par Roger Tanguy Ven 2 Déc 2022 - 14:09
Je viens de lire le sujet et, apparemment, les choses ne sont pas claires dans les esprits, notamment concernant les dates.
La première guerre du golfe comprend deux phases.
La première qui s'étant du 2 août 1990 au 17 janvier 1991, est connue sous le nom de Desert shield (Bouclier du désert). Je viens d'arriver au Yémen qui prend fait et cause pour l'Irak, le frère chiite. Je suis donc ça de près. Comme pour la guerre Irak-Iran précédente des volontaires se rassemblent pour aller prêter main forte à l’Irak. Chacun renforce ses positions, montre ses muscles. Pendant plusieurs mois, c'est un concours de rodomontades. Les ambassades des pays de la coalition sont prises à partie. Elles sont la cible de manifestants. Les enfants des écoles, sous la conduite de leurs maîtres, viennent lapider, la petite école française. La plupart des ambassades évacuent leur personnels. L’ambassade de Grande-Bretagne doit combattre un début d’incendie, un missile tiré en direction de l’ambassade US passe par-dessus les toits et finit chez les Russes, etc.... Ça chauffe.
La deuxième phase commence le 17 janvier 1991. La guerre qui menaçait vient d’éclater. Cette nuit a eu lieu le premier bombardement aérien et terrestre. Il sera suivi de l’assaut terrestre. C’est la Tempête du désert. Un missile traverse les planchers d’un immeuble et explose dans un bunker déchiquetant femmes et enfants qui s’étaient réfugiés là. La télé montre des images atroces et présente cet "acte de barbarie" comme l’œuvre des Français. Vaut mieux pour nous de raser les murs (c’était un missile US). En fait, les autorités locales demandent aux Étrangers de ne sortir de chez eux qu’en cas de nécessité absolue. La ville est en effervescence, on entend des explosions. Notre rôle est d’informer notre gouvernement, via nos autorités de tutelle de ce qui se passe. Il faut bien donc que quelqu’un aille aux renseignements. Les compte-rendus de mes escapades sont destinés au ministre de la Défense, mais l’ambassadeur attend impatient mon retour pour rédiger ses dépêches en direction du quai d’Orsay.
Les militaires en position devant les ambassades fraternisent avec les manifestants. Les chancelleries qui n’ont pas fermé se plaignent. Nous avons fait confiance aux autorités locales et voilà ce qui nous arrive. La plainte est entendue. Les soldats sont remplacés par des parachutistes venus du Yémen du sud, fraîchement rattaché. Les manifestants, chargés de musettes de pierres, n’ont pas compris que les choses avaient changé. Malgré les injonctions de se retirer, ils avancent. Des rafales de kalachnikov les couchent (sous les yeux de ma femme derrière sa fenêtre) raides morts. Débandade. Des camions militaires viennent ramasser les corps.
A chacun ses souvenirs.
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