Le Souvenir Français est une association fondée en 1887, alors que la République s’enracine et que la défaite de 1870 reste un souvenir dont "on ne parle jamais et dont on se souvient toujours".

L’association va jouer un rôle essentiel dans le développement de l’esprit de défense et dans l’enracinement mémoriel de la guerre de 1870.
Jusqu’en 1914, elle multiplie les créations de monuments et la participation aux cérémonies.
Durant la Première Guerre mondiale, elle rend hommage à tous les combattants "Mort pour la France" en apposant des cocardes tricolores sur leurs tombes.

A la suite de cette guerre, Le Souvenir Français fait face à une situation nouvelle. Trois acteurs mémoriels s’imposent : l’Etat, les communes et les associations d’anciens combattants. Le Souvenir Français devient le partenaire efficace et permanent de ces trois nouveaux acteurs.

Reconnue d’utilité publique le 1er février 1906 il a pour vocation d'honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France qu’ils soient Français ou étrangers.

Entretenir, conserver et transmettre sont les trois principales missions du Souvenir Français.
La tombe de soldat, mort au combat, se trouve au cœur de ces missions.

Entretenir (dans le domaine patrimonial) :

Objectif : Aucune tombe de "Mort pour la France" ne doit disparaître des cimetières communaux, aucun monument, aucune stèle combattante ne doit être à l’abandon.

Cette ambition répond à deux réalités. Dans les cimetières communaux, un grand nombre de tombes familiales dans lesquelles sont inhumés des combattants "Mort pour la France" sont entrées en déshérence tant à cause de la suppression des concessions perpétuelles qu’en raison des déplacements géographiques des familles. Signalées à l’abandon, ces tombes sont supprimées et les restes des combattants rejoignent la fosse commune. Ainsi paradoxalement, l’opinion publique accorde aujourd’hui plus d’intérêt aux restes de combattants anonymes découverts sur les champs de bataille qu’à ceux de combattants connus inhumés dans les tombes familiales. Sur le territoire national, plusieurs centaines de milliers de stèles et de plaques ont été érigées ou apposées par les associations d’anciens combattants. La disparition progressive de ces associations entraîne l’abandon de ces sites.

Afin de relever ce double défi, les comités du Souvenir Français entretiennent et rénovent des centaines de tombes en déshérence, fleurissent des milliers de tombes, en particulier dans les carrés communaux mixtes entre le 1er et le 11 novembre, et rénovent des centaines de monuments et des centaines de plaques en partenariat avec les collectivités territoriales.

Dans le domaine commémoratif :

Objectif : Aucune cérémonie créée à l’origine pour enraciner le souvenir d’un événement historique local ne doit disparaître.

Cette ambition répond elle aussi à deux défis. Le premier est lié aux journées nationales commémoratives. L’Etat a créé massivement des journées commémoratives nationales combattantes à la demande d’associations d’anciens combattants et d’associations communautaires. Si cinq journées ont été créées entre 1919 et 1954, huit l’ont été de 1993 et 2019. Ces journées commémoratives nationales rassemblent essentiellement ceux qui sont liés par leur histoire personnelle à l’événement commémoré. Or, le nombre de ces témoins (résistants, déportés, combattant d’Indochine, combattants d’Algérie…) diminuent. La question du maintien d’un calendrier commémoratif national aussi dense est aujourd’hui posée.

Toujours mobilisés pour ces cérémonies, les adhérents du Souvenir Français (et les porte-drapeaux de l’association) se concentrent particulièrement sur les journées du 8 mai, du 14 juillet, du 11 novembre et sur les cérémonies du 1er novembre.

Dans le domaine de la transmission :

Objectif : Aucun élève ne doit quitter sa scolarité sans avoir visité au moins un site mémoriel combattant et avoir participé au moins à une cérémonie patriotique.

Cette ambition est un défi qu’il est impératif de relever si nous souhaitons que le partage de l’histoire soude la Nation.

Afin de réussir ce défi, Le Souvenir Français s’est mis au service du monde enseignant. Il apporte en particulier son aide financière aux voyages mémoriels organisés par des milliers d’enseignants. Chaque année, les comités du Souvenir Français subventionnent des voyages scolaires à destination des champs de bataille de 1914-1918, des plages du débarquement, des sites de maquis et des camps de déportation.

Depuis sa création en 1887, plus de 10 millions de Français et de Françaises ont adhéré à un moment de leur histoire personnelle au Souvenir Français.

En 2018, l’association rassemble 200 000 adhérents dont 100 000 adhérents directs et 100 000 adhérents associés, regroupés dans 1 600 comités locaux. Ce sont ces hommes et ces femmes qui par leur mobilisation bénévole, font vivre au quotidien la mémoire combattante française.

Chaque année les adhérents du Souvenir Français organisent des milliers d’initiatives

Opération "Seconde vie des Drapeaux".
L’Opération "Seconde Vie des Drapeaux" mise en place par le Souvenir Français, a pour objectif de donner une nouvelle vie aux drapeaux des associations dissoutes ou qui leur a été confié. Pour ce, les drapeaux sont placés dans des établissements scolaires afin qu’ils puissent continuer à être un outils de mémoire et notamment de transmission.

