Je me suis donc retrouvé à l’ Ecole des Armes Sous-Marines basée sur deux vieux croiseurs qui forment le groupe Montcalm-Suffren qui deviendra le groupe Montcalm-Océan suite au lancement de la frégate Suffren . Après six mois de cours de BE DSM qui est un bourrage de crâne de mathématiques , électricité , électronique et matériel sonar ; nous passons un examen final dont je sors major . A la fin de ce cours , nous choisirons nos affectations en fonction de notre rang de sortie de l’examen final . Sorti major , il me reviendra donc le privilège de choisir le premier mon affectation dans la liste inscrite au tableau noir ; liste dont la Jeanne d’Arc est en tête ; je la choisirai car à l’époque , elle fait le tour du monde lors de ses croisières …
Le Vendredi après-midi de la dernière semaine de cours , le Commandant de l’école entre dans la salle de cours où nous sommes tous rassemblés , un document à la main pour valider nos affectations .
- A vos rangs fixe !!! s’exclame l’Adjudant de Compagnie …
- Repos !!! asseyez-vous !!! ordonne le Commandant …
Puis il consulte son document et nous annonce :
- Les dix premiers !!! Messieurs Clauer , untel , untel , untel , etc… etc… vous prenez la direction des sous-marins !!!
Une rumeur de mécontentement et de désapprobation enfle dans la salle de cours …
- Vous obéissez ou je vous colle trente jours de prison !!! s’exclame le Commandant …
La rumeur s’arrête net et le onzième du rang de sortie de l’examen choisit la Jeanne d’Arc avec un plaisir non dissimulé malgré notre déception …
Le Lundi de la semaine suivante , nous nous retrouvons à l’ESMED ; Escadrille des Sous-marins de la Méditerranée … Nous embarquons donc sur le Béarn , vieux porte-avions qui sert de base à l’Escadrille . Les locaux du vieux Béarn étant saturés , nous serons logés dans un des bâtiments du Dépôt des Equipages ; ce que nous apprécions , car sur le Béarn court la rumeur que les rats y sont plus gros que des lapins !!!
Avant d’être acceptés à l’Ecole de Navigation Sous-Marine , nous devons passer le fameux test du caisson hyperbars pour voir si nos tympans jouent correctement de l’accordéon en fonction de la pression ambiante , car dans les sous-marins , la pression ambiante varie jusqu’à 200 millibars maximum de dépression quand ils naviguent au schnorchel . Ce test est plutôt stressant , car les Anciens , pour nous foutre la trouille , nous disent que si nous avons de dents plombées , elles risquent d’exploser et que nos tympans risquent d’éclater nous rendant sourds à vie !!!
Nous pénétrons dans le caisson accompagnés par un infirmier , ce qui ne nous rassure pas du tout . La montée à 3 bars de pression se passe relativement bien pour nous tous . Suite à ce test , nous sommes affectés sur un sous-marin pour voir si nous supportons la navigation sous-marine … Je suis affecté sur la Flore pour trois mois ; je subirais sur ce bateau mon baptême de sous-marinier qui consiste à boire un bol d’eau de mer à 300m d’immersion suivi d’un bol de cambusard mettant ainsi votre estomac à l’épreuve !!!
La navigation sous-marine qui donne certaines responsabilités et l’ambiance qui règne à bord me conviennent parfaitement ; je resterais donc dans la sous-marinade après avoir suivi les cours de l’Ecole de Navigation Sous-Marine pur obtenir le Brevet Elémentaire de sous-marinier .
Sorti major encore une fois de l’examen final , je choisirai le Morse basé à Kéroman à Lorient pur me rapprocher de ma chérie qui habite en Bretagne .
Je débarquerai du Morse pour rejoindre le cours de Quartier-Maître à l’Ecole des Armes Sous-Marines à Toulon . A la fin du cours , il n’y a aucune affectation pour les sous-marins !!! Je me débrouille pour avoir un entretien avec le Commandant de la Doris qui était Officier en Second du Morse quand j’y étais embarqué …. Il me promet que j’embarquerai sur la Doris … ce qui se fait la semaine suivante …
Je ferai donc toute ma carrière dans la sous-marinade …. Après l’entrée en grand carénage de la Doris , j’embarquerai sur la Diane , puis je serai affecté comme instructeur de tactique à SOUMENT ( centre d’instruction des SNLE) grâce au Commandant en Second de la BOFOST ( Base opérationnelle des Forces Océaniques Stratégiques) que j’avais eu comme Commandant sur le Morse …..
