Voici quelques souvenirs:

1 - Concernant l'ambiance. Un exemple : Le S.M. fourrier était en pleur dans son bureau, il venait de se faire "remonter les bretelles" par "J.R". ou "Bobby", pour une histoire de feuille de service ou de feuille de quart à la passerelle à modifier en urgence. Il était fréquent que ces documents soient modifiés à la dernière minute par exemple avant le repas ou avant l'appareillage, les bras cassés n'étaient pas fans du quart à la mer.

2 - Mon chef de service E.V.1 ""boum", était bien brave mais il faisait de l'huile devant « J.R », donc j'avais moult coups de gueule avec le pacha, son langage ne m'effrayait pas mais je reconnais que ce n'était pas le cas de tout le monde. Une anecdote concernant l'arme principale d'un B.D.C. selon « J R », le mortier de 120 m/m.
L’Artillerie Navale vu l'état de la chose l'avait fait souder dans l'axe de la proue avec l'accord de PARIS et des ingénieurs de l'armement.
Mon prédécesseur trouvant qu'il avait déjà assez de boulot comme "chien jaune" ne voulait plus entendre parler de cette relique. Hé bien « J,R » m'a ordonné de restaurer la chose et de faire rugir le monstre ( selon ses propres paroles) ce qui fut fait après plusieurs jours à transpirer dessus et des achats comme un câble de moto ( avec mes deniers) pour déclencher la mise à feu.
Donc des postes de combat en plus, pour tirer avec le mortier du vieux, comme les 40 m/m fonctionnaient au poil, tu devines que les gars bénissaient les canonniers, et moi au carré O.M. combien de fois l'on m'a répété que, vu ma superbe notation, j'étais bien con de me décarcasser.

L'artillerie lourde avant.


J'ajoute cette remarque: Il est exact quand je descendais à mon poste de combat à la machine et que l’on entendait « canonniers à vos postes », on savait que l’artillerie allait rugir. On sentait des vibrations à chaque coup de mortier.
Et on se disait « J.R. » doit jubiler, voire jouir …..

3 - Concernant le cuisinier.
 Une nuit, durant un 00h à 04h00, alors que j'étais chef de veille à la passerelle, je bullais avec mes veilleurs sur l'aileron tribord, lorsqu’une lumière venant de la coursive centrale, plutôt de la rampe équipage (une porte donnant sur le passe tribord avait dû être ouverte et mal refermée) a attiré notre attention, j'ai donc envoyé un veilleur (un recruté local) la refermer. Il est revenu précipitamment et ...
_  Chef ! Chef ! Vite un accident ! la « cuisse » il est par terre au pied de la rampe et il couine comme un pua !
_ Bon, j'arrive.
Je préviens l'officier de quart le 2 galons maneu, je descends 4 à 4 les escaliers et déboule à la rampe équipage. Là, spectacle navrant le Gros gisant et gémissant au milieu de la coursive, entouré de quelques recrutés et d'un baleinier.
_ Mais que s'est-il passé ?
_ Chef, « la cuisse » il a voulu nous faire une démonstration de Kung Fu, et il a glissé dans une bière renversée et il ne peut plus bouger.
Notre allongé :
_ Vite ........, je vais mourir !
_ Mais non, "chef" je préviens le sorcier et le taote et je rends compte à la passerelle.
Ce qui fut fait dans la foulée, vu la taille et le poids de l'homme, il a fallu se mettre à cinq pour le descendre sur une civière à l'infirmerie, évidemment même avec la plus grande prudence, nous l'avons un peu cogné lors de la descente par l'échelle tribord pour l'emmener jusqu'à l'infirmerie, t'imagines les couinements du Gros et les rires des mousses !
Finalement, bilan de la chose : un bon lumbago pour le "roi des marmites", plus une engueulade de "JR", parce qu’avec le b****l que j'avais fait, je l'avais réveillé.
Mais, vengeance, le pacha me voit me marrer et tu connais "JR" et son langage châtié,
_ pourquoi tu rigoles, abruti de canonnier ?
 _ vous n'aviez pas un repas de prévu, demain (un peu plus tard vers midi du même jour) Commandant ?
_ Et zut c'est vrai !
 Et bien le commis et le mousse cuistot ont dû galérer pour tout préparer, car le "roi des fourneaux" a été accidenté au début des préparatifs festifs pour le vieux.
Moralité : je ne sais pas si les officiers ont bien mangé, mais mon quart de nuit est passé assez rapidement et finalement de voir la gueule de "JR" s'allonger, je me suis bien marré.

