Marc Raynaud : Pour mémoire, la refonte de Sainte assise a été effectuée de l'été 1996 à la fin 1998.
Quelque pin's de cette époque
https://i.servimg.com/u/f62/15/67/42/01/insign11.jpg

Ces deux femmes étaient persuadées qu'il n'y aurait aucun problème.

Bin si quand même , à moins d'être indifférentes au sort des chevaux.
CC

Major Max devient Inspecteur Max

Les matelots appelés brevetés chauffeurs devenaient une denrée de plus en plus rare à La Régine. Cette situation était probablement dûe à la suppression progressive du service militaire (de moins en moins d'appelés). Seule solution pour faire tourner la boutique et assurer tous les roulages de la station : faire passer le permis de conduire militaire à tous ceux qui étaient déjà titulaires du permis de conduire civil. Le lundi matin par exemple, un second-maître radio "de corvée" pouvait très bien aller chercher les permissionnaires à la gare SNCF de Carcassonne ou de Castelnaudary.

Quelques années plus tôt, permis civil ou pas, le candidat devait repasser toutes les épreuves - code et conduite - dans un centre auto agréé, l'inspecteur étant le directeur de l'auto-école militaire. Depuis, les choses avaient bien changé. Les unités étaient désormais habilitées à délivrer elles-mêmes ce précieux document, indispensable pour prendre le volant de tout véhicule militaire. Pour La Régine, c'est donc le chef de station qui fut promu Inspecteur du permis de conduire militaire, uniquement pour le personnel déjà titulaire du permis de conduire civil.

Pas d'examen de code, uniquement une épreuve de conduite à l'intérieur de la station. La station radio de La Régine s'étendait sur 125 hectares et possédait un réseau routier de plusieurs kilomètres, tout neuf dans le secteur sud, consacré au pylône SOLFERINO. C'est donc bibi, alias Inspecteur Max, qui fit passer l'examen du permis de conduire militaire à tous les marins de La Régine. Je ne me souviens pas l'avoir refusé une seule fois. Trop gentil ? Non. Tous et toutes le méritaient, tout simplement.

La station radio de La Régine félicitée par la presse locale

La station possédait un vrai camion de pompiers. Un jour, il est même sorti de la station pour éteindre un feu de broussailles aperçu et aussitôt signalé par les fusiliers-marins de garde à l'aubette. Ce début d'incendie avait été déclenché par un transformateur électrique d' EDF installé sur un poteau. S'il n'avait pas été maitrisé très rapidement, le feu se serait propagé dans la forêt toute proche.
Pour cette intervention rapide et efficace, nous reçûmes les félicitations du commandant du CTM France Sud et de la presse locale dès le lendemain matin. Cet incident mit en lumière un de nos points faibles (dont nous étions conscients) : très peu d'entre nous étaient titulaires du permis de conduire "poids lourd" militaire, indispensable pour prendre le volant de ce beau camion rouge qui fait "pin-pon". Si un nouvel incendie se déclarait hors heures ouvrables, cela risquait de nous poser un gros problème.
Pour un stage PL, qui est volontaire ?

Permis VL militaire en poche (merci qui ?), Miss Valérie Caille, second-maître radio tout juste sortie du BS, partit en stage "poids lourd" ... au 3ème Régiment Parachutiste d' Infanterie de Marine de Carcassonne. Elle y suivit exactement le même entraînement que les Marsouins avec, entre autres, manœuvres de nuit et bivouac à la belle étoile. Elle obtint son permis PL du premier coup. Bravo Miss.

Max :

Autre extrait de mes mémoires au sujet de la station radio de La Régine en 1993-1995 :

Les femmes meilleures que les hommes ?

Les seconds-maîtres fusiliers-marins de La Régine, fort sympathiques au demeurant, avaient une fâcheuse habitude, celle de considérer la cuisine de la station comme un self-service à leur disposition. En dehors des heures ouvrables, ils y pénétraient et se servaient sans retenue dans les frigos. Les officiers de garde, maîtres BS ou premiers-maîtres radio, n'osaient rien leur dire ou ne protestaient que très mollement. En tout cas, jusqu'à présent, jamais un gradé fusilier ne s'était fait virer de la cuisine par l'officier de garde.

Miss Valérie Caille n'était "que" second-maître mais titulaire du Brevet Supérieur radio. Avec l'accord de Launay (commandant du CTM France Sud, je l'ai connu matelot trafi sur le Suffren), je la désignai pour exercer les fonctions d'officier de garde à La Régine (deux stations d'émission HF et LF, 120 marins). Comme un maître BS ou un OMS. Dans cette fonction ô combien importante, elle était tout à la fois la plus jeune et la moins gradée.