J’y terminerai ma carrière pour entrer dans la vie civile dont l’ambiance me décevra !!!


La vie dans le blockhaus K2 de Kéroman la base sous-marine de Lorient n’avait rien de folichon !!! Ce bloc abritait les bureaux de l’Etat Major de l’Escadrille , les bureaux des Commandants de sous-marin et de nombreuse chambrées où logeaient les équipages .
Quelques chambres réservées aux Officiers , aux Officiers Mariniers , le plus grand nombre étant réservé pour les équipages . … Nous logions dans ces piaules équipées de lits superposés et de caissons métalliques en ayant autant de place que dans nos sous-marins ; la grande majorité des occupants étaient les QM et les Matelots , les Crabes-chefs ayant des soldes à peu près normales louaient des chambres en ville chez l’habitant !!!! l’Atmosphère dans ce blockhaus était pesante et parfois oppressante quand la ventilation tombait en panne , ce qui arrivait assez souvent . Mais au moins dans ces piaules , on ne subissait pas les coups de schnorchel !!! Les moments les plus appréciés dans ce bloc étaient les passages sous la douche dès notre arrivée à quai !!! Pas de douches particulières … La salle de douche était une pièce d’une centaine de mètres carrés équipée d’une cinquantaine de pommes de douche fixées au plafond , et tout l’équipage à poil se shampouinait et se savonnait abondamment pour se débarrasser de ce doux parfum de sous-marin qui s’incrustait dans nos cheveux , nos barbes et notre peau ; tout cela dans une grande rigolade , car les commentaires allaient bon train !!!
La vie à Kéroman était souvent rendue un peu plus agréable par nos Choufs qui nous sortaient régulièrement en ville , particulièrement au port de pêche où nous visitions tous les bistrots en descendant à bâbord pour en faire autant en remontant de l’autre côté de la rue avec quelquefois escale chez le « Yougoslave » qui nous gavait de langoustines arrosées par des flots de Muscadet !!! Le célèbre boui-boui « chez Josse » recevait aussi souvent notre visite , et pour cause : la carte n’était composée que de deux menus : œuf dur mayonnaise ou tomate vinaigrette en entrée ; steack frites salade ou escalope petits pois comme plat de résistance et une pomme ou une poire en guise de déssert , le tout pour « 2 francs 50 Chef » avec un quart de rouge !!!
Nous qui étions privés de frites pendant quarante jours de mer , on se régalait bien que quelquefois , les steacks , les escalopes et même les petits pois volaient de tous les côtés dans les bagarres déclenchées avec les gars des bateaux gris !!! En sortant de « chez Josse » on sentait la frite et le graillon à des nautiques !!!! Mais c’était le bon temps !!!!
On fréquentait aussi de temps en temps le fameux dancing « chez Nédo » une immense baraque en bois récupérée après la guerre pour en faire un dancing où sous-mariniers et sakos se mélangeaient et se faisaient concurrence pour s’attirer les faveurs des jeunes filles . En fin de nuit , le bar ayant été trop fréquenté , cela se terminait souvent par de gigantesques castagnes où certains arrachaient même des planches de bois des murs pour se taper dessus !!!!
Un soir avec mon pote Théo , nous sommes debout devant le bar sirotant chacun notre demi de bière … une serveuse juste devant Théo s’active à essuyer des verres quand soudain , elle assène une grande baffe à Théo qui ne réagit pas !!!!
- Le salaud !!! crie-t-elle , il me pisse dessus !!!!
En effet , pour garder sa place devant le bar , Théo se soulageait contre le comptoir , mais les planches du comptoir étant plus ou moins disjointes , il urinait entre deux planches et arrosait les godasses de la serveuse , et même ses mollets !!!!
Le patron Nédo intervient et nous vire du comptoir ….Quelques minutes plus tard , Théo pour se venger se rend dans les sanitaires et arrache un robinet provoquant une inondation dans les WC …. Puis il retourne au bar …..
- Nédo !!! Nédo !!! il y a une voie d’eau dans tes chiottes !!!!
Affolé , Nédo se précipite pour couper l’alimentation en eau …. Et nous offrira une tournée gratuite pour lui avoir évité un désastre !!!!
