par † J-C Laffrat Ven 6 Sep 2019 - 16:55
Le Vème Dépôt de Toulon
Récit de Max Bayol :
On arrive enfin à Toulon, transportés au Vème Dépôt en pleine nuit. -Direction Le bâtiment des Recrues , on est pris en mains par un maitre-fusilier et un QM de cette spé ...(souvenirs mitigés !) Habillement - Visites médicales - Instruction en ordre serré - Corvées en tous genres - Nourriture plutôt spartiate...Heureusement parfois en corvée sur certains bâtiments dans le port, la réception est plus agréable ...il est possible de faire connaissance avec les oranges ...- Corvées de munitions pour nos croiseurs (obus de 152 mm) Récompense de notre chef de corvée du Jules Vernes : Une boule de pain et une boite de singe ... pour quatre ...un festin, depuis j'adore le singe !
Fin décembre 1944 c'est la percée de Von Rundstedt dans les Ardennes, on demande des volontaires pour des patrouilles afin de poursuivre de possibles parachutages !!!! Nous faisons de l’instruction avec armes, mais restons en réserve au poste de garde , y a pas de couchage pour tout le monde c'est à tour de rôle ...
Janvier 1945 nous embarquons sur le Quercy en vue d'un transfert à Alger ... Mais faux départ le Quercy part à Bizerte avec des techniciens pour réparer un croiseur léger. Enfin quelques jours plus tard, vers mi janvier, nous embarquons sur le Dugay Trouin et en route vers Alger.
Récit de JC Laffrat :
Après deux jours et deux nuits de voyage, nous arrivons enfin à Toulon. Nous nous dirigeons vers le Ve dépôt en camion ; les grands bâtiments portent des traces des derniers bombardements ; celui des recrues particulièrement, et beaucoup de vitres manquent aux fenêtres. Une fois arrivés dans une grande pièce carrelée avec des murs nus portants des crochets, nous passons à la voilerie pour recevoir un hamac et deux petites couvertures. Ensuite, nous touchons l’habillement réglementaire du marin, caban, bleu de drap et treillis, et le fameux sac où une grande partie du tout doit rentrer « au carré ». On revient ensuite dans la chambrée pour « gréer » les hamacs, facile à dire mais pas facile à faire, malgré les explications données par un quartier-maître, qui tient son autorité du fait, disent certains, avec un air respectueux; qu’il est le fils « du bidel » ! Cet « amarinage » linguistique ne s’annonce pas facile, en plus il fait froid, les locaux ne sont pas chauffés et la pitance plutôt maigre. Le lendemain matin dans la cour, nous voyons enfin le maître Artus, le fameux « bidel » qui n’est autre que le surnom du capitaine d’armes chargé de faire respecter la discipline. Il n’a pas l’air commode, il nous fait mettre en rangs serrés , procède à l’appel et nous apprend à marcher au pas en nous faisant comprendre qu’un marin, même candidat aviateur est avant tout un militaire. Des prisonniers allemands beaucoup plus âgés que nous vont et viennent à faire des corvées, dont les pluches aux cuisines, et je me souviens que l’un d’eux nous donnera un jour quelques oranges.
Notre prochaine étape sera le centre de formation d’Arzew en Algérie, où nous devons être incorporés dans les groupes en attente de départ pour l’Angleterre. Le 5 février, j’embarque avec une dizaine de compagnons sur le croiseur Georges Leygues au quai Cronstadt à Toulon, en face de l’arsenal presque complètement détruit.
Le croiseur est toujours en opérations de guerre, et entre deux bombardements des côtes italiennes, il fait un voyage à Alger. Nous embarquons en fin d’après-midi ; l’encadrement qui nous accompagne nous rappelle qu’arrivés en haut de la coupée nous devrons saluer les couleurs au garde-à-vous tournés vers l’arrière où flotte le pavillon. Nous appareillons le soir vers 18 heures vers Alger
JC
Patience le reste viendra en son temps ....