Un soir, en faisant une ronde en cuisine, elle tomba nez à nez avec un second-maître fusilier qui cassait tranquillement la croûte devant les frigos grands ouverts. Miss Caille piqua une très grosse colère et demanda au fusilier de quitter immédiatement les lieux. Dans un premier temps, ce dernier refusa. Le ton monta alors rapidement mais la jeune miss ne se laissa pas impressionner. Elle réitéra encore plus fermement son Ordre.
On reconnaîtra aux fusiliers cette qualité : ils sont disciplinés. Le fusilier quitta donc la cuisine, lui aussi très en colère. Parmi les fusiliers de la station, ce second-maître, plutôt ancien en Marine, était aussi l'un des plus machos. Se faire ainsi virer par une - jeune - femme, fût-elle officier de garde, LA honte !

Le lendemain matin, toute la station était au courant de cet incident. Dès la première heure, le second-maître fusilier demanda à me voir pour se plaindre du comportement de l'officier de garde à son égard. Comme je l'ai déjà dit précédemment, j'ai souvent tendance à prendre la défense des fusiliers vis-à-vis des marins du Service Général. Dans le cas présent, la cause était indéfendable et je donnai raison à l'officier de garde. A 100%.
Messieurs les officiers de garde de La Régine, je vous invite à prendre exemple sur Miss Caille !

.../... J'espère qu'elle a fait une longue et belle carrière, elle le mérite.

et après, on dira que les femmes n'ont pas de punch

Merci pour le partage.

"Le survol de la station radio de La Régine est formellement interdit", dixit la réglementation aéronautique.

Cette photo est d'autant plus rare :

1993-1995 Dans la Montagne Noire, entre Carcassonne et Castelnaudary, à 657 mètres d'altitude, la station d'émission HF et LF de La Régine. Nous sommes pile-poil à la frontière des trois départements de l'Aude, du Tarn et de la Haute-Garonne.

L'aéroport de Carcassonne soupçonnait (à tort) la station radio de La Régine de brouiller certaines de ses fréquences radio. Pour en avoir le cœur net, mon adjoint, Albéric Mallet, par ailleurs responsable de la station d'émission HF, embarqua sur un petit avion avec un appareil de mesures.
Avec l'accord du commandant de France Sud, j'avais prêté mon appareil photo Canon AE-1 à Mallet pour qu'il fasse des photos aériennes de la station. D'où cette photo que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

Merci pour le partage.

Recherche d'éventuels brouillages causés par la station d'émission HF/LF de La Régine :
à bord d'un avion, mon adjoint, le mp radio Albéric Mallet, survole la station et ses environs.
Voici une autre photo, plus nette que la précédente :

Vue générale de la station et de son environnement.

Implantée dans le département de l' Aude, sur la toute petite commune de Villemagne, la station émission de La Régine s'étend sur 125 hectares. Il faut plus d'une heure pour faire, à pied, le tour de la station (plus de huit kilomètres).
Situés à proximité immédiate de la station, le lac des Cammazes et son barrage alimentent le canal du Midi et fournit en eau quelques 200 communes environnantes.
La Régine est distante de La Lauzette, l'autre site du CTM France Sud, d'environ 20 km. Le dénivelée entre les deux sites est de 500 mètres.

En hiver, les conditions climatiques sont assez difficiles (micro climat, neige très fréquente) et les différences entre les deux stations sont parfois étonnantes. Il neige chez vous ? Pas possible ! Un ou deux ans avant mon arrivée, la station a été coupée du reste du monde pendant plusieurs jours et a dû être ravitaillée par hélicoptère. Une autre fois et toujours en hiver, un amiral venu de Toulon pour inspecter le CTM France Sud dut rebrousser chemin et se contenter de La Lauzette, sa voiture s'avérant incapable d'accéder à la station. .../...

.../... La station possédait également un sondeur ionosphérique, au service du Cofost. Un an auparavant, il y en avait même un deuxième. L'immense radome en plastique protégeant son antenne s'est effondré sous le poids de la neige.
L'effectif total Service Général & Fusiliers-marins affecté à La Régine était d'environ 120 marins, de matelot à major. Aucun officier.

Pour Info : dans le "Guide d'accueil et de présentation du CTM France Sud", sorti pour la première fois dans les années 90, j'ai rédigé tout ce qui concerne La Régine. Mis à jour, ce guide est peut-être toujours distribué aux nouveaux embarqués ?

