La contre-attaque est préparée par le lieutenant-colonel Marcel Bigeard, adjoint opérationnel de Langlais ; elle est lancée par le 2e B.E.P. : les compagnies de Biré et Boulinguiez partiront d’Huguette 2 et fonceront plein nord tandis que les compagnies Pétré et Le Cour Grandmaison déboucheront à partir du P.A. Opéra, plein est pour tourner les défenses d’Huguette 1.
Mais le bataillon n’est pas sur la base de départ au déclenchement de l’appui feu à 13h45.
A 14H30, le 2e B.E.P. s’élance ; la compagnie de Biré parvient à prendre pied dans les tranchées Viets à 15H25 mais elle est accueillie par un barrage de mitrailleuses ; de Biré est touché aux deux jambes ; les autres compagnies sont clouées et fauchées sur des billards par les armes automatiques.
A 16H30, l’ordre de repli demandé au P.C. du camp est accordé par le lieutenant-colonel Marcel Bigeard car le succès de l’opération n’est plus assuré.
Les compagnies Boulinguiez et de Biré reviennent, en petits groupes, vers Huguette 2 qu’elles atteignent vers 17 heures ; celles de Pétré et de Le Cour Grandmaison ont beaucoup plus de mal.
Elles y perdent 80% de leurs effectifs.
Les pertes du 2e B.E.P. sont de 154 légionnaires tués ou blessés : 29 tués, dont le capitaine Leonce Picatto et le lieutenant Jean Garin, 9 disparus, 116 blessés dont le capitaine Pétré et les lieutenants de Biré et Ysquierdo.
L’aérodrome est pris ; les Viets sont à 600 mètres du P.C. du général Christian de Castries.
Les deux B.E.P. fusionnent en un bataillon de marche aux ordres du commandant Guiraud. Au 1er B.E.P., les 1e et 4e compagnies sont regroupées derrière de Stabenrath, les 2e et 3e derrière Brandon qui vient d’être promu capitaine à titre exceptionnel.
Au 2e B.E.P., les 5e et 7e sont derrière Le Cour Grandmaison, les 6e et 8e avec Pétré.
Les nouvelles unités reçoivent mission de défendre Huguette 2, 3 et 5, avec le P.C. Guiraud sur Huguette 5.
Les blessés capables de tenir une arme se rassemblent sur Junon, petit P.A. au sud du dispositif en bordure de la Nam Youm.
Les dernières journées d'avril sont consacrées essentiellement à l’amélioration des défenses, et à des patrouilles et embuscades sur les tranchées des Viets.
Les tirs de harcèlement ennemis ne diminuent pas pour autant et la litanie des tués et blessés se poursuit inexorablement.
Durant toutes ces journées les avions de l'armée de l'Air et ceux de l'Aéronavale continuaient sans relâche d'attaquer les postions viet et le feront jusqu’au dernier jour.
Mon camarade André Digo, ancien mitrailleur bombardier sur les Privateer de la 28F, décédé voici deux ans déjà, m'avais confié les pages manuscrites qu'il rédigeait à Haiphong Cat Bi au retour de ses missions sur la Cuvette.
En voici deux extraits, qui concernent les deniers jours d'avril 1954, histoire de pas oublier :
![[Opérations de guerre] INDOCHINE - TOME 10 1124](https://i.servimg.com/u/f62/13/83/95/71/1124.jpg)
![[Opérations de guerre] INDOCHINE - TOME 10 271](https://i.servimg.com/u/f62/13/83/95/71/271.jpg)