par Roger Tanguy Sam 19 Nov 2016 - 18:03
Bon là, je me fais un petit plaisir. Le souvenir m'en est tellement agréable.
Nous venons d'arrivés à Hao. Je ne sais ce qui nous vaut d'être invités, tous, à un cochon grillé pour l'inauguration d'un dancing restaurant au village d'Otépa. Qu'importe, ne boudons pas notre plaisir. Des cochons tournent sur les broches à l'extérieur du restaurant. L'intérieur est vaste. Un punch nous est offert au bar. La consommation est renouvelable. Ca commence bien. Des tables sont réparties de chaque côté de la piste de danse. Les officiers sont invités à prendre place sur la droite, entourés des maitres des lieux et d'un panel de "gens biens". Nous autres, les vauriens de l'Equipage, sommes exilés, sur la gauche, dans la partie la plus éloignée, de l'autre côté de la piste. Cela nous va d'ailleurs très bien. Nous mangeons, buvons aussi, rigolons encore plus, sans contrainte ni contrôle. Le repas est déjà bien avancé. Les copains me disent :« il y a, à la table des officiers, une fille qui, depuis un moment déjà, fait des signes et il semble que c'est toi qu'elle désigne». J'ai le dos tourné à la piste et ce qui se passe à cette table est le dernier de mes soucis. Mais puisque qu'on me dit qu'il s'y passe quelque chose qui pourrait me concerner, je tourne la tête. Pour une surprise, c'est une surprise ! A la droite de mon officier en second, sa « cavalière », me fait des grands signes, des grands sourires. Je lui réponds de la même manière. Elle se lève, traverse la piste et vient droit vers nous, vers moi. On peut dire qu'elle produit un sacré effet. La plus belle fille de Tahiti, que dis-je, du Pacifique sud, se jette à mon cou. Elle m'enlace, m'embrasse comme si nous étions deux amants séparés depuis longtemps qui se retrouvent enfin. Cela ne fait aucun doute d'ailleurs pour tous les témoins qu'il s'agit bien de ça. Elle se fait une place près de moi et ne me quitte plus. Tu verrais la tête du second me soufflent les copains. Je ne me hasarde pas à me détourner. Après le repas l'orchestre s'installe, place à la danse. Je dois avouer que la danse ce n'est pas ma tasse de thé. Mais est-ce vraiment danser lorsque l'on est collé, au point de ne plus faire qu'un, avec une telle créature. Un rêve, un beau, qui se réalise. Ah, si mes anciens collègues de l'EM/PERS/CEP me voyaient ! Car l'explication, elle est là. Cette sublime jeune personne, speakerine à Télé Tahiti, le soir, officiait le jour à l'état-major du Taaone. Jeune nigaud sortant du BE, je n'avais d'yeux que pour elle. Les « anciens », dès que je quittais le bureau lui téléphonaient, se faisant passer pour moi, pour lui faire un brin de cour, et dès mon retour trouvaient un prétexte pour m'envoyer dans son bureau. Tout benêt que j'étais, j'avais quand même fini par trouver louche les sourires entendus, le comportement des filles de ce bureau lorsque je venais les voir, et donc de découvrir le pot aux roses. Mais sur le CHELIFF, je n'étais plus ce jeune garçon immature de l'EM/CEP, mais un quartier-maître, un vrai, qui avait muri et sentait bon les embruns salés du large. Ca change tout.