Retour sur la photo aérienne de la station :

en haut à droite, ce ne sont pas des cratères de bombes mais les emplacements des antennes d'émission HF, à proximité de la zone vie. La station d'émission LF "Solférino" est semi-enterrée et donc quasiment invisible.
L'antenne d'émission LF est constituée d'un pylône rayonnant de 332 mètres - plus haut que la Tour Eiffel ! - visible à plusieurs dizaines de kilomètres, de jour comme de nuit.

Entre la station et le lac des Commazes, il y a une route qui relie Carcassonne à Revel. Côté station, nous sommes dans l' Aude et de l'autre côté de cette route, nous sommes dans le Tarn.
D'autre part, la borne qui fait la frontière entre l' Aude et la Haute-Garonne est située sur cette même route, juste dans le coin gauche de la station sur cette photo.
Sur cette photo, on ne voit pas les Pyrénées, elles sont de l'autre côté. Dommage.

1993-1995 Je profite de l'appel de 08H00 pour décorer de la DEFNAT quatre matelots radec qui font du quart dans les stations d'émission HF ou LF. L'un deux, particulièrement compétent et motivé par ses fonctions d'adjoint chef de quart LF, terminera son service national avec le grade de quartier-maître de 1ère classe. Promotion rapide mais méritée.

Tout à gauche, notre sécuritar, le sm Plard. Sa toute jeune épouse seychelloise était absolument magnifique, une vraie reine de beauté. Après La Régine, il a quitté la Marine pour vivre aux Seychelles. Il a trouvé du travail comme chef sécurité dans une brasserie.

A droite, derrière moi, le sm radio Laborde. Sa passion, c'était de faire des ballades hors-piste en 4x4. Un jour, sa jeep s'est embourbée dans la forêt qui longe le lac des Cammazes. Informé, j'ai envoyé un véhicule de la station pour le sortir de cette fâcheuse posture. Pas très réglementaire me direz-vous mais, entre marins, il faut bien s'entraider.

Avais tu le ballon à l'époque ? depuis l'automne 2002 que je suis dans le 135 à presque 3 nautiques de la Lauzette, je ne l'ai jamais vu en l'air.

Le fameux ballon de La Régine. On est bien d'accord, 3ème ligne, on ne parle pas de rugby ? ni de football ?
Entre 93 et 95, on en a beaucoup parlé de ce ballon mais lorsque j'ai pu - enfin - retourner en Bretagne, il n'était toujours pas installé. Si des essais ont eu lieu, pour des raisons de discrétion évidentes, je pense qu'ils l'ont fait de nuit.
Par rapport aux deux photos précédentes, la station radio de La Régine vue de l'autre côté, c'est à dire du côté du lac des Cammazes.
En raison de la présence de ce lac qui jouxte la station, pour rigoler, on se dénommait nous-mêmes "Marine des Cammazes".

1993-1995 Carte postale du barrage des Cammazes. Juste derrière, la station radio de La Régine. A gauche, le pylône du relais hertzien et la zone vie. A droite, le pylône d'émission LF.
657 mètres plus bas, la vallée.
Le mercredi après-midi, c'était sport pour le personnel non de service. Avec une miss qui, comme moi, pratiquait le footing (aujourd'hui, on dit "running"), j'allais courir dans la forêt des Cammazes.

Photo Max Péron
Au pied du pylône d'émission LF. On ne s'en rend peut-être pas bien compte sur cette photo mais ce pylône est plus haut que la Tour Eiffel !!!
En période de maintenance, un concours était organisé pour savoir qui, parmi les volontaires, monterait le plus rapidement possible tout en haut du pylône.

Photo Max Péron
Ne pas confondre haubans et brins rayonnants qui partent en étoile de l'extrémité supérieure du pylône.
Les boules de balisage aérien nous ont causé quelques soucis. Une à une, elles ont toutes pris feu et sont venues s'écraser en flammes aux pieds de ceux qui avaient eu la malencontreuse idée d'être sous le pylône à ce moment-là. Casque obligatoire !

Photo Max Péron
Mon épouse et mon fils ont quitté la Bretagne pour venir passer quelques jours de vacances à La Régine. En tant que chef de station, je dispose en effet d'une villa de fonction classée NAS (nécessité absolue de service). Je leur fais visiter la station. Ma petite R5 Five, toujours immatriculée 56, au pied d'un massif d'encrage. Il y en a vingt-six. Sous terre, il y a encore plusieurs mètres d'épaisseur de béton. Au loin, on aperçoit les les Pyrénées enneigées.