Le site du Souvenir Français est très intéressant, à visiter, entre autres "La mémoire combattante des Opérations Extérieures" (OPEX) dont un tableau répertoriant les tombes familiales des soldats morts en opérations extérieures est disponible :

"sur le territoire national plusieurs centaines de milliers de stèles et de plaques ont été érigées..."
Pas seulement sur le territoire national, au cours de nos voyages, de nos escales à l'étranger, nous avons pu voir des stèles portant la marque du Souvenir Français.
Voici un exemple en Finlande (que l'on peut retrouver dans Histoire et histoire : expéditions maritimes en Finlande 1854-1855)

Pour illuster mon post j'ai "triché" un peu, la photo date de l'année suivante (1983), l'aviso Amyot d'Inville ayant fait une escale totalement imprévue en novembre, son commandant avait souhaité participer, avec une délégation du bord, à notre cérémonie.

la photo ci-dessus, par contre, est bien de 1982 (à Helsinki, à 17 heures en novembre, il fait nuit). Les habitués reconnaitront la croix en forme de glaive caractéristique du Souvenir Français.

Je suis membre du Souvenir Français du Finistère, le Président (un ami) un CF(r) François Fouré. La commune de Fouesnant les Glénan est membre bienfaitrice. Le 30 novembre a Quimper aura lieu la journée mémoire et citoyenneté dont la 1ère avait eu lieu dans ma bonne ville il y 4 ou 5 ans.
Ma carte d'adhérent

Lorsque, à Helsinki, l’ancien délégué général du Souvenir Français, est venu voir les militaires à l’ambassade pour nous parler d’un marin inhumé dans le cimetière orthodoxe de la ville, dire que lui cessait ses fonctions auprès de cette tombe et, en conséquence, venait nous donner ses archives, je me suis dit il est gonflé celui-là. Mon colonel m’a répondu : un classeur de plus ou de moins dans votre secrétariat qu’est-ce que ça change ? Il me la baille bien belle lui ! Il ne s’agit pas là d’un classeur mais d’un cheval de Troie. Pas question pour moi, militaire en activité d’être le représentant d’une association, fut-elle patriotique. D’ailleurs, ce n’est pas moi, l’attaché militaire. Par ailleurs, même si j’acceptais, à titre personnel, de m’occuper de cette tombe (ce n’est pas le colonel qui va le faire), je ne suis que de passage ici et il n’y a aucune raison que j’oblige mon successeur à prendre la suite.
Quoi qu’il en soit, ma curiosité est piquée, allons voir cette sépulture : un marin breton, de Lannilis aussi quoi ! Je ne peux pas rester insensible. Seulement lorsque l’on met le doigt dans l’engrenage, la machine vous happe le bras puis le corps tout entier. Dès lors on me dit qu’il y aurait des tombes de marins un peu partout sur les îles. Je me mets à leur recherche. Bientôt je me retrouve avec plus de 700 militaires morts dans des opérations liées à la guerre de Crimée (1854-1855). Désormais, la communauté française honorera, chaque 11 novembre, ses morts pour la France, sur la tombe du quartier-maître et je vais tout mettre en œuvre pour sortir les autres de l’ombre et qu’ils aient aussi leur monument commémoratif. Lors d’un passage par Paris, je rencontre un général au siège du Souvenir Français qui me promet de me débloquer les fonds pour mon monument (j’avais fait faire un devis et obtenu l’accord des autorités locales). Je rendais compte de mes activités (cérémonie du 11 novembre) et de mes recherches dans le bulletin du Souvenir Français. Pour financer ma couronne de fleurs du 11 novembre, par exemple, je vendais des pin’s, des autocollants, des fanions au logo du Souvenir Français (c’est le post de Charly ci-dessus qui m’a ravivé la mémoire et amené à rédiger le présent message)
L’affaire est désormais d’importance et nécessite pérennité. Il faut un délégué général du Souvenir Français "officiel". L’attaché militaire décline bien sûr l’invitation. J’assure, pour le candidat éventuel, qu’il n’aura rien à faire, je continuerai comme par le passé à m’occuper de tout. L’ambassadeur contacte un "civil" de la communauté française pour qui il serait difficile de dire non à son Excellence. Par curiosité, j’ai regardé, il n’y a pas si longtemps, le site du Souvenir Français en Finlande. J’ai constaté qu’après notre départ (les 2 attachés que j’ai connus et moi) le poste militaire a botté en touche. J’ai eu la surprise de voir que dans les liste des délégués généraux successifs je suis cité. Pas si travailleur de l’ombre que ça ? Depuis, en retraite, j’ai eu l’occasion de contacter le siège à Paris, il m’a été répondu que l’on ne me connaissait pas, que je figurais nulle part. Soit (dans le bulletin on trouve pourtant bien ma photo et aussi mon nom). Travailleur de l’ombre donc. Le monument à la mémoire des militaires du corps expéditionnaire en Baltique, a été érigé dans les îles Aland, province autonome de la Finlande, possédant son propre parlement. Lors de l’inauguration, j’étais rentré. Le Président du Parlement local (c’est avec lui que j’avais négocié, "mes" tombes se trouvant sur le domaine public) a demandé après monsieur Tanguy. C’est qui ce monsieur Tanguy ? a demandé le nouvel ambassadeur. Travailleur de l’ombre, oui, mais pas inconnu de tous.