par † sagnimorte albert Jeu 10 Aoû 2017 - 18:55
Bonjour à tous.
depuis une dizaine de jours, impossible de me connecter. Je ne recevais plus de notifications et j'avais une page "sujet verrouillé". ???
Grâce à notre ami Charly, ce soir, miraculeusement, plus de problème.
Bizarre, bizarre!
Donc, reprenons.
Intéressants et impressionnants par leur qualité, tes films, Jean-Pierre.
Revenons au ras des pâquerettes (ou des loc-binh) si vous le voulez bien.
Donc, retour à Saïgon en janvier 1951.
Je redécouvre l'Asie après un séjour en France décevant.
Ce soir, une transformation s'est produite en moi. Loin, les problèmes laissés en France, balayées mes idées noires, c'est une véritable renaissance que je ressens soudain. Un miracle vient de s'accomplir. L'immersion dans la chaude ambiance de l'Asie a suffi pour me remettre debout. Restaurant, visite aux Chinoises de Cholon, nuit embaumée d'Asie, c'est un autre homme qui regagne la base le lendemain matin.
Voilà. Je suis de nouveau affecté à la Dinassaut 6 (sans X...) en remplacement du quartier-maître radio qui a eu la malencontreuse idée de se faire tuer. (1) Il ne reste sur le LCI 108 -ce n'est plus le 101- aucun des gars de l'ancien équipage. Nouveau commandant: Lavigne, bon père. Premier enseigne: V..., un petit con prétentieux, deuxième enseigne... ? rebaptisé Fipi jaune d'oeuf. eu égard à ses cheveux roux et à sa tête de jaune d'oeuf. Notre secteur d'opération sera d'abord Thu-Dau-Mot, au nord de Saïgon . Nous assurerons plusieurs opérations dans ce secteur ainsi que le ravitaillement d'un poste isolé qui a été récemment enlevé par le Viet-minh (Ben-Suc).
Il existe à Thu-Dau-Mot, un peu à l'écart de la ville et tout près de la brousse , un immense café tenu par un Russe Blanc à la voix de contrebasse. Le café est en permanence fréquenté par toute sorte de troupe : marins, spahis, coloniaux, légionnaires.
Un jour, deux légionnaires entrent, F.M. à la bretelle. Tranquilles, ils arment leurs F.M. Des voix s'élèvent:
- Eh! Faites pas les cons.
Les cons vident leurs chargeurs posément dans la salle bondées de militaires. Puis s'en vont, sans se presser , se fondre dans la jungle toute proche.
Les deux "légionnaires" étaient en réalité des combattants du Viet-minh, de ceux pour qui l'idéologie l'emportait sur la nationalité ou la couleur de la peau. Ceux qui, la guerre finie, sont venus occuper des postes respectables dans le pays qu'ils avaient trahi, et sont morts tranquillement dans leur lit, bien abrités des poursuites, en dépit parfois d'avoir été démasqués. Ce carnage a fait des dizaines de morts, une vingtaine je crois, et encore plus de blessés. Dans cette guerre d'un nouveau genre, il n'y a pas à proprement parler, d'avant ni d'arrière. Le combattant au repos est soumis au risque constant. Cela peut être un jet de grenade à la terrasse d'un café ou dans un cinéma, aussi bien qu'une balle ou un coup de couteau nocturne dans certains quartiers chauds. Il faut souligner que les légionnaires déserteurs furent une minorité, leur immense majorité -Allemands pour la plupart- ont servi loyalement le drapeau sous lequel ils s'étaient engagés.
1) Il ne faut pas voir dans cette liberté de ton une quelconque connotation de mépris ou d'ironie. C'était notre langage , peut-être une façon d'exorciser le risque.
A plus, les amis.