Ils avaient 20 ans, ils étaient les maîtres du monde.
Ce n’était pas de la
bleusaille, ils avaient servi outre-mer, ils avaient navigué, ils crachaient au vent...
Ils avaient tout vu, ils savaient tout (du moins en étaient-ils persuadés).
Et puis, ils étaient soudain libres.
En franchissant la porte, ils avaient abandonné toutes leurs responsabilités.
Au temps où l’informatique ne faisait pas tout, le secrétaire devait veiller à n’oublier personne, rechercher en permanence qui réunit pour quoi, ne pas rater les échéances, veiller à ne jamais léser un administré (au risque d’être puni).
A l’école, rien de tout ça, lève-rames, aucun poids sur les épaules.
On peut s’éclater (et certains ne s’en privaient pas).
Ils ont tous une petite expérience professionnelle.
Certes, pour beaucoup, ils n’ont connu qu’une seule affectation, en sous-ordre, mais dans laquelle ils se sont spécialisés dans une tâche précise. ça ce n’est pas rien.
Chaque jour c’est la fête de l’un d’eux : le jour où l’on étudie la matière qu’il maîtrise (enfin, c’est ce qu’il pense).
Ce jour-là, il va briller devant les copains et surtout, ultime gloire, tenter de "piéger" l’instructeur.
C'est une bande de lurons.
L’effet de bande est quasi inévitable. Ils sont prêts à faire de petites bêtises qu’ils ne feraient pas s’ils étaient seuls.
Mais ils sont solidaires et ont un grand cœur.
Oui, ils sont attachants.
A la fin de mon cours de QM, l’instructeur avait composé une petite chanson :
ils ne marchaient pas droit, c’était des gamelles, ils ne marchaient pas droit mais ils sont admissibles quand même (sur l’air de Ils ont des chapeaux ronds) en était le refrain.
Nous étions une cinquantaine, c’est beaucoup, pas tous très sages.
Cela avait dû être un peu difficile pour lui.
Chaque couplet portait essentiellement sur les travers des "figures" de la session.
Je ne vous dévoilerai pas celui qui me concerne (Jaoul si tu me trahis, tu es excommunié !)
Une belle brochette de gais lurons du CQM secrétaires.
Foyer et mess OM avaient organisé un rallye automobile à travers la région.
Les épreuves finales consistaient à se grimer en Charlot, à se déguiser avec le contenu d'une valise tirée au hasard, et enfin chanter une chanson en rapport avec son déguisement, le soir au mess OM lors d'un "apéro dinatoire" organisé pour les participants.
Le premier prix était un jambon de Bayonne !
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