La vie à Kéroman n’était pas toujours triste !!!!

Aurions-nous la mémoire sélective pour ne nous souvenir que du bon côté des choses que nous avons vécues dans notre vie de sous-marinier ?
Souvenez-vous les Anciens des classiques des paroles de notre chanson préférée :
Pour faire partie de cette élite
Il faut savoir boire et chanter
Comme on n’est pas certains de vivre
Il faut savoir en profiter
Et après tout
Qu’est-ce qu’on s’en fout
Car on s’en fout
Tralalala…..
Après une plongée rapide
Tu auras cessé de vivre
A mille mètres au fond des mers
Ce sera ton cimetière !!!!!
Souvenez-vous les Anciens !!! Il fallait être aussi doté d’une santé de fer et de nerfs en acier trempé !!!
Souvenez-vous de ces appareillages le Dimanche en fin d’après-midi , à l’heure du berger , quand certains se préparaient à prendre l’apéro , nous , on préparait notre bateau aux postes de combat de vérification , et on partait en mer pour être à poste et fins prêts le Lundi matin à disposition de l’Escadre ou de l’Aéro !!!
Souvenez-vous de ces quarts à la passerelle en pleine tempête , transis de froid et trempés jusqu’aux os malgré la serviette éponge qui servait de presse-étoupe autour du cou . De ces heures interminables à subir stoïquement les assauts des paquets de mer … que c’est lourd un paquet de mer quand il s’abat sur vos épaules !!! La passerelle était justement surnommée la baignoire !!!
Souvenez-vous de ces Vendredi soir quand les Pingouins ou l’Escadre nous souhaitaient un bon week-end et rentraient d’un coup d’ailes à leur base ou à 25 nœuds au port pour les autres …. Nous pauvres diables on passait le week-end sur le rail à mener des attaques aux postes de combat sur de paisibles cargos qui n’en sauront jamais rien et on répétait sans relâche les exercices de sécurité comme les avaries de barres de plongée qui nous faisaient prendre jusqu’à 30 degrés de pointe négative ; tout cela , histoire de passer le temps et d’empêcher l’équipage de tomber dans la routine !!!
Souvenez-vous quand nous étions en surface de la file d’attente des fumeurs au Central , dans le courant d’air glacé qui descendait de la passerelle , nous étions tous impatients de tirer une clope serrés là-haut comme des sardines . Le Maître de Central quelquefois obligé de faire la police dans son Central encombré !!!
Souvenez-vous des embarquements ou débarquements de torpilles à peine arrivés à quai !!! Les gars non concernés rentraient voir Maman mais les baisés ? Eh bien ils rentraient plus tard à la maison une fois le boulot terminé !!! Heureusement , le tiers de service nous donnait un coup de main pour démonter le poste AV !!! Quelle solidarité !!!
Souvenez-vous des séances de cinéma au poste AV les Dimanches après-midi , on revoyait pour la Xème fois le même film … Je crois bien avoir vu « Le voleur de bicyclette » de Vittorio de Sica une bonne vingtaine de fois !!! c’est sans doute à cause de lui que je suis devenu allergique au vélo !!!
Souvenez-vous de ces retours à quai imprévus , nous avions à peine le temps de faire un bisou aux enfants … Un câlin vite fait bien fait avec Maman avant de repartir en catastrophe avec une petite valise de linge propre ….
Souvenez-vous de cette atmosphère humide si spéciale à nos bateaux . Ce mélange d’effluves de gas-oil , d’huile chaude et de sueur . Cette odeur qui nous imprégnait malgré les douches méticuleuses prises au retour à quai !!! Cette odeur que nous ramenions à la maison où Maman nous accueillait avec un « Tu pues le sous-marin » avant d’avoir droit à un bisou !!!
Souvenez-vous de ces longues patrouilles qui nous empêchaient de voir nos enfants grandir ; à tel point qu’une fois au retour de mer , mon fils ainé demandait à sa Maman :
- IL repart quand le monsieur ??
Souvenez-vous les mécanos de ces heures de quart passées dans le vacarme des diésels et dans une chaleur suffocante !!! Vous en avez perdus des litres de sueur !!!
Souvenez-vous de la bannette chaude ; cette bannette toute moite dans laquelle on se glissait à 4 heures du matin , l’oreiller encore humide de la sueur du copain qui vous avait relevé !!!
