17 anciens commandants de la Loire ont participé à la dernière sortie à la mer.
A gauche, le capitaine de frégate Laurent Prost, 36e et dernier commandant du bâtiment.
La vice-doyenne de la flotte a parcouru lundi ses derniers nautiques, avec plusieurs anciens commandants.
Reportage
Lundi 10 h. Beau temps, mer calme.
La Loire appareille du quai des flottilles pour une dernière sortie à la mer.
À bord, dix-sept de ses anciens commandants.
Le moment est fort.
Le vénérable bâtiment de soutien mobile va parcourir ses derniers nautiques en mer d'Iroise.
Au programme de la journée, présentation de ravitaillement à la mer avec les chasseurs de mines Eridan et Andromède, manoeuvres d'appontage avec deux hélicoptères Alouette III.
Cette ultime sortie est pleine de souvenirs.
L'émotion, on la sent transpirer à chaque anecdote que ravive cette dernière expérience...
Des vents de 230 km/h.
« Les glaces descendaient jusqu'à la latitude de Boston, il faisait - 45°. »
C'est le contre-amiral Robert Esnaut qui parle.
C'était en 1973, époque de son commandement sur la Loire.
Le navire avait quitté Brest en janvier, pour une mission d'assistance à la grande pêche.
Durée de la mission : quatre mois.
« On assistait une trentaine de chalutiers jusqu'à la baie de Disko, se souvient le contre amiral.
On opérait les blessés à bord. » L'équipage de la Loire vient aussi en aide à un bâtiment de guerre américain.
« Il n'avait pas de médecin à bord. »
Le tout dans des conditions météo délicates. Le bateau n'est pas conçu pour les glaces.
À Saint-Pierre et Miquelon, il doit faire face à une tempête épouvantable avec des vents de 230 km/h.
Mais la Loire est un bon bateau.
Il roule, mais il encaisse tout.
Pas de temps morts
Et puis, à bord, on trouve des as de la maintenance.
Des gens capables de tout réparer et entretenir sur place.
C'est ce qui explique que quarante-deux ans après sa mise en service, il assure encore de bons et loyaux et services.
Quelquefois sans temps mort, comme s'en félicite le capitaine de frégate Laurent Prost, 36e et dernier commandant de la Loire.
« Mon commandement a été un enchaînement d'actions, explique-t-il.
J'ai pris le 4 juillet 2008, et dès septembre nous avons rallié Toulon pour quatre semaines d'exercices. »
La Loire enchaîne alors sur des « entraînements avec les hélicoptères et les chasseurs de mines, l'expérimentation d'une tactique avec la marine belge, avant de préparer le bateau pour sa dernière mission qui s'est déroulée à un rythme dense et varié. »
Aujourd'hui, tout cela est terminé.
« On désarme un vieux bateau qu'il faut retirer du service », résume sobrement Laurent Prost.
Tout en regrettant que la Marine « se retrouve avec une perte sèche ».
Mais aussi une note d'espoir : « Tournons-nous vers des solutions palliatives en changeant le positionnement des missions.
Réfléchir sur les moyens de soutien, la base d'Abu Dhabi, Djibouti et les relations avec les industriels. »
Le lieutenant de vaisseau Yves Bousquet, assurera le commandement provisoire durant le désarmement, à partir du 4 septembre.
Ouest-France.