Merci pour l'info, Yvo.
En cet été 1951, il venait donc d'arriver à Brest mais il était bien dans le même état qu'en 1940.

Max Péron a écrit: il était bien dans le même état qu'en 1940.

Pas tout à fait. Les Allemands avaient fait reprendre les travaux, surtout dans le but de libérer la cale. Mais les employés de l'arsenal y mettront tellement de zèle que cela n'arrivera pas. Pas avant la fin de la guerre en tout cas!

Je me permets de citer l'amiral Lepotier dans son livre "Lorient, porte des Indes" au sujet du De Grasse (ed. France Empire 1970) :
p 477 "[A leur arrivée à Lorient fin juin 1940], les Allemands entendaient que tous les moyens du port et le personnel qualifié soient mis à leur disposition sous encadrement allemand. L'ingénieur général Antoine [directeur des constructions navales] répliqua qu'il était bien obligé de s'incliner devant la force, mais que si l'occupant prétendait contraindre certains ouvriers à travailler sous encadrement allemand, on risquait de graves incidents par suite de malentendus, et il insista pour que nos ouvriers restent sous encadrement français. Les Allemands se méfiaient - et à juste titre - de ces intermédiaires, mais en reconnurent la nécessité. Bien entendu, pour réduire le plus possible cette réquisition, on continua à imaginer tous les prétextes possibles afin d'employer notre main d'oeuvre à des travaux français... cuisines roulantes, fours à gazogène, travaux sur les réseaux urbains... mais cela ne pouvait justifier très longtemps l'emploi de quelques milliers d'ouvriers spécialisés dans le domaine de la construction navale !"
p478 "Leur seul emploi plausible ne pouvait être justifié que par la poursuite de travaux sur les navires français en construction lors de l'armistice, et en particulier sur le croiseur de 8000 tonnes De Grasse, dans la forme de construction de Lanester, et sur les avisos dragueurs se trouvant sur les cales voisines de Caudan...
Brusquement, l'occupant fit savoir qu'il désirait voir libérer la forme de construction et les cales afin d'y mettre lui-même des navires en construction... Aussitôt, on le persuada que le moyen le plus rapide de parvenir à ce but était de mettre les coques qui s'y trouvaient en état d'être lancées ou mises à flot, ce qu'il admit.
Dès lors, tous ingénieurs et ouvriers s'ingénièrent, tout en manifestant une voyante et bruyante activité, à retarder indéfiniment les travaux, défaisant pendant une semaine ce qu'ils avaient fait durant la précédente et, dans le même temps, dissimulant dans les doubles fonds du croiseur De Grasse, une quantité considérable d'outillage. Si incroyable que cela puisse paraître, cette résistance passive réussit à se prolonger de sorte que le De grasse était encore dans la forme de construction de Lanester lors de la libération de 1945 et les avisos dragueurs sur les cales voisines..."
p506 "... L'équipement de la grande forme de construction de Lanester était à reconstruire, mais la coque du De Grasse était récupérable, ainsi que celle de l'Aviso A1 - baptisé peu après Bisson - demeurée, durant toute l'occupation sur la cale n°5."
p507 "Après la mise à flot du croiseur De Grasse - qui devait être remorqué à Brest en 1950 pour achèvement- on mis en chantier dans la forme de construction au début de 1947 deux cargos de 2600 tonnes..."

Voilà qui explique à la fois la présence du De Grasse à Lorient pendant la guerre et la photo de 1950 sur laquelle on le voit dans l'arsenal de Brest en 1950 (ou peut-être début 1951).
François Chabot

Très intéressant, François, cet historique méconnu du De Grasse lorsqu'il était à Lorient durant la période 1940-1945.
Au sujet de la photo du message 499, je confirme la date et le lieu.
C'est mon père qui a pris cette photo avec le 6 x 9 à soufflet qu'il venait d'acheter.
Au dos de cette photo, il a écrit "De Grasse Brest 1951".
Cette photo a été prise d'un pont. Sur d'autres photos prises le même jour sur ce pont, nous sommes en chemisette. C'était certainement en juillet ou août (vacances scolaires).
Il s'agit probablement d'une des plus anciennes photos du De Grasse à Brest.

Bonjour,
La photo est prise depuis le pont de l'Harteloire, inauguré en 1951 mais je ne connais pas la date précise.

En résumé, en 1951, arrivée de la coque du De Grasse à Brest et inauguration du pont de l'Harleloire dans cette même ville de Brest (merci pour l'info, Yvo).
Et j'apprends tout ça grâce à ACB.
Merci ACB !
J'avais huit ans ce jour-là quand, du pont de l'Harteloire tout juste inauguré, je regardais cette coque tout en bas.

Comment aurais-je pu l'imaginer ?
Vingt-et-un ans plus tard, cette coque qui ne ressemble à rien devenait un superbe croiseur anti-aérien, j'embarquais à bord et, grâce à cette affectation sur le De Grasse, je découvrais Tahiti pour la première fois de ma carrière.

On apprend tous les jours quelque chose grace à ACB.

Le De Grasse de 1937 à Lorient à 1972 à Papeete en passant par Brest en 1951, suite.

Comme je l'ai écrit précédemment, en 1951, j'avais seulement huit ans lorsque, pour la première fois, j'ai vu le De Grasse - ou plus exactement la coque du De Grasse - à Brest du haut du pont de l'Harteloire tout juste inauguré.
Juste pour rigoler, voici comment j'étais le jour où j'ai vu ma future affectation pour la première fois :

Spoiler:

Trouvé sur le net, le croiseur Dupuy de Lome.
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Bonjour,
La photo date d'avant la refonte débutée en 1902.

Une question : pour quelle raison a-t-on conservé, au moins jusque dans les années 40, des ponts en teck sur des navires en acier ? Quels sont les derniers bateaux gris qui ont eu des ponts en teck ?
Merci de vos lumières.

Le Dragueur de mines Croix du Sud M734 avait un pont en bois, j'étais à bord de fin 1967 à fin 1969, basé à Fort de France.

C'est une très bonne question ! Je te remercie de l'avoir posée.
Je ne sais pas. Pourtant ...

Spoiler:

Le bois est aussi bien meilleur isolant thermique que l'acier.

Woui, c'est thermique. Mais gare aux termiiites, aurait dit Brassens.

J'étais donc sur le DC Croix du Sud en 1967-69 (celui-ci cédé aux Seychelles y à terminé sa "vie en 1981).
Philippe nous demande quel est le dernier navire avec pont de bois... à vous

Photo montrant le pont de la Croix du Sud M734

Spoiler:

Hervé : Par contre , le bois ne rouille pas , ... faut pas s'en ...fer
non mais c'était au balai à paille de fer qu'il se nettoyait, je ne me rappelle plus la "cadence" mais je crois que c'était souvent

"dernier navire avec pont de bois..."Étoile et Belle Poule ?

Là Eric, tu as placé la barre très très haut, oui mais y as tu été navigant ?