manivelle.
Nous avions droit à trois essais maxi, au-delà c’ était l’élimination.

Toute cette description est destinée à montrer qu’en intégrant l’ école de Maistrance «Machine» à partir du civil, il nous était demandé un bon bagage technique acquis, ce qui allait nous permettre tout au long des quinze mois de cours de consacrer l’ essentiel de notre temps à la théorie.

Alors que savaient donc faire les « Meuh-Meuh » de particulier pour les distinguer des arpètes ?