Concernant notre "roi des marmites" ,j'en rajoute une de plus, dont la fin fera rugir le seigneur de la tour d'ivoire.
J’ai souvenir, il me semble à MORUROA ou PAPEETE, d’un repas concocté par « la cuisse » avec son fameux saumon mayonnaise.
Il y avait des invités au carré, le grand tralala maître d’hôtel en blanc serviette sur le bras , les deux portes de la coursive des « bœufs » qui claquent … catastrophe ; le plat servi était immangeable car il avait tourné.
En effet “la cuisse” ,sous pression ce matin là, prépare le plat mais le laisse dans la cuisine au lieu de le placer au frigo. La chaleur aidant la mayonnaise a virée.
Quand il a fallu annoncer cela à “JR” notre chef cuistot en tremblait, il s’est fait traiter de tous les noms .
Notre motel nous informe des déboires du « jongleur des casseroles » nous au carré O.M.S. on a bien rigolé.
Car il a fallu servir une entrée sans tralala, type salade de tomates. La honte. Notre « roi des marmites » en pleurait.
Et nous on jubilait.

Sur la cote Est



A la presqu'île


chemin en construction, vers les barrages hydrauliques de la vallée de la FAATAUTIA


Futur barrage


Entrée du premier tunnel des lavatubes, assez acrobatique


Accès en paroi du deuxième tunnel, j'avais installé une corde, très difficile d'accès


Devant l'entrée du quatrième tunnel derrière moi. On est "KO" on se baigne et demi tour. Le franchissement du dernier on le tentera 5 fois, mais que le directeur et moi même.


Vallée de la PAPENOO, il y avait un semblant de chemin, mais il fallait constamment passer des gués.



Ce qui devait arriver, sur ce chemin on a fait une envolé sur une bosse, le Scout en tombant a stoppé. L'électronique n'a pas tenue. Heureusement ,on commençait à préparer nos affaires et rentrer à pieds, quand on a entendu un bruit de moteur, des chasseurs rentraient. Ils nous ont tracté ,grâce à mon cordage.
Là on est sortie du chemin et on remet la corde en place. Ils nous ont tracté jusqu'à une plateforme car vu le poids de la "bête" on était à la limite de rupture dès que l'on montait une cote raide. On a laissé la "bête" et ils nous ont ramené au fare. Il était environ 21 h.


La semaine suivante on change de véhicule.


A suivre le franchissement des lavatubes

Le schéma des "lavatubes" les 3 premiers tunnels.


Photos "LDG" l'entrée du premier tunnel.


Dans le 4ième tunnel.
On marche environ 150m à 200m, le tunnel se sépare en deux. On suit le tube de droite et a droite un autre tunnel mais pour y accéder il faut franchir un mur (une cascade sèche) d’environ 3m de haut avec peu d’accroche. En se faisant la courte échelle et avec l’aide d’un coupe coupe j’arrive à creuser une ou deux « marches ». On chemine sur 200m , on fait face à un lac (je le nomme supérieur) avec une cascade infranchissable, c’est vertical et glissant, de plus trop haut.
On suit le ruisseau et on arrive devant un trou encombré de branchages, l’eau disparaît à la verticale.


Dans le tunnel supérieur avant le lac


Le lac supérieur avec la cascade infranchissable


Trouée de la cascade du lac inférieur.


On fait demi tour, on repasse devant la cascade dite supérieure. On descend le mur de 3m et on continue sur la droite à environ 10m et on est devant un lac (je le nomme inférieur) . L’eau qui s’écoule doit venir du trou cité précédemment.

On revient en arrière, et on prend le tunnel de gauche.
C’est impressionnant car il fait par endroit plus de 10m de haut sur une largeur variant entre 1,50m à 5m.
La sortie est à environ 300 ou 400m. Il est très difficile d’estimer celle-ci.
Ouf on respire , on a continué le lit du ruisseau sur 50 à 100m et on a fait demi tour après avoir jugé qu’il était hasardeux de vouloir chercher une des origines de cette rivière. Surtout vu l'heure.

On a réussi, on a trouvé une source de la FAATAUTIA, le parcours aller retour fut éprouvant. On est rentrée heureux mais très fatigué, vers les 20 h ou plus.