Souvenez-vous de ces demi-tours dans la rade des Vignettes alors que l’on voyait presque Castigneau !!! Il nous fallait repartir remplacer un autre bateau noir indisponible !!! Pour combien de temps ? on n’en savait rien !!! Nos familles ? même pas prévenues !!! Elles l’apprendraient par le téléphone arabe !!! On repartait en dissimulant notre frustration …
Souvenez-vous de cette viande en conserve que le « bouvier » nous servait à table … elle n’avait rien d’appétissant , pas plus que les congelés-décongelés-recongelés (suite aux pannes récurrentes du compresseur de la chambre froide ) accompagnés par des haricots verts cuits à l’eau de mer pour économiser l’eau douce !!!!
Souvenez-vous de ces heures de marche au schnorchel la nuit dans la tempête !!! Impossible de dormir avec le bateau qui roule bord sur bord … Nos tympans qui jouent de l’accordéon ou qui se coincent à cause de ce putain de clapet qui est plus souvent sous l’eau qu’au-dessus !!! Et nos sinus qui lorsqu’ils sont malades nous donnent l’impression que notre tête va exploser !!!
Souvenez-vous de la tension nerveuse qui régnait au Central dans ces moments là !!! Le Patron de Central sur des charbons ardents pendant des heures !!! se posant mille et une questions … Suis-je trop lourd ? suis-je trop léger ? lourd de l’AV ? lourd de l’AR ? Etc…Etc… Les purges qui dégueulent à pleins tuyaux … le bouillonnement dans l’aquarium de la coupole … Les pompes d’assèchement en continu sur la caisse des purges …etc…etc… Le Maître de Central toujours prêt à réagir au ¼ de seconde à la moindre éventualité ; et Dieu sait s’il y en a des éventualités !!! N’est-ce pas Daniel ???
Souvenez-vous lorsque le barreur perdait l’immersion à l’immersion périscopique , on entendait à travers la coque épaisse le sinistre grondement de ces monstrueuses vagues !!! On subissait des coups de gite impressionnants qui nous donnaient la désagréable sensation que le bateau n’allait pas se redresser quand il restait couché une ou deux secondes … secondes qui nous semblaient durer une éternité …Quelles montées d’adrénaline !!!
Souvenez-vous que dans ces situations , nous n’attendions qu’une seule chose : le hurlement du klaxon d’alerte qui allait enfin arrêter tout ce cirque et nous permettre de descendre nous reposer dans le silence des profondeurs … Dormir !!! dormir !!! ivres de fatigue … Facile à dire !!! Sauf quand le célèbre et tonitruant ronflement de « P’tit fût » s’invitait dans le silence du poste AR !!! il s’en suivait une avalanche de godasses dans la bannette du malotru !!! Son ronflement dépassait de loin le vacarme des diésels lancés à plein pot !!! Sacré « Ptit fût » s’il n’avait pas existé , il aurait fallut l’inventer !!!
Souvenez-vous de ces transits au schnorchel sous menace aérienne …le clapet au ras des flots sur électrode haute , la dépression frôlant les 200 mbars , les incessantes alertes racket radar , les coupures de charge en catastrophe …redisposer la cavalerie à chaque fois , relancer les GE !!! Recommencer encore et encore !!! De jour comme de nuit !!!
Souvenez-vous de ces dangereuses reprises de vue sur le rail !!! Les barlus passaient quelquefois à nous friser les moustaches !!! Certains ont même eu l’outrecuidance de de se permettre de nous « caresser » les aériens ou la cathédrale !!! Quel manque de respect !!! N’est-ce pas Cloclo ???
Souvenez-vous des alertes sur avarie de barre de plongée AR !!! La pointe négative impressionnante , les moteurs lancés en AR5 et quelquefois la chasse haute pression au ballast avant pour redresser la bête … de jour comme de nuit !!!
Souvenez-vous de ces « 300 m !!! assiette -30 !!! moteurs AV5 !!! » on n’espérait qu’une seule chose : que la barre de plongée AR ne tombe pas en avarie , sinon… C’était le grand saut … et le dernier !!!
