par TUR2 Jeu 25 Nov 2021, 07:50
Quinze jours de mer déja, même à 9 noeuds, ça fait de la distance. Aujourd'hui, on a vu des baleines. A bosse, franches ? J'y connais rien en baleine, mais ça sera l'animation du jour. Hier c'était une tortue, grande la tortue, à tel point que le Pacha a fait un crochet pour l'éviter, notre coque en bois est si fragile.
Tiens, des oiseaux, ça fait un moment qu'on en avait pas vu, ils doivent être annonciateur d'une terre quelque part, ouvrons les yeux,
Bientot, à l'horizon, une fine ligne se découpe. Comme on va droit dessus, cette ligne s'épaissit, une ile ! la ligne se dédouble puis se précise, un bandeau d'arbres, une plage, et une frange d'écume. Nous arrivons à destination, c'est là que nous devons ravitailler, Europa. La plus au sud des îles éparses. Nous avons passé Glorieuse sans nous arrêter, frolé Bassas da Indias, tout juste entrevu, pas vraiment une île mais un gros récif qui émmerge tout juste.
Le ciel est clair, le soleil tape dur, pas question de s'y exposer trop longtemps au risque de cramer, et c'est pas l'O2 avec son toubib de papier qui pourrait nous soigner.
Dragueur côtier, Patrouilleur côtier, tu parles, Charles, la côte on la voit pas souvent. Je ne sais pas qui s'occupe des dénominations des bateaux, mais côtier, c'est pas vraiment le terme approprié, l'Océan Indien, c'est pas vraiment la côte Bretonne ou Varoise, c'est un tout petit peu plus vaste quoi.
En plus, sur tous ces bouts de cailloux, y a pas un port, pas un quai, pas un bistrot, rien, que dalle, on se demande d'ailleurs comment ils font pour résister à cette houle, à tous ces chocs répétés, comment ils font pour ne pas se désintégrer et rejoindre le fond de l'Océan, même si là on est dans le canal de Mozambique.
Pas de clim, pas de frigo, plus d'eau douce et c'est nous qui ravitaillons, bon, nous au moins on est que de passage, on se fait pas bouffer par les moustiques dès la tombée de la nuit, et, heureusement, le séjour de ces personnels n'est pas trop long, ce qui peut apparaitre comme un petit paradis peut vite devenir un enfer, et, malgré le calme, le danger est partout. Pas question d'une sortie en mer sur un petit dinghy, et, même éviter les baignades, entre les courants et les bestiaux qui se balladent, pas sur qu'il y ait quelqu'un pour te tirer d'un mauvais pas. Pas de télé, pas de radio, juste, le soir, les étoiles qui apparaissent dans le ciel sans nuage.
J'imagine le naufragé, après le soulagement d'avoir atteint une terre, qui se rend compte de sa situation, pas de montagne, pas de fruits, ou juste quelques cocos, pas de légumes, comment survivre ? Il y a de quoi devenir fou en peu de temps. Le paradis peu cacher l'enfer.
Alors, un Patrouilleur côtier, même vieux, inconfortable, c'est pas si mal, de là au moins, on ne voit que l'immense beauté sauvage et on se met à rêver...
Bien amicalement TUR2