Mais cela s’est su je pense par celui qui m’a succédé à la présidence « le rat de passerelle ».
Il était étonné de me voir prendre des médicaments à table. De plus je n’ai pas voulu les nommer.
Le jour même ou le lendemain, je suis convoqué chez le Pacha avec l’Off. en second. Sans mon Chef. J’explique ce qu’il m’arrive suite à un repas familial, que d’autres membres de la famille ont eu des ennuis après ce plat de poisson.
« Bobby » s’empresse de contacter ses amis toubibs, et en urgence une visite à Jean Prince. Le bâtiment devait partir en Ravsites.
On me trouve une maladie ... inapte en mer ?
Résultat, le bateau part en mer et moi je vais à ARUE à l’atelier réparation. Le bateau rentre je retourne à bord et je continue les tours d’Officier de garde. . A mon retour en FRANCE pendant mon congé en septembre, j'ai passé un contrôle à l’hôpital BEGIN VINCENNES, le médecin très étonné, me fait comprendre que je n'ai rien. On s'est bien foutu de moi... je sors de son cabinet écœuré. Mon épouse qui m’accompagnait en a pleuré, et moi de rage j'ai jeté mon dossier dans une poubelle.

22/3/84 Un jeudi ; Je suis de garde.à PAPEETE.

3/4/84 Un mardi. Je suis de garde en double avec un P.M. (pour instruction)
Il est prévu : Inspection Technique du service santé.

7/4/84 Un samedi ; Je suis de garde à PAPEETE.

11/4/84 On me débarque pour affection n° 532.7 et indisponibilité de 2 mois. Il est demandé un remplaçant pour le 23 car le bateau va en RAVSITES

13/4/84 On me mets en subsistance au CEP /LOG/NAV à ARUE.
Le M.P. J.... de la D.P. sera en subsistance. En réalité le bord ne juge pas utile sa présence.
Sous les ordres du Capitaine NOLE et de son adjoint un M.P. mécano (plus jeune, fraîchement promu, qui n'a pas beaucoup de tour d'hélice à son c.. vu la façon dont il donne ses ordres ) Je participe ,comme un matelot ; à l’installation d’une buanderie et à diverses réparations (tondeuse à gazon, matériel de cuisine…) En quittant ce poste , début juillet, cet Officier me remercie pour le concours que j’ai apporté.

Une bonne nouvelle : 19/4/84 Je suis désigné pour le Service des Marchés Généraux à PARIS (MARGECO) , à compter du 29/10/84

4 - 19/4/84 Le service de santé me classe inapte à la mer pour une durée de 3 mois. À compter du 10 avril 1984.
Affection n° 532.
Conséquences : Un collègue et Ami de longue date M.P. secrétaire à ARUE, me confie « ils t’ont bien eu, et tu ne risques pas de passer Major et pourtant tu es deuxième sur la liste, cela va te suivre... » .
Je lui fais remarquer que je dois quitter fin 1986.

20/4/84 Le CEP demande l'arrivée de mon remplaçant dans les meilleurs délais et me met en subsistance à la DCM PAPEETE service technique d'ARUE
Au départ du bâtiment, j'allais à ARUE et au retour de celui- ci je regagnais le bord et bien sûr je reprenais les gardes comme si rien n'avait changé. Mon travail d’adjoint au Chef mach.

24/4/84 Je suis toujours pour emploi à UM ARUE jusqu’au 31/7/84.
Le M.P. H..... est mis temporairement à bord jusqu’au 21/7/84. En réalité le bord juge sa présence inutile.
Au retour à bord, je n’ai jamais entendu parler ni vu un subsistant .

Donc, pendant que le BLAVET navigue, je continue ma corvée à ARUE et j'en profite pour me distraire.

En mai , nous sommes invité par un Ami à pique-niquer à MOOREA nous étions une dizaine sur ce bateau confortable équipé pour la pêche aux gros..
On mouille Baie du NUAREI, on déjeune les pieds dans l’eau avec coupe de champagne, de vrais touristes Américains….(il y en a deux ).




Au retour , il faisait nuit. On franchit la passe de PUNAAUIA panne de moteur, afin d’accoster , on continue en donnant des coups de démarreur.
J’arrive à amarrer l’arrière et je vais à l’avant afin d’en faire autant. Le bout dans la main je saute mais le bateau recule, je tombe joue gauche sur le quai et ensuite à l’eau ; il y avait à bord un américain qui n’a pas compris ce que me disait le pilote. Il a tiré sur l’aussière quand il a entendu « vas y saute ».
A moitié dans les vaps, direction Jean Prince, une radio rien de cassé. Compresses, anti douleur et ne pas s’exposer au soleil.
Le lendemain ces Amis nous invite à l'inauguration de leur usine de fabrique de bouteilles plastiques

Au retour de mer du bateau, je n’étais pas beau à voir, il a fallu que je m’explique.
Tout le coté gauche était noir du front au menton, le nez , la joue et les lèvres éraflés, je ne pouvais pas me raser vu la douleur.
Bien sur j’ai eu le droit à quelques quolibets.