Mon souvenir le plus fort, c'est la découverte, avec l' Altaïr, de la Guyane des années 62-64, c'est-à-dire
avant la création du site de Kourou.
Très peu de métropolitains, très peu de militaires, aucun touriste.
Un territoire totalement vierge et 100 % authentique.
La découverte des villages amérindiens où les femmes étaient quasiment nues.
Les anciens bagnards qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas rentrer en France, les chercheurs d'or qui défendaient "leur" territoire, le fusil à la main, le village des lépreux, les piranhas, les crocodiles, l'incroyable univers carcéral guyanais absolument intact, etc etc
Au îles du Salut, un seul habitant pour les trois îles, un gendarme qui élevait des cochons.
Dans une de ces trois îles, juste devant l'ancien emplacement de la guillotine, un trou d'environ 60 x 60 x 60 cm pour "accueillir" la tête du supplicié (entre bagnards, il y avait souvent des meurtres).
Au milieu de nulle part, à même le sol, gisait un cercueil. Il était en zinc, n'avait pas de couvercle et la plaque de zinc au niveau des pieds pouvait s'abaisser.
En raison des mauvais traitements, des maladies tropicales mal soignées, du climat ... et de la guillotine, les décès de bagnards étaient fréquents aux îles du Salut. Le corps du défunt était placé dans ce cercueil, enveloppé dans un linceul et lesté par un boulet. Les gardiens embarquaient ensuite le cercueil et son contenu à bord d'une chaloupe. Ils se rendaient à un endroit bien précis, toujours le même. En soulevant le cercueil au niveau de la tête, le corps du bagnard glissait et tombait dans la mer.
Dans cette île, il y avait un petite chapelle. Juste avant de quitter le quai pour jeter le corps à la mer, les gardiens faisaient tinter la cloche, toujours de la même façon.
C'était un signal pour les requins. Ils étaient habitués et, au fil du temps, avaient parfaitement compris ce que cela signifiait : miam miam ! Ils étaient toujours fidèles au rendez-vous.
Plusieurs années après la fermeture du bagne, le tintement de cette cloche attirait toujours les requins. Incroyable mais vrai.
C'est le gendarme gardien - résident qui nous a fait visiter ces trois petites îles très particulières et donner toutes ces explications.
Tout ça, hormis la guillotine qui n'était plus là, je l'ai vu.
Et c'est grâce à l' Altaïr.
Plus tard, la découverte de la Polynésie, de Maurice, des Seychelles, etc ne m'a jamais provoqué d'émotions aussi fortes que celles que j'ai ressenties dans cette incroyable Guyane des années 62-64.
Mais ceci n'est qu'un avis personnel. Je n'ai pas la prétention de détenir LA vérité.
Photo Max Péronmars 1964 l' Altaïr en très bonne compagnie !
De G à D, le porte-hélicoptères LA RESOLUE, le croiseur-école JEANNE D'ARC, l'aviso-escorteur VICTOR SCHOELCHER (caché par la fumée des canons), la CROIX DU SUD et l' ALTAIR.
La fumée, c'est celle des canons qui saluent le général de Gaulle.
Photo Max Péronentre autres souvenirs de mes années Marine, les rubans légendés ALTAIR et DRAGUEURS DE MINES.
En 62-64, sur l' ALTAIR, le CANOPUS ou la CROIX DU SUD, on pouvait porter le ruban légendé DRAGUEURS DE MINES sur chacun de ces trois bâtiments. Personne n'y trouvait rien à redire.
Le bachi ARROMANCHES / ECOLE DES FOURRIERS, c'est celui de mon frère dcd.
par 