Souvenez-vous de ces moments terribles que nous avons vécus après les tragiques disparitions de nos copains … Ces sentiments de rage , d’impuissance et d’injustice . Impuissance , car nous savions très bien en partant à leur recherche que tout était fini et que nous ne pourrions rien faire !!! Strictement rien !!! Effroyable sentiment d’injustice , car nos copains , nos frères ne méritaient pas ça , NON !!! Ils ne méritaient pas une mort aussi atroce !!! Souvenez-vous qu’après ces recherches infructueuses , nous partions faire des galipettes et des pirouettes dans tous les sens , il ne fallait laisser les équipages cogiter trop longtemps !!! Il fallait garder la confiance dans le bateau et dans les hommes !!!
Souvenez-vous de tout ce que j’ai oublié ….
Ce n’était pas le bagne ni l’enfer , encore moins le paradis … C’était tout simplement notre vie sur les Classiques … Quelle vie de fous !!! Quelle vie de cons !!! Mais qu’est-ce-que nous l’avons aimée cette putain de vie !!! Quelque chose me dit qu’au fond de nous- même , nous sommes un peu fiers de l’avoir vécue !!!
Mais !!! Aurions nous pu vivre cette vie si particulière sans le consentement, l’acceptation , le concours et l’abnégation de nos épouses ou compagnes ? Elles qui ont toujours tout assuré pendant ces longues absences qui nous ont empêché de voir nos enfants grandir . Elles qui ont mouillé tant d’oreillers de leurs larmes pendant ces longues périodes de solitude , d’attente et d’incertitude . Les épouses et compagnes de sous-mariniers sont tout simplement des femmes exceptionnelles !!!
Certaines d’entre elles ont malheureusement vécu un horrible drame lors de la disparition de leurs maris ou compagnons qui étaient aussi nos frères … Notre peine était bien peu de chose comparée à leur incommensurable chagrin … Elles ont fait preuve d’un courage et d’une dignité exemplaires . Elles étaient magnifiques dans leur immense douleur …
Chapeau bas Mesdames , nous vous devons beaucoup !!!!
A tous nos copains et nos frères qui ne pourront lire ces quelques lignes !!!
Sincères amitiés à vous tous !!!

Manque de bol ….. les boueux nous voyant dans un état de fatigue très avancé , nous ont laissé dormir ….le premier d’entre-nous à se réveiller a secoué le reste de la bande …. Mais il était 09H00 bien sonnées !!!! donc passage au « trapèze » en perspective dans le bureau du Commandant et surtout embrouille avec les flics maritimes à la porte de Kéroman !!!
Dans les cas difficiles , un sous-marinier doit garder son calme et boire frais …. Pas de panique … le moins « bourré » d’entre-nous trouve la solution pour berner les flics : tous les matins , un éleveur de cochons venait récupérer les déchets de cuisine du Carré , du mess et des réfectoires ; déchets transportés dans des fûts de 200 litres ….
- Hé les gars !!! maniez-vous le cul !!! il faut qu’on chope le cochonnier avant qu’il ne rentre dans la Base !!!
On se dépêche de rallier la route de la Base et on attend le passage du cochonnier planqués dans les fossés …. Et le voilà qui arrive !!! on lui barre la route , et on lui explique qu’il faut qu’il nous fasse rentrer en douce dans la Base …. Il est d’accord !!! On monte dans la benne de son camion et on dispose les fûts vides de chaque côté de la benne et sur l’arrière , de manière à nous faire une planque ….
Nous voilà tous accroupis , protégés par les fûts de la vue des flics … Normalement , le camion doit s’arrêter deux fois : la première à la porte des flics et à la deuxième , nous serons arrivés derrière la cuisine de la Base ….
Le camion démarre …. 1er arrêt : nous devons être à la porte des flics … nous faisons silence …le camion redémarre … Ouf !!! nous sommes passés !!! 2ème arrêt : nous devons être arrivés derrière la cuisine … nous nous levons tous d’un même élan pour nous retrouver face à face avec les flics !!! Ce putain de cochonnier s’était arrêté une fois avant la porte sans nous prévenir !!! Les flics hilares nous font débarquer … prennent nos identités et appellent notre Commandant afin que celui-ci viennent nous libérer …. Le Cdt n’étant pas encore arrivé , c’est l’ Officier en Second qui viendra nous récupérer , pas fâché du tout de récupérer le reste de son équipage … Dans l’après-midi , séance de « trapèze » chez le Cdt … tous groupés dans son bureau … verdict : 2 tours de consigne pour tous à effectuer quand nous serons repartis en mer !!!! Il nous a fait un prix de gros !!!!!