Quand je cours je monte souvent sur Saissac et bien sûr quand on va au lac de St Ferréol je passe sur la route reliant Saissac à Revel, donc l'antenne fait partie de ma vision presque quotidienne.
Tout comme quand je courais, j'avais vu un jour de début du millénaire le ballon blanc alors gonflé de loin (ressemblant au ballon jaune de Mururoa), mais je ne l'ai jamais vu en l'air, chose qui a donc du être faite de nuit. Depuis, je ne l'ai plus revu du tout, un commandant de France Sud alors que les anciens matafs de Carcassonne discutions avec lui, nous en avait parlé, mais je ne peux pas évoquer cela sur cette page.

Merci Max pour cette vue de ce lac que j'ai vu construire en 54/55 ( j'étais Q/m) .Je pense que tu sais que c'est une réserve d'eau dont je profite d'ailleurs.
3 eme ligne 2 Nautiques de la Lauzette c'est à coup sûr Alzonne ou j'ai passé mon conseil de révision en 1952 ( Bram et Villepinte plus prés )

Petit aparté sur le "ballon":
Peu avant mon arrivée à Sainte Assise (disons en 1994) , un essai de ballon avait eu lieu sur le site. On peut dire que ça avait causé un certain remue ménage dans l'environnement !

Bien vu : ALZ 11

Z'avez pas vu mon vélo ?

A la station radio de La Régine, le second-maître mécanicien Chaunier était un jeune homme bien sympathique.
Très sympa mais un peu taquin.
Je dirais même un peu beaucoup.
Par moments, il commençait vraiment à nous énerver.
A tel point que mon adjoint, Albéric Mallet, décida de lui jouer un petit tour à sa façon.
Chaunier résidait dans la très jolie commune de Revel et venait tous les jours à La Régine en vélo.
Après Solférino, la toute nouvelle station d'émission LF (en plus de la HF !), d'autres grands travaux étaient en cours dans la zone vie de la base.
Avec mon accord, Mallet demanda au grutier de "s'occuper" du vélo de notre ami Chaunier.
Voyez le résultat :

Photo Max Péron
Au dégagé, le grutier était déjà parti.
Une bonne âme qui résidait également à Revel se dévoua pour ramener le cycliste sans vélo à la maison et Chaunier ne récupéra son engin que le lendemain.
Croyez vous qu'il se calma ?
Au début, oui. Chassez le naturel...

Pas mal, au moins il ne risquait pas d'être volé.

je viens de vérifier, la station radio de La Régine sous google earth est floutée. Site top secret.

En 48 heures

Dans le sujet "Station Radio Super Mahina FUM", avec Alain, nous parlions de Michel Bomont, pacha de cette station en 1983.
Dix ans plus tard, en 1993, si j'ai été désigné pour La Régine, c'est - indirectement - à cause de lui.

En 1993, le CTM France Sud était commandé par le capitaine de corvette Launay.
Launay et moi nous connaissions depuis le Suffren à Lorient dans les années 65-68.
Nous étions dans le même service : j'étais jeune second-maître radio et lui matelot transfiliste.
Juste avant lui, le CTM était commandé par le capitaine de corvette Bomont.
Jusqu'en 1993, le chef de station de La Régine était le major radio Henrotel, "le sanglier des Cammazes".
Madame Henrotel et Madame Bomont étaient amies et sortaient régulièrement ensemble.
Après avoir été jusqu'au terme de son affectation, Henrotel demanda une première prolongation.
Avis favorable du commandant, accordée par la DPMM.
A l'issue de cette prolongation, Henrotel demanda une deuxième prolongation.
Cette fois, Bomont donna un avis défavorable et la DPMM refusa donc cette demande.
Les deux couples se fâchèrent ...

Spoiler:

Max C'est ça quand on est un bon. ils se sont servi de toi pour masquer leur trou de mémoire.

Michel, les "bons", en principe, ne sont jamais punis. La DPMM a commis une boulette ... et c'est moi qui aie été puni ! Comprenne qui pourra.
Suite : en arrivant à France Sud, j'ai demandé à Launay de téléphoner à la DPMM pour savoir quelle était la durée minimum d'affectation que je devais faire à La Régine pour que cette "corvée" dans le Sud soit considérée comme acquise.
Launay a téléphoné devant moi. Réponse de la DPMM : deux ans minimum, avant d'espérer un retour en Bretagne.
Affaire conclue comme dirait une certaine Sophie D.

Pour répondre à Alain
Appréciation d'une affectation par rapport à une autre
De nombreux critères rentrent en jeu : la fonction exercée, l'ambiance générale, la considération de la part du commandement, le lieu proprement dit, l'environnement, etc

Spoiler:

Max, je ne pense pas que pour eux, tu ais été punis. Ils avaient besoin de quelqu'un pour rattraper leur bévue... Ils se sont servi de toi et de tes compétences avec désinvolture et sans état d'âme.