Oui, je sais quelles étaient les conditions de travail de ton époque. On nous a toujours dit " la fonction prime sur le grade" et ça en a sans doute emmerdé plus d'un, mais c'est comme ça. C'est sans doute aussi parce que ca faisait désordre de voir des second-maîtres pilotes (ils ne le restaient d'ailleurs pas très longtemps, car j'ai croisé bien plus de premiers maîtres pilotes que de seconds)qu'on a fini par tous les passer Officiers de réserve d'emblée, histoire de refaire les niveaux.Je crois qu'il n'y a plus de pilotes officiers mariniers maintenant sauf erreur.Ils sont tous ORSA ou bordaches.
LBH, Nîmes et Hyères sont aussi des aérodromes mixtes, avec un trafic assez intense à Hyères où il y a beaucoup de rotations civiles. Quand les chasseurs sont en plus en gauguette dans le coin, je te dis pas le merdier à inserer dans le trafic! Imagine un Super Etendard qui arrive short pétrole (comme toujours)et qui a très envie de se poser entre deux Airbus... C'est pas du grand art ça? Et faire se poser tout le monde sans retard!!! Un bravo à mon pote Bruno Delbos à Hyères, camarade de promo et chef d'équipe là-bas.
50% des effectifs? Je pense que tu es en-dessous de la réalité. Déjà il n'y a plus de contrôleurs sur des bases à terre en dehors de la métropole (il me semble); les colonnies ayant disparu. Mais en plus, pas mal ont fermé ou sont armées au lance-pierre. Fréjus St Raphael fermée. Nîmes, fermeture en cours. St Mandrier tranférée à Hyères il me semble et Cuers armée au coup par coup selon les besoins avec des controleurs de Hyères. Rien que dans le sud, tu vois un peu le carnage. Ailleurs je ne sais pas trop ce qui s'y passe, mais ça ne doit pas être terrible. La Jeanne d'Arc, ferraillée, et 1 PA contre 2 à l'époque. Reste les nouveaux bâtiments de projection dont je ne pense pas qu'ils auront de gros besoins en contrôleurs... Sur les autres bâtiments de surface, ce sont les détecteurs qui font office de contrôleur pour les hélicos; ils donnent les paramètres météo, QNH deux trois bricoles, et basta. Le pilote se dézut à poser son bazar là où ca va bien. Et ca se passe bien en général. A mon avis par rapport à mon époque ( années 80 donc) ca a dû fondre comme neige au soleil, neige qui devait déjà avoir bien fondu par rapport à la tienne.
A Marseille Provence, ils utilisent encore assez volontiers un primaire tu sais!
On a continué à nous enseigner à l'EPV de bonnes vieilles méthodes qu'on ne doit plus enseigner à l'ENAC ni ailleurs, et c'est bien dommage; je vais t'en donner pour preuve une histoire authentique qu'un de mes copains navigateur, passé pilote sur Atlantic quelques années plus tard m'a racontée. Les percées gonio par exemple, tiens!... Méthode bien entendu totalement dépassée aujourd'hui avec les radars de dernière génération où l'on peut avoir une vision en 3D de l'espace aérien et de tout ce qui s'y trouve avec son pédigrée....Et pourtant... Ca peut être parfois très utile les bons vieux trucs.
On nous a donc appris à faire avec des moyens rudimentaires: un relèvement gonio, un chrono, un crayon, un strip... La b...e et le couteau quoi! Et ça marche!!! Moi j'étais assez mauvais à ce jeu, mais j'en ai vu faire des percées assez précises sur simu.
Alors voilà comment mon copain, Alain Celma, SM navigateur à l'époque au sein du tristement célèbre équipage UF sur Atlantic, s'est retrouvé une nuit dans une zut plus que noire après une très sévère avarie électrique le privant de tous les instruments de bord modernes. Plus rien: même plus de radio je crois. Paumés au milieu de l'atlantique: l'océan, pas l'avion hein!? Le voilà dans la petite bulle de plexi sur le dos de l'avion à prendre une visée astro au sextant et à faire un point avec les éphémérides... Et tout le monde est rentré à bon port. A l'ancienne... Les vieilles méthodes, les vieux trucs, ca ne tombe jamais en panne!
Voilà pour la petite histoire. Signalons au passage que ce navigateur a lui aussi été formé à l'EPV, bonne école de la débrouille.Il a fini LV instructeur pilote après une carrière sur ATL2.Il est maintenant juste de l'autre côté de la piste, instructeur pilote et navigation chez AirWays...
Je me souviens aussi de la station météo qu'il y avait dans le patio, en face de la salle de cours des ELBOR. Un piquet blanc avec un fil à plomb, avec quelques indications permettant d'interpréter les données de cet outil de mesure météo assez surprenant. "Si le fil bouge: vent violent" "Si le fil est raide: fort gel".... Mort de rire. Là aussi chez les ELBOR il y avait des champions de la débrouille...
Quant à moi, après avoir habité escale Borély pendant quelques années, je suis maintenant à côté des Baumettes tout près des calanques. J'entends les sirènes des bateaux qui partent vers la Corse le soir; ca me permet de ne jamais oublier que j'ai été marin dans une autre vie.
